Chapitre 13 - Coup de poker

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Je ne cesse de repenser à la discussion de la veille avec Andrea, depuis que je suis ici il s'est toujours montré agressif ou distant avec moi. Mais hier il n'était pas comme d'habitude, il n'était pas cet homme de garde dénué d'humanité, presque robotique.

Sa façon de me parler, toujours moralisateur et agressif était tout autre la veille, ses mots qui pourtant auraient dû m'effrayer semblaient être emplis de bienveillance. Il n'avait pas dit ses mots pour me faire peur comme il en a l'habitude, mais plutôt pour m'avertir, uniquement dans le sens où je devais prendre conscience d'un danger dont lui seul avait connaissance.

Ne serait-ce que ses yeux qui m'analysent systématiquement me regardait différemment hier, il ne cherchait pas à lire en moi ou à me manipuler. Il ne voulait pas me comprendre, il voulait se faire comprendre. Il n'était pas sur la retenue, il n'affichait pas cette façade neutre derrière laquelle il se cache.

Hier il était sincère, il était lui-même, son regard exprimait ses réelles émotions, autres que la rage. Et c'est impressionnant de voir à quel point il arrivait à supporter la douleur physique, alors qu'il exprimait une souffrance émotionnelle bien plus profonde.

Je n'arrive pas à penser à autre chose depuis l'instant où il a quitté ma chambre, c'est si spécial d'avoir pu entrevoir sa part d'humanité que je ne parviens pas à me concentrer sur plus important. J'ai réalisé que sous cette carapace d'homme dur, presque indestructible et insensible il y a une réelle personne, une âme qui a su me toucher. Il m'a laissé le voir réellement, sans tous cet artifice qui le protège, il s'est montré à moi tel qu'il est.

Et maintenant je ne saurai le regarder comme je le voyais auparavant, depuis le début je ne le vois que comme un garde sanguinaire et violent qui travaille pour la mafia avec un tas de tatouages et une capacité évidente pour la manipulation. Mais hier j'ai vu un homme sincère, une personne dotée de sentiments et d'émotions, et je ne peux nier que je l'ai trouvé beau.

Ses yeux châtains si doux m'ont attendri d'une telle manière que ses blessures m'étaient insupportables, comme s'il ne méritait pas de les endurer alors qu'il m'a lui-même meurtri. Ses lèvres qui ont balancé tant d'injures à mon propos m'ont envoutées dès l'instant où il a prononcé mon nom.

Je me sens rougir en repensant à cet instant où nos visages étaient beaucoup trop proches, je peux encore ressentir son souffle sur mon visage alors que je plongeais mon regard dans ses yeux. La chaleur qu'émanait de son corps, de son torse nu recouvert de bleus par ma faute.

- T'as dû prendre un coup de soleil, t'as les pommettes rouges vives, déclare Bianca en me sortant de mes pensées. Ah oui, t'es brûlante ! dit-elle en posant le dos de sa main sur mes joues.

Si tu savais Bianca...

Je ne pense pas que son frère lui ai parlé de ce qu'il s'est passé, je ne suis même pas certaine que cela lui importe, il se peut que je me fasse des films toute seule et qu'en réalité il ne s'est rien passé de spécial hier. Mais pour moi c'était différent...Je ne l'ai pas revu depuis et pourtant je me balade dans le château, j'ai décidé que je ne resterais plus enfermée dans ma chambre comme auparavant.

Hier m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur la Camorra qui peuvent m'être utile pour partir d'ici. J'ai compris que Nicolo est leur maillon faible, peut-être pourrais-je m'en servir contre eux ?

En parlant du loup celui-ci débarque dans le grand salon en face de la table à manger où je suis avec Bianca et Milo.

- Il me faut un verre ou une pute à baiser, déclare-t-il subitement, ou peut-être les deux, finit-il après un instant de réflection.

L'Héritière [ en pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant