CHAPITRE 2 ~ Revendiquer sa place

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PLAYLIST :
Bobby Womack - If You Think You're Lonely Now
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Cela fait quelques heures seulement que je me trouve sur les lieux, en France. Je me suis directement rendue chez le notaire afin d'acter le dossier concernant le patrimoine personnel et l'entreprise familiale.

A mon bras se trouve l'ensemble des documents relatifs aux comptes conjoints, propres à chacun ainsi que celui de l'entreprise. Cela a été transmis par le comptable et visiblement, certains points manque de clarté.

Fixant les lignes de comptes, assise à une table dans le petit restaurant du coin, j'en profite pour déguster le vignoble de ma famille. Il n'a pas perdu de sa teneur, papa a toujours su équilibrer la finesse et l'intensité de son vin.

Heureusement qu'il m'a appris les ficelles du métier, avant que je ne fuis à New-York, je n'ose pas imaginer le carnage que j'aurai fait dans le cas contraire. Mes goûts sont plus surprenants, j'aime le Bordeaux qui est riche en tanin. Si j'avais tenté de m'en rapprocher en utilisant les vignes de Provence cela m'aurait valu de mettre la clef sous la porte.

Je redresse la tête agacée par le bruit d'un vrombrissement. Visualisant de loin une voiture de sport grise sans artifice, je me dis que cela contraste avec le bordel qu'elle me cause dans les tympans. La personne est garée mais laisse tourner son moteur. Je tente de me concentrer à nouveau dans les comptes mais rien y fait. Grinçant des dents lorsque j'entends que la voiture devient le sujet d'intérêt et que le conducteur a l'air d'apprécier puisqu'il l'a fait monté dans les tours, je bazarde mes classeurs et m'avance déterminée vers la cause de ce raffut.

Toquant fermement à la fenêtre du conducteur, cette dernière s'abaisse très légèrement. Je ne parviens pas à voir le visage de celui dont je vais perforer les deux yeux si il ne s'arrête pas. Cheveux noir, peau claire, rien y fait il ne descendra pas la vitre plus bas. Je m'en contente.

- Bonjour, pourriez-vous arrêter de foutre le bordel ?

Je sais que j'ai une voix douce et, j'ai tendance à en jouer lorsque je suis contrariée. Je pourrais insulter n'importe qui, que cela passerait. Le principale, c'est que le message soit passé.

Pas un son. Pas de réponse.

Je me retourne satisfaite et m'avance à nouveau vers le restaurant. Le soleil réchauffe ma peau, l'air est agréable et les grillons me changent du chaos des klaxons de New-York.

Pour conclure, lorsque je dois faire passer un message, le plus important est le fond plus que la forme.

Un bruit de portière s'abat avec rudesse dans mon dos. La personne a l'air mécontente mais je n'en prends pas grand intérêt puisque j'ai besoin d'un minimum d'ondes positives pour me noyer dans ce fichu dossier de comptabilité.

Mon bras se trouve alors saisit et une intense pression se fait sentir.

- Trois choses.

Timbre de voix grave. Profonde.Suave.

Je me retourne interloquée. Monsieur aux cheveux noir est sorti de son carrosse.

- Tient ! Vous avez un visage. Dis-je en retirant mon bras de se poigne.

Olga reste dans des ondes positives. Béatitude. Béatitude. Rien ne peut t'énerver.

- Tout d'abord, on se présente lorsqu'on parle à un inconnu.

Le sourcil levé, je le défie du regard. Il n'est pas encore né celui qui me fera une remontrance.

- Ensuite, les bonnes manières vous connaissez ? Son regard se veut pressant.

Ses yeux sont d'un marron noisette presque verts il contraste avec sa satané bouche qui ne fait que mordre l'air et dire des conneries.

- Je vous demande pardon ?

Il sourit fièrement.

- C'est pardonné.

Non mais je rêve ?

Il s'avance près de moi, réduisant la distance en me signifiant que même avec mes escarpins de 12 cm je ne ferai pas le poids face à lui. Symbolisant son ascendant sur moi, je songe presque à lever le genoux pour lui planter l'aiguille en plein dans son entre jambe. On verra qui de nous deux regarde par dessus lorsqu'il aura les genoux pliés en souffrant le martyr.

- C'est une plaisanterie? Vous me parlez de respect alors que vous mettez un bordel pas possible dans le village avec votre engin. La moindre des choses ce serait d'arrêter de jouer à la voiture et de grandir un peu. Vous n'avez pas 5 ans à ce que je sache. Dis-je en m'approchant également. Hors de question de me rabaisser.

Je pense l'avoir piqué dans son ego. Il ne dit rien, réfléchissant à une remarque qui pourrait moi-même me blesser. Dent pour dent. La loi du talion. Si j'étais un mec, je bomberais le torse prête à recevoir une réplique aussi incisive que son regard sur moi. Mais cela a pour effet qu'il oriente ses yeux sur le liseret de mon décolleté de ma robe pourpre.

- Troisième chose, si vous êtes frustrée parce que vous avez une vie déprimante ou que vous êtes simplement mal baisée sachez que le minimum c'est de ne pas le faire subir aux autres.

J'attrape mon verre à pied et lui jette en plein visage. Le liquide rouge s'écoule sur sa chemise claire. Tient elle est en lin. Il a au moins bon goût. Le vin l'imprègne et commence à la rendre dans les mêmes tons que ma tenue.

- Ne vous avisez plus jamais de me manquer de respect. Je ne suis pas le genre de femme qui tremble. Il m'en faut plus.

J'attrape mes documents, remontée comme une pendule et finis ma tirade:

- Quant à ma vie sexuelle, il est inutile de vous inquiéter. Ce qui se trouve entre mes dents et entre mes cuisses me stimulent au plus haut point ! Maintenant ôtez vous de mon passage sinon ce sont mes escarpins que vous sentirez entre les vôtres!

Sidéré par mon franc parlé je vois que son regarde change. Il est perçant.

Je sais déjà que c'est le genre d'homme à qui il vaudrait mieux éviter d'avoir ce genre d'échange. Mais je m'en tape ! Il a ruiné mes bonnes résolution. Ces prochaines heures, je sais déjà que je vais vouloir cramer les documents comptable tout en m'arrachant les cheveux.

Je file à l'anglaise, espérant qu'il mette suffisamment de temps pour réaliser la menace que je viens de lui proférer. J'avance d'un pas rapide dans une ruelle adjacente, tentant un regard en arrière. Je le surprends le regard fixé sur moi. Oh oui son regard n'est plus le même, ses yeux sont plus sombres. Le restaurateur lui a donné des mouchoirs pour qu'il essuie les taches rougeâtres qui continuent de s'étendre à cause des gouttes qui s'écoulent depuis sa barbe de trois jours.

- Vous allez pas en plus me matter le cul ?
Dis-je en hurlant presque dans le centre du village.

Ce dernier s'esclaffe de rire.

- Si ce n'est que ça...Dit il tout en en remerciant d'un signe de tête le propriétaire du restaurant.

Ça y est, j'ai envie de lui verser une bouteille de vin entière pour lui faire ravaler son sourire et regretter sa réponse.

Il entre dans sa Porsche et ferme la portière d'un coup. Je réalise que je suis toujours clouer sur place. Le bruit est cinglant. Il veut montrer qu'il garde le contrôle mais je sais que je l'ai énervé en réalité. Vraiment énervé.

Il accélère juste à mes côtés fenêtre ouverte, entièrement cette fois-ci, un air de triomphe sur le visage.

- Si vous me manquez à nouveau de respect, je vous crève les pneus. Dis-je mordante.

A défaut des yeux ...

- À très bientôt Madame Derwin, fût sa seule réplique.

Toute mon assurance s'étiole lorsque j'entends mon nom. C'est ce qui arrive quand on est trop sûr de soi Olga....

ABDIQUEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant