Chapitre 3

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Marine se retrouvait à nouveau entre les deux hommes aux yeux bleus dans les couloirs d'un hôpital transformé en prison. Elle fixait le sol, perdue dans ses pensées. Tout ce qu'elle venait d'apprendre, en un laps de temps aussi court, se mélangeait dans sa tête. Et si elle était l'Avarielle ? Marine se dit qu'être cette créature ne devait pas, en soi, être si désagréable que ça. Cependant la perspective d'être « neutralisée » ne donnait pas vraiment envie.

La peur était en train de la gagner. Elle quitta le sol des yeux, tombant nez à nez avec le dos d'un des deux hommes qui la conduisait à sa cellule. Marine s'arrêta provoquant l'agacement du second homme, il lui dit quelque chose. Mais Marine n'entendit pas. Elle réfléchissait. Elle réfléchissait tellement que parler, entendre ou encore respirer devint secondaire. Le premier homme, celui aux yeux gris n'avait pas encore remarqué que la jeune fille s'était arrêtée. Les yeux de Marine se baladèrent dans l'espoir de trouver quelque chose pouvant stimuler ses pensées. Soudain son regard arrêta sa course sur l'homme qui était devant elle. Il boitait.

Il y eut comme un déclic dans la tête de la jeune fille. Elle se mit à courir. Elle rentra dans l'homme aux yeux gris. Comme elle l'avait pressenti, ce dernier s'écroula par terre. Le second homme n'avait rien vu venir non plus. Il eut un court instant d'incompréhension avant de s'élancer à la poursuite de la fillette.

Marine courut dans le couloir. Sur son passage la lumière s'allumait et son poursuivant la suivait en hurlant des phrases incomplètes et des ordres. Les cellules étaient nombreuses et nombre d'occupants se redressaient afin de voir d'où venaient les abominables hurlements qui résonnaient dans tout le bâtiment. Derrière les vitres, elle reconnut plusieurs amis et quelques-uns de ses camarades de classe. Mais la plupart de ces visages lui étaient totalement inconnus.

Une nouvelle idée traversa alors l'esprit de Marine, il devait y avoir, quelque part dans cet hôpital délabré une salle permettant les ouvertures et fermetures des cellules. Elle accéléra sa course en faisant attention à ne pas glisser sur le plastique du sol, autrefois prévu pour permettre les passages de brancards et de fauteuils roulant.

La fillette s'enfuyait, un objectif en tête : libérer tous les autres. L'homme aux yeux gris avait dû se relever, à présent deux cris résonnaient dans son dos. Elle tournait quand elle le pouvait dans l'espoir de distancer ces deux poursuivants. Soudain, au milieu du couloir qu'elle venait d'emprunter, Marine aperçut une silhouette. Floue, noire, éloignée et pourtant si proche. Cependant elle ne pouvait plus modifier son cap, elle accéléra un bon coup et lui rentra dedans. C'était un autre homme. Il ne l'avait pas vue et se trouva pris au dépourvu lorsqu'il fut sur le sol.

Marine continua ainsi sa course dans ce labyrinthe chaotique. Combien de temps ? Elle ne le savait pas. Elle rentrait dans tout ce qui lui faisait obstacle, augmentant le nombre de ses poursuivants.

Elle commençait à faiblir. L'espoir de libérer ses amis était en train de disparaître. Elle changea à nouveau de couloir en bifurquant sur sa droite. Marine sentit son cœur se serrer en reconnaissant la porte de la salle d'interrogation. Elle était bel et bien perdue. Ses poursuivants se rapprochaient dangereusement.

En un ultime effort, Marine donna une impulsion, elle dépassa à toute vitesse la porte. La jeune fille faillit laisser s'échapper un cri lorsqu'elle aperçut, au bout du couloir, une masse sombre. Ses agresseurs faisaient maintenant barrage entre elle et la liberté de ses proches.

Elle sentit le désespoir l'envahir. Elle s'arrêta au milieu du couloir, à bout de force. Une larme s'échappa de son œil droit et glissa sur sa joue. Marine regarda autour d'elle. Elle était en colère et impuissante face à autant d'hommes.

La porte de la salle d'interrogation s'était ouverte, Ryan la regardait, à ses côtés se tenait... le colonel Jillias.

La haine envahit la jeune fille. Une puissante rage qui donne de la folie et de la force monta en elle. Elle rassembla toutes ses forces et courut comme une possédée vers ses assaillants. L'impact était inévitable à présent. Marine sentit le sol glissant sous ses pieds. Une ultime idée lui vint.

Elle arrêta sa course, se laissa retomber sur son dos, elle glissa ainsi, entraînée par son propre élan. Elle parvint à passer entre ses assaillants. Certains tombèrent. Cependant d'autres plus malin, se placèrent sur le côté lui laissant le passage, prêt à agir.

Marine tenta de se relever pour reprendre sa course mais elle fut plaquée sur le sol. Elle sentit les yeux froids du colonel se poser sur elle et lui provoquer un terrible frisson. Elle se débattit mais une forte pression sur sa tête l'obligea à rester en place.

Le colonel Jillias s'était approché de la fillette et la considérait de haut. Ryan l'avait suivi mais il restait en retrait, il regardait le sol, la mine grave. Marine lança un regard plein de défi au colonel sans qu'il soit dans son champ de vision.

– Qu'est ce que je vous disais Ryan ?! dit la voix froide de Jillias au-dessus de la fillette. Les puissants sont appelés à gouverner sous le soleil et les faibles à périr dans le sang.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant