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Tandis que je remonte lentement la fermeture éclair de mon blouson, perdu dans mes pensées, mes yeux fixent pour la dernière fois ce paysage qui a été mon quotidien durant deux semaines.Des arbres à perte de vue. Et une route où des milliers de voitures, camions, motos passent à longueurs de journée.
Le tout s'effaçant au loin, derrière un immense parking où d'autres voitures stationnent pendant quelques minutes ou quelques heures, avant de laisser place à leurs semblables.
Puis je regarde les autres fenêtres faisant face à celle qui a été la mienne pendant mon séjour ici. Me demandant quelle peu bien être l'histoire de la personne se trouvant derrière.
A-t-elle eu plus de chance que moi dans son malheur l'ayant amenée ici ? Ou au contraire dois-je m'estimer heureux d'être à ma place et non à la sienne ?
Heureux ? Sais-je au moins vraiment ce que ce mot veut dire ? L'ai-je au moins été ne serait-ce qu'un jour dans ma vie ? Ai-je déjà utilisé cet adjectif pour décrire mon existence sur terre ?
Je ne saurais le dire. Tout comme je ne saurais comprendre ce qui peut pousser ces gens présents à quelques mètres derrière moi dans le couloir, à me porter autant d'attention alors que je suis incapable de leur rendre la politesse.
Comment peuvent-ils sembler si soucieux de ma personne alors que depuis deux semaines, je ne cesse de voir leurs regards attristés prendre le pas sur la douceur, la prévenance avec laquelle il me regarde, simplement en prononçant quelques mots ?
- Je comprends parfaitement que cela ne soit pas évident pour vous... Mais dites-vous que cela ne peut qu'aller en s'arrangeant. Il faut juste lui laisser du temps.
Ces mots prononcés par l'homme en blouse blanche à l'attention des trois personnes lui faisant face, me percute en pleine cœur.
Pas évident pour eux ?
Je sais quelque part, enfoui au plus profond de moi, que ce n'est pas totalement faux.
Mais que devrais-je dire moi ? Il pense que cela est évident pour moi ?
Comment cela pourrait-il l'être alors que je ne suis plus maître de ma propre vie ?
Comment cela pourrait-il être évident alors que depuis deux semaines, je ne suis que l'ombre de moi-même et ne vis entouré que d'inconnus ?
Enfin « inconnus » dans ma tête. Parce qu'il semblerait que pour eux, je ne sois pas du tout un être mystérieux sorti de nulle part.
Aux sourires qu'ils m'adressent. À leur comportement adorable envers moi. Aux visites quotidiennes qu'ils me rendent depuis que je suis ici.
Je sais bien que je représente quelque chose à leurs yeux. Mais quoi ?
« Leur ami », m'a répondu l'un des médecins s'étant succédé sur mon état de santé.
« Ami ». Un mot que je connais certes mais qui ne me parle plus depuis que je me suis retrouvé cloué sur ce lit d'hôpital.
Un mot qui fait étrangement parti de mon vocabulaire, même si je ne me souviens plus de rien.
Une journée. Un événement. Et me voilà dans un monde qui m'ait totalement étranger, où mes « amis » sont devenus des personnes attendant gentiment que la passoire qui me sert de cerveau, veuille bien se remplir à nouveau de tout ses souvenirs.
- Vous pensez que ce sera encore long docteur ?
- Il est impossible de vous dire si cela arrivera dans une semaine, un mois ou un an... C'est justement pour ça qu'il doit être le plus possible entouré de sa famille, ses amis... Tout en continuant à ne pas le brusquer, voir les gens qui font parti de sa vie ne pourra que l'aider davantage à stimuler sa mémoire.
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Retrouver ma vie - OS Yoonmin
FanfictionMin Yoongi, 29 ans, a été victime d'un accident de la route. Bien qu'il s'en soit sorti indemne physiquement, juste quelques égratignures sans gravité, il a passé trois jours dans le coma. À son réveil tout allait très bien pour lui. À un détail pr...