Quand pourrais je aller à la fête? Elle est loin. Il paraît que c'est une mauvaise idée de rester loin de la fête. Même si loin de la fête, il y a une maison dont il ne faut pas payer le loyer.
J'ai besoin de me débrouiller/ déverrouiller . Comment? Je veux me rapprocher.
Trouver le chemin... du loyer. Une maison à moi... avoir des fenêtres qui donnent sur les bois, et le silence du matin qui m'entoure.
Comment on fait? Mon chez moi je te sens, tu es là, nous allons nous trouver, nous allons nous rencontrer, je vais venir en toi me développer, je vais te sentir, te parler, te caresser.
J'entends d'ici ton silence, ton calme, ton atmosphère dans laquelle je suis invitée, dans laquelle tu m'offres de me déposer.
Et nous serons près de la fête. Mon amie je ne sais pas encore comment trouver l'argent pour qu'on me laisse te rencontrer, mais cela ne saurait tarder. Mon amie je vais t'emparadiser, je vais t'aimer. Et en toi, avec toi, en l'honneur de la liberté et du silence je danserai. Seule et puis parfois nous serons accompagnés. Par d'autres âmes éméchées. Alors nous ferons la fête.
Faut il partir pour toujours de chez ses parents? Se promettre de ne jamais revenir? Même si c'est doux la survie assurée, facilitée...
Rester au près de ceux qui nous ont mis au monde. Ceux qui veulent bien de nous, pas pour nous, mais pour qui on est pour eux. Et mourir après être né, que seuls eux nous aient vu exister, partir et saluer le monde qu'on n'a pas connu, qu'on n'a pas su rencontrer.
D'autres personnes m'ont déjà vu, alors ce n'est pas si grave, mais cela reste très grave.
Des autres m'ont vu toute nue, mais ils n'ont rien reçu de moi. Le monde n'a pu se rencontrer lui même quand la vérité se tait.
Mon logement, ma maison, mon toit, je te sens. J'ai envie d'être enveloppée par toi, que tu me nourrisses, que tu accouches de moi et me craches, me jettes dans le monde, dans la fête.
Mon logement, ma maison, mon amie, crois tu que le monde voudra bien me la donner, cet argent pour te trouver? Quand allons nous nous rencontrer? J'ai tant de silence plein à t'offrir, et de joies colorées. Il faut qu'on se rencontre dans pas trop longtemps. Car je suis pressée, et je vieillis plus vite que toi, je n'aurai pas toujours des doigts, pour te toucher. Alors il faut se dépêcher, si tu veux me rencontrer, avant que je ne reparte dans l'au delà, que je n'abandonne mes bras, mes joies, mes cheveux, ma voix... mes yeux.
Mon amie j'ai envie d'écrire, d'aimer la vie en toi. Peut être oserais je chanter? Tu m'aiderais?... A souligner tes silences de ma voix... J'ai peur de chanter, j'ai peur d'oser tant de choses, je tremble d'y penser.
Ma maman-maison je veux rencontrer celui qu'on appelle l'autre. Encore et encore. Tant que j'ai un corps. Je veux le regarder. Je veux habiter mon regard, je veux habiter ce corps et cet esprit, je veux dire qui je suis. Je voudrais que se succèdent les nouvelles situations, pour rencontrer l'autre, et alors me rencontrer, me dépouiller, m'alléger, pour quitter la terre fière et colorée. Ma maison je veux ton toit pour me rassurer, tes murs frais pour les enlacer, pour y rafraichir mes joues, mon front, mon nez.
Maman-maison je me suis beaucoup cachée, et je n'ai pas dit qui j'étais. Je croyais que les autres savaient mieux vivre que moi, alors j'étais gênée. Puis j'ai appris qu'eux aussi ils sont nés, il y a quelques années. Qu'il y a plusieurs années, ils étaient tous des bébés, ils ne savaient ni parler, ni marcher. Et qu'avant ça, ils n'existaient pas... Comme moi. Et pourtant ils créent le monde.
Les routes ont été tracées, (co)créées par des gens qui sont nés et morts, des humains. Les institutions, les vêtements, l'argent, la police, le permis de conduire, les glaces, les cerfs volants, internet. Il n'y a pas de dieu qui leur ai plus soufflé à l'oreille la vérité qu'à moi.
Alors je dois prendre ma part dans cette création commune à laquelle on n'échappe de toute façon pas. Je veux conscientiser ma part, je veux dire qui je suis.
Ma maison je ne sais pas encore exactement où tu es, et j'ai hâte de poser ma paume contre ton mur, d'habiter mes poumons du même air que toi. Vivre un bout de ce processus constant que l'espace temps, que le changement, la disparition, avec toi . J'ai hâte de sentir la solitude de mon corps contre la fraîche dureté de tes portes, de ton sol. Te toucher, je veux te toucher et t'embrasser partout. Toi qui va me protéger, m'entourer. Toi et ton corps si fort qu'il peut protéger le mien, si fragile.