Chapitre 6

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 Le soleil se levait sur l'hôpital. C'était une belle journée. Pas un nuage à l'horizon et le ciel était déjà bleu lumineux.

Mais personne d'autre que Jillias ne pouvait en profiter à cette heure. Il était sorti prendre l'air, sur le balcon surplombant l'ancienne aire de jeux. Il sirotait un peu de café dans une tasse blanche immaculée en pensant à la journée qui s'annonçait. Une journée difficile à vrai dire...

Marine ouvrait les yeux à cet instant. Elle avait fini par s'habituer à l'obscurité. À présent, elle parvenait à voir chaque obstacle qui se présentait dans sa chambre. Elle parvenait à discerner avec précision les emplacements des murs, de son lit, du lavabo et du seau. Bref de tout le mobilier présent dans la pièce.

Suite à son châtiment corporel Marine avait reçu de nouveaux vêtements, les anciens étaient dans un sale état... Mais il semblait apparemment que tout le monde y avait eu droit car son voisin d'en face en avait également acquis.

Ses nouveaux habits étaient quelque peu étranges. Toute sa tenue était faite de cuir, de couleur brune aux reflets dorés plutôt agréable à regarder. Elle portait à présent un corset court qui laissait largement voir les marques qu'elle gardait dans le dos, un short muni de lacets qui imitaient le laçage du corset, une paire de bottes simples et hautes qui lui arrivaient jusque sous les genoux, et, le plus étrange un gant pour sa main gauche qui couvrait la majeure partie de son avant bars et une sorte de ceinture très longue. Marine se confectionna un second gant à l'aide de la ceinture en se l'enroulant autour du bras.

Le résultat de cet ensemble n'était finalement pas si désagréable à regarder. Heureusement, elle avait eu l'autorisation de garder l'unique bijou qu'elle possédait, une chaîne fine en argent et un pendentif. Le pendentif représentait un parchemin sur lequel il était gravé son signe astrologique, une flèche pour le signe du sagittaire. C'était un présent de son père.

Marine se redressa sur son lit et s'assit sur le côté. Elle réfléchit un instant et passa sa main fraîche sur son visage. Combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait été enfermée ? L'obscurité lui avait fait perdre la notion du temps.

À en juger par ses blessures qui avaient presque totalement cicatrisées, elle devait être là depuis deux bons mois. Aucune autre indication ne lui était fournie, ses repas lui étaient apportés à des heures toujours différentes et personne ne daignait répondre à ses questions.

Que pouvait-il bien se passer dehors ? Comment allait sa mère ? Était-elle seulement en vie ? Et son beau-père ? Ses deux frères ? Ses deux sœurs ? Toutes ces questions ne cessaient de tourmenter la jeune fille.

Elle resserra les lacets de son corset en un geste méthodique, presque habituel. Elle se leva et alla droit vers la porte de verre. Elle regarda dans le couloir. C'était son rituel. Sans jamais rien apercevoir d'autre que les rares lumières qui peuplaient le couloir.

L'isolement était bien l'une des pires choses que l'on pouvait lui faire. L'enfermement et l'ignorance pesaient sur elle. Laissant place à l'agacement et enfin à la colère.

Marine serra les poings et donna un bon coup dans la vitre. Le verre était froid comme d'habitude. La jeune fille sentit à peine la douleur qui traversa ses phalanges. Son bras se raidit.

Chaque fois qu'elle se levait, elle faisait un peu d'exercice dans sa cellule, elle agissait de cette façon. À entretenir son esprit en questions sans réponses, elle entretenait également sa condition physique pour ne pas en souffrir si elle sortait un jour de la prison et surtout pour pouvoir espérer s'en échapper.

Elle se retourna et se plaça au centre de sa prison. Elle ferma les yeux afin de mieux profiter du silence avant de commencer son entraînement, comme elle aimait bien l'appeler.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant