chapitre III: desire

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R.R

Rose mordit sa lèvre inférieure par reflex. Jamais elle ne l'aurait avoué, mais elle paniquait.

- votre curriculum vite est très impressionnant.

- je vous remercie. Répondit Rose en levant les yeux.

- Rose, c'est bien ça ? Demanda Thomas qui ne se souvenait non pas de Rose Richmond, mais bien d'Emma Thomson.

- en effet.

Plus le temps passait, plus la tension montait. Rose sentait sa poitrine gonfler de plus en plus à chaque seconde. Elle se sentait presque étouffer.

Inopinément, Thomas posa le dossier qu'il tenait sur le bureau et se mit à observer Rose impassiblement.

Mais le jeune femme ne se laissa pas déstabiliser et maintenu le contact visuel.

Et ils restèrent là, assis pendant quelques minutes, à se regarder sans dire un mot.

- à demain matin. Conclu Thomas en se levant.

Rose dégluti difficilement et se leva à son tour avant de quitter le bâtiment sans dire un mot. Mais qu'est-ce qu'il venait de se passer ?

Rose prit une profonde inspiration et commença à marcher vers un pub dont son patron lui avait donné l'adresse, censé la rapprocher des Shelby.

*

Elle pénétra l'enseigne, sentant ses joues brûler à cause de la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur. Elle salua le barman et commanda un simple verre d'eau.
L'endroit était imprégné d'une effluve de whisky et de tabac. Elle respira cet air qui lui brûlait presque les poumons tant il était embaumé de cette odeur nauséabonde, mais fini par s'y habituer au bout de quelques minutes.

Au bar, elle avait immédiatement reconnu les deux hommes qui étaient avec Thomas ce soir-là , au cabaret. Elle pria pour qu'ils ne la reconnaissent pas, malheureusement pour Rose, elle n'est pas le genre de femme que l'on oublie. Elle s'en rendit bien compte quand elle vit les deux paires d'yeux braqués sur elle.

- Emma, c'est ça ? L'interrogea le plus vieux des deux hommes.

- Rose à vrai dire. Le corrigea la jeune femme en souriant.

Il n'avait même pas l'air désolé ou même étonné de s'être trompé, certainement par ce que tommy oubliait souvent le prénom de ses conquêtes.

- Que faites-vous là ? Demanda le plus jeune sans faire preuve de quelque animosité que ce soit.

Rose avait l'habitude de cette question et avait une combine toute trouvée pour y répondre.

- Mon père est décédé la semaine dernière, j'avais besoin de changer d'air. Répondit Rose en sirotant tranquillement son verre d'eau.

Elle avait inventé cette histoire il y a des années. Elle était parfaite, personne n'oserait insister au près d'une jeune fille endeuillé. Également, la perspective qu'elle ait pu récemment être bénéficiaire d'un quelconque héritage lui permettait de ne pas avoir à justifier tant que ça ses conditions de vie avantageuses.

Rose regarda la fumée de la cigarette de l'homme tournoyer jusqu'au plafond, se demandant ce que ça devait faire d'aspirer cette fumée brûlante, de la sentir embaumé ses poumons, pour finir par la recracher et la laisser se perdre dans l'air. Elle n'y voyait fondamentalement aucun intérêt.

- Je m'appelle John et lui, c'est Arthur, bienvenu à Birmingham, Rose. Dit John d'un air si sincère que Rose s'en trouva presque étonnée.

- Merci, John. Répondit Rose.

Elle ne relança pas la discussion, comprenant rapidement que se rapprocher d'eux ne l'avancerait pas plus que ça. Elle se contenta de finir son verre et de saluer les deux hommes d'un signe de tête avant de quitter l'enseigne.

*

La sonnerie stridente du réveil-matin de rose raisonna bruyamment dans tout l'hôtel particulier. Celle-ci éteignit l'engin qui produisait un vacarme sans nom sans attendre. Le cœur battant la chamade après avoir été réveillé si brusquement.

Elle contempla le plafond une seconde. Se demandant que diable faisait-elle là ? Elle œuvrait pour son pays, sans doute. Du moins c'est ce qu'aurait dit James avec son air moralisateur qu'il avait cœur à arborer dès que Rose doutait de son emploi.

Elle finit par se lever et commença à se préparer.

*

Rose marqua un temps d'arrêt quand elle arriva devant la porte du grand bâtiment. Était-elle intimidée par ce grand tas de briques ? Non sûrement pas.
Elle prit une grande inspiration et finit par se résoudre à entrer.

- Bonjours Rose. Dit John qui attendait au même endroit où elle l'avait fait la veille.

- Bonjours John. Répondit Rose en s'asseyant à son bureau.

Rose n'avait jamais été autre chose qu'une espionne, mais être une secrétaire ne devait pas être bien compliqué, n'est-ce pas ? du moins c'est ce qu'elle pensait. Et elle y réfléchi à deux fois en voyant la montagne de papier entassée sur le bureau dont elle ne savait que faire.

Cela faisait une dizaine de minutes qu'elle discutait avec John et Rose avait retrouvé sa confiance en elle habituelle.

Mais quand Tommy arriva dans la pièce, cette jolie confiance ne tarda à flancher.
Est-ce qu'il la rendait nerveuse ? Non, pas du tout. Enfin peut-être un peu.

John, lui, avait l'air plutôt amusé de la situation.

Thomas quant à lui semblait tout faire pour éviter de croiser les prunelles émeraude de la jeune Américaine. Se contentant de la saluer et d'ordonner à son frère d'entrer d'un simple signe de tête.

Rose ne tarda pas à recommencer à respirer normalement et s'attaqua à la paperasse tant bien que mal.

*

T.S

Quelques heures avaient passé durant lesquels Rose n'avait pas vu Thomas, celui-ci se suffit de faire sortir et entrer des rendez-vous à la hâte, regrettant presque d'avoir embauché la jeune femme.

Elle le déstabilisait bien plus qu'il ne l'aurait souhaité. En vérité, et bien qu'elle ne l'eut vu depuis le début de la matinée, il ne l'avait pas lâché du regard un instant, contemplant le reflet de la jeune femme dans ce miroir qui lui permettait de voir sans être vu. comme un faucon guettant sa proie. Il l'avait observé, détaillé, quasiment admiré, espérant se lasser à un moment ou un autre de cette figure qui lui était si charnelle. Mais c'était irréalisable, plus il la reluquait, plus il s'ébaubissait de sa beauté, plus il encrait ses traits d'une perfection idyllique dans sa mémoire. Comment diable allait-il travailler dans de telles conditions ?


à suivre...


S.P.Y : one shotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant