Défi : Réécriture de la fin d'un conte de Grimm

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J'ai choisi "La lumière bleue", un conte que je ne connaissais pas.
Avant de découvrir la nouvelle fin que j'ai écrite, pour ceux qui le découvre également, voici un résumé des épisodes précédents...

François, un fidèle et vaillant soldat se retrouve sans le sou après que le roi lui ait refusé la moindre pension. Alors que la faim le tenaille, il arrive à une chaumière perdue dans la forêt où une vieille femme lui offre le gîte et le couvert contre quelques travaux. Alors qu’elle lui demande de se rendre au fond de son puits pour récupérer une bougie au bout de laquelle brûle une flamme bleue éternelle, François, méfiant, comprend qu’il a affaire à une sorcière et croit sa vie terminée. Il refuse alors de lui donner l’objet et la vieille le laisse retomber au fond de ce trou.

S’allumant une dernière pipe à l’aide de la flamme, un petit homme apparaît soudain, lui offrant d’obéir à tous ses ordres. Il lui demande alors de se débarrasser de la sorcière, qui est envoyée au cachot et de l'aider à sortir de là. Et au passage, il récupère le trésor de l’ensorceleuse.

Il s’installe dans un luxueux hôtel en ville et décide de se venger aussi du roi. Ainsi, chaque nuit, il fait venir sa fille à l’insu de tous pour lui donner quelques besognes à son service. Mais le roi, se doutant de quelque chose, réussit à découvrir la vérité et fait enfermer François. 

Ce dernier voit en l’un des gardes de la prison, un ancien compagnon des champs de bataille, l’occasion de se tirer de ce mauvais pas en lui demandant de lui ramener la flamme bleue dans son étui qui est demeurée dans sa chambre. Le garde accepte contre un beau sac d’or...

Mais ce que François ignorait, c'était que la vieille sorcière, bien que jugée et condamnée, croupissait en attendant sa sentence dans le cachot juste à côté du sien. Et elle n’avait pas perdu un mot de la conversation qui venait d’avoir lieu, ce qui lui donna une idée pour se venger de celui qui était responsable de son triste sort.

Ainsi, quand au lendemain, le soldat ayant habilement réussi à récupérer le sac d’or et l’étui, passa devant la cellule de la sorcière, celle-ci lui quémanda un peu d’eau, prétextant un malaise. Le soldat prit pitié et s’approcha plus que de raison de la vieille rusée qui en profita pour s’emparer de l’étui qui dépassait de sa poche. Le temps qu’il ne revienne avec les clés, pour ouvrir le cachot et la forcer à lui rendre, la sorcière avait déjà usé du pouvoir de la lumière bleue, se servant de son lit de paille, et avait disparu très, très loin du château.

Cette malheureuse histoire fut rapportée à François un peu plus tard. Il comprit, contrairement au soldat, quelle magie avait permis à la prisonnière de disparaître de la sorte. Se sentant dès lors sans avenir, il autorisa tout de même son infortuné complice à garder le sac d’or. Il ne lui restait plus maintenant qu’à défendre chèrement sa peau, lors de son procès qui devait se tenir le lendemain.

Malheureusement pour lui, il fut l’acteur d’un simulacre de jugement. Comme on pouvait s’y attendre, le roi avait encore beaucoup de rancœur et son sort avait déjà été scellé, le jour de son arrestation. C’est ainsi qu’il lui fut annoncé que l’échafaud l’attendrait au petit matin suivant sur la plus grande place de la ville. 

Alors que le crépuscule pointait à l’horizon, dans le royaume encore endormi, on vint chercher François. Les mains solidement attachées, il fut escorté sous bonne garde en dehors du château pour être transporté dans une roulotte à la potence où une foule immense était rassemblée pour l’évènement criant et applaudissant.

Sur une estrade, on ne peut mieux placée, le roi et toute sa cour étaient présents. 

François fut débarqué et mené face à l’assemblage de bois qui le conduirait dans quelques instants à son destin funeste. La foule s’était tue, attendant maintenant le signal de leur souverain.

Le condamné observait tous ces yeux qui le dévisageaient, quand soudain, il vit quelque chose qui lui était familier. Il n’y avait pas de doute, cette bougie et cette flamme bleue que tenait cette jeune femme étaient bien celles qui l’avait amené à ce jour fatidique.

Sans nul doute, la sorcière avait pris cette apparence et était venue assister, pour le narguer une dernière fois, à sa fin tragique.

Comme il est de coutume, le bourreau lui demanda s’il avait une dernière volonté. C’est à ce moment que François eut une idée. Il exprima le désir de pouvoir fumer une pipe de tabac allumée par cette magnifique lumière bleue qu’il voyait danser sur cette bougie au premier rang. 

Cette requête lui fut accordée, et même si la jeune femme tenant la précieuse flamme tentât de fuir, il lui fut signifié que celle-ci lui serait rendue juste après et qu’il ne lui était pas demandé là un immense sacrifice.

Sitôt qu’il eut tiré quelques bouffées de sa pipe, alimentée par la lumière bleutée, le petit homme apparu à côté de François.

- Démasque cette vieille sorcière, je t’en prie, lui dit-il aussitôt, et en guise de repentance pour mes actes envers la princesse, couvre l’estrade des officiels de tout son trésor.

Le petit homme s’élança alors vers la jeune femme qui n’eut pas le temps de prendre ses jambes à son coup avant que son vrai visage soit dévoilé aux yeux de tous. 

- C’est la sorcière qui s’est évadée ! Arrêtez-là ! cria la garde.

Et alors qu’un monceau d’or et de diamants s’était amassé devant la cour, François s’adressa au roi haut et fort.

- Monseigneur, vous qui rêvez de faire bâtir le plus somptueux des palais, voici de quoi réaliser votre souhait le plus cher. En échange, je ne vous demanderai qu’une seule chose : ma liberté. Ne vous ai-je point débarrassé, en plus, de la sorcière qui hantait notre forêt ?

Le roi trouva ce compromis fort appréciable et décida même, de surcroît, d’accorder la main de sa fille à François qui accepta sans hésiter. Car bien que l’ayant un peu tourmentée, il était nuit après nuit, tombé sous le charme de la princesse.

Le roi fit construire son nouveau palais et offrit l’ancien à sa fille et à son beau-fils. François donna sa liberté au petit homme. La flamme bleue, désormais sans pouvoir, mais toujours éternelle, alla trôner en haut de la plus haute tour, donnant à partir de ce jour, joie et inspiration à tout le royaume.

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