CHAPITRE 76 - DELKO

22K 759 301
                                    

Alors que je m'attends à recevoir une nouvelle fois sa bouche sur la mienne, elle se fige. Ses lèvres me frôlent à peine. Elle se laisse tomber contre le mur, stupéfaite, les yeux écarquillés, mais ne m'abandonne pas tout à fait ; ses bras restent accrochés à mon cou.

Peut-être l'aident-ils à la maintenir debout.

Sa bouche s'ouvre et se ferme, comme un poisson hors de l'eau.

Interdite, elle ne sait pas quoi répondre. Son regard est figé dans le mien et jongle d'un œil à l'autre, comme pour chercher l'indice d'une mauvaise blague.

Mais il n'y en a aucune.

Elle a parfaitement compris que je parlais de son connard de père.

Je m'attends à ce qu'elle refuse. Me traite de fou ou se mette en colère. Me rejette même. Je me prépare à la supplier de revenir et d'oublier cette idée débile. Mais pas à ce qu'elle éclate soudainement d'un rire nerveux, presque hystérique.

Elle trouve ça dingue. Elle n'en croit pas ses oreilles.

Je suis incapable de dire si ça la branche, ou si elle se fout ouvertement de ma gueule.

Mais son rire me soulage, d'une certaine manière. Je m'autorise un sourire hésitant du coin des lèvres, encore incertain, en la dévisageant comme un imbécile.

Sa réaction me prend au dépourvu et c'est la première fois qu'elle me fait perdre tous mes moyens sans user de caresses.

— Tu veux me prendre devant mon père ?! Elle répète pour être certaine d'avoir bien entendu.

Je déglutis et ma mâchoire se contracte en l'entendant formuler à voix haute le fantasme qui me hante depuis des mois, maintenant.

Je hoche la tête, incapable de parler à nouveau tant je crains de la faire fuir pour de bon. Mais elle se mord la lèvre pour s'empêcher d'éclater de rire, à nouveau. Loin de prendre ses jambes à son cou, ses yeux brillants m'étudient.

— Mais... Comment ? Elle murmure.

Elle affiche un air interrogateur et n'a rien perdu de son sourire ravageur.

Elle me tend une perche, me donne un moyen de la convaincre. Elle est légèrement réticente à cette idée folle mais ne l'exclut pas tout à fait. Elle est curieuse, ouverte à toutes nouvelles expériences et en redemande.

C'est tout ce que je veux et j'aurais dû me sentir comblé, en cet instant. Mais ça me fait flipper, putain. Elle fait monter l'adrénaline d'une bonne façon ; elle me surprend autant que je la surprends.

Je décide de ne rien lui dire et de jouer sur sa curiosité. Lui donner envie de voir par elle-même. Expérimenter sur le tas.

— Accepte, et tu verras.

Je n'ai jamais baisé une femme devant son père. Je n'ai jamais baisé qui que ce soit devant qui que ce soit. Mais c'est bien parce que c'est lui que j'ai envie de le faire. Lui montrer qu'il n'a désormais plus rien ni personne. Que je lui ai tout pris – comme il m'a tout pris – jusqu'aux entrailles de sa fille. Je la couvrirai et la remplirai de moi. Et c'est bien parce que je le tuerai ensuite qu'il pourra regarder.

Mais je ne lui dis rien de tout ça. Elle le comprendra bien assez tôt. Elle est intelligente et connaît mes motivations à le voir plus bas que terre, rampant à mes pieds comme un vulgaire asticot.

Je l'observe réfléchir à toute vitesse. Je peux deviner tous types de scénarios et d'images cochonnes qui se jouent dans sa tête. Ses doigts recommencent à caresser mes cheveux sur la base de ma nuque et sa respiration s'accélère.

UNKNOWN : LE STALKER [SOUS CONTRAT CHEZ BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant