Le jour qu'elle attendait depuis des années est enfin arrivé. Aujourd'hui, Silje participera à une épreuve individuelle des Jeux olympiques. Quelques jours après sa magnifique médaille en équipe, elle a une nouvelle possibilité d'inscrire son nom dans l'histoire du saut à ski mondial.
La fierté d'avoir le record olympique sur tremplin moyen est rapidement retombée pour faire place à une immense concentration. Les entrainements se sont déroulés à la perfection. Aujourd'hui, elle le sent, elle le sait, elle peut faire quelque chose de très grand. Quatre ans après la première victoire norvégienne chez les femmes, elle peut rejoindre Maren en haut de l'Olympe.
L'euphorie est retombée rapidement après leur podium. Le contexte d'une compétition arrivant quelques jours plus tard et le risque d'attraper le virus peu propice à de grandes soirées. Non, elles fêteraient leur place de vice-championnes en même temps que d'éventuels résultats en individuel une fois toutes les épreuves terminées et le risque disqualification évité.
L'air est glacial quand elles quittent leurs logements pour monter dans le bus les emmenant sur leur épreuve. Silje n'a jamais vécu un tel froid, un froid à perdre le bout de ses doigts et de son nez. Elle plaint les fondeurs et biathlètes qui restent pendant de longues dizaines de minutes dans ces conditions extrêmes à chacune de leurs épreuves. Elle est alors heureuses des gants bien plus épais qu'elle porte et de sa doudoune qu'elle peut retirer uniquement au dernier moment au contraire de ceux effectuant des épreuves d'endurance.
Quelques applaudissements résonnent quand elles pénètrent dans le stade vêtues de leur tenue qu'elles ont enfilées dans les vestiaires tout neuf et où une agréable chaleur se diffuse. Elle reconnait les visages de leur équipe masculine vêtue de leurs tenues nationales. Séparés de quelques mètres d'eux, les biathlètes féminines tentent sans succès de siffler malgré les gants qu'elles portent, leur arrachant des rires et détendant l'atmosphère.
Avoir un peu de public lui réchauffe le cœur. Le stade était trop silencieux depuis le début des Jeux. Elle a l'impression d'être dans une ville morte, comme s'ils étaient les derniers humains vivant sur cette planète et qu'ils passaient leurs journées à sauter. Alors savoir que quelques âmes vont voir leur compétition est une belle surprise. Encore plus quand l'une d'entre elles est en train de régner sur Pékin depuis le début des Jeux.
Avant de quitter les vestiaires pour son échauffement, elle sort son téléphone. Elle peste lorsqu'aucun message ne s'affiche sur l'écran. Martin lui a dit la veille que malgré l'heure très précoce, il lui en mettrait un car lui serait encore debout à Londres. Il a même fait une blague sur le fait qu'il préférait de son côté cet horaire qui coupe moins sa nuit.
Elle court pendant une dizaine de minutes avec ses coéquipières. Elles finissent tous par retrouver la chaleur du bâtiment et continuer leurs mouvements à l'abri du vent et de l'air gelé. Elle effectue de nombreuses flexions, échauffant au passage cuisses et genoux. Ses articulations craquent à chaque mouvement. Elle s'y est habituée avec le temps.
— Début de la compétition dans dix minutes. Préparez-vous.
Elles retournent là où sont disposées leurs affaires. La jeune femme aux cheveux châtains enfile alors son casque. Elle laisse la sangle pendouiller. Celle-ci a tendance à lui couper la respiration, elle ne la met donc toujours qu'au dernier moment. Elle récupère ses gants puis ses skis. Avant de quitter les lieux, elle sort une dernière fois son portable de son sac où elle l'a entreposé. Normalement elle ne le consulte jamais aussi tard avant une compétition.
L'écran est sombre. Aucune lumière ne s'y affiche, signe qu'elle n'a pas la moindre notification. Son coeur se serre. Elle appuie sur le bouton latéral, peut-être qu'il s'est éteint à cause de la fraicheur trop intense. Pourtant, celui-ci s'éclaire immédiatement. Rien ne l'attend. Pour la première fois, Martin ne lui a pas souhaité un bon vol.
Elle ne comprend pas. Il n'a pas pu oublier. Et s'il n'a pas pu oublier. Alors c'est qu'il est en danger. Une voix résonne alors qu'elle comptait s'en saisir pour lui mettre un sms espérant forcer le destin.
— Silje c'est l'heure.
Elle regarde une dernière seconde son sac. Elle hésite. Elle finit par craquer. Elle récupère son téléphone avant d'enfiler ses gants et de prendre ses spatules dans l'autre main. Sa gorge est nouée.
Elle pose ses skis dans l'ascenseur, retire les couches recouvrant ses mains. Elle ne s'attarde pas sur les regards d'incompréhension et plein d'étonnement que lui jettent coéquipières et entraineurs.
Martin ? Ça va ?
Appel à rassurer son cœur. Appel à contenir la terreur. Alors que plus les minutes avancent, plus subsiste uniquement la peur.
silje9915
jour de compet 🔥🎿🇳🇴 #JeuxOlympiques #Pékin2022 #JOPékin #TeamNorwayteamnorway bonne chance. déchire tout 🔥🎿
silje9915 ❤️💙🤍🇳🇴et hop-là, on est dans le second acte. le chapitre suivant est déjà écrit. il arrivera certainement jeudi ou vendredi, je vais essayer d'un peu étaler quand même :)
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Tombé du ciel • Ødegaard
Fanfikcemartin adorait voir silje voler, et son cœur s'est arrêté de battre le jour où ses ailes ne l'ont plus portée. f é v r i e r 2 0 2 2 - en cours © tombé du ciel universe