Chapitre 1

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Par une soirée d'août, en 1918, dans une petite ville à Karlsruhe, en Allemagne, en pleine guerre mondiale, Angela Kraus, une jeune fille ayant la vingtaine et Siegfried Tutler, un soldat allemand de vingt-cinq ans - tous deux sont fort amoureux -, passent une soirée ensemble ; en entrant dans divers cafés, bars, restaurants et échoppes, se promenant à travers toute la ville, s'asseyant de temps à autre sur un banc pour se reposer et aussi pour avoir un moment d'intimité, profitant de ces petites pauses pour se livrer des preuves de leur amour, puis revenant à leur marche, légers, tels deux ballons emportés par une soudaine brise, tels deux petites pétales de fleur emportées par un souffle enfantin, tels deux plumes d'un oiseau tombées en plein vol : ils étaient légers. Tous deux appréciaient ce moment et voulaient le revivre jusqu'à la fin de leurs jours.

Mais, le trépas arriva plus vite chez Siegfried, tué dans le champ de bataille par une balle française juste quelques semaines après sa soirée « magique » avec Angela. Cette dernière, qui attendait un enfant du soldat, sombra dans une profonde dépression en apprenant la nouvelle, la tristesse, la mélancolie, le désespoir et la nostalgie même !, envahirent et prirent toute la place de tous les autres sentiments dans l'esprit de la jeune « veuve ». Il est inutile de préciser que les souffrances de la grossesse combinées aux maux de la perte de son fiancé, du père de son enfant furent pour la pauvre Angela pire que les supplices de l'enfer. La jeune femme passa ces mois enfermée dans sa maison, chez elle, lieu qu'elle jugeait sûr, car, depuis la mort de son bien-aimé, elle a une peur terrible et, en même temps, une haine atroce de tous les français et de tout autre ennemi qui entrait en conflit avec son pays. En même temps, Angela, ne pouvait guère sortir dehors, à cause de son mal physique en premier lieu, et tout ce qu'elle voyait lui rappelait ses sorties nocturnes régulières avec Siegfried. Le onze novembre, alors que tous ses proches sortaient pour fêter l'armistice, elle, restait dans sa chambre, en pleurs, en proie à une violente crise de mélancolie, et, en plus de ça, son ventre lui faisait excessivement mal, alors qu'elle écoutait les cris de joies et les conversations rassurantes de ses proches. Et puis soudain, une jeune fille de sa famille entra dans sa chambre, lui dit ses quelques mots qui retournèrent l'esprit d'Angela :

- Tu sais, ton père m'a parlé de ta grossesse, il m'a aussi dit que tu pleures tous les jours, alors, tu pourrais...avorter ?

- Comment ? Tuer la seule chose qui me reste de mon bien-aimé ? Jamais !, répondit Angela d'un air féroce, encore plus féroce que le cri même d'un tigre.

Mais oui !, son fils est la dernière chose qui lui reste de son bien-aimé ! Depuis cette révélation, Angela fut la femme la plus heureuse de l'univers, sa famille remarqua son étrange changement d'humeur et ils eurent même des soupçons de folie, car il faut se l'avouer, passer d'une extrême tristesse à une joie incontrôlable est une des choses des plus étranges qui soient. On remarqua aussi un arrêt de tous ses gémissements de douleur et même un grand changement d'alimentation chez la future-mère, qui avant, mangeait très peu. Ces légers changements d'habitude rassurèrent toute la famille et ils se dirent même qu'elle avait oublié la mort de son fiancé et qu'elle s'est enfin rendu compte qu'elle aurait un enfant.

Quelques semaines avant avril 1919, on appela une sage femme à venir dans la maison Kraus afin d'aider Angela à accoucher du bébé. La première semaine, la sage femme rassura au sujet de l'accouchement et lui rappela que c'était une douleur temporaire et qu'elle disparaitra dès qu'elle aura vu le doux visage de son enfant et qu'elle se dirait qu'elle a donné la vie à un être humain, à un enfant, à cet enfant qu'elle aura entre les mains. Mais Angela n'était guère apeuré à l'idée d'accoucher comme toutes les autres futures-mamans, au contraire, elle était enthousiaste et optimiste à l'idée de mettre au monde son fils, elle était prête à subir toutes les douleurs du monde pour donner vie à cet enfant. Elle ne tressaillit même pas à la vue du matériel nécessaire à l'accouchement comme le fil et l'aiguille que la sage femme a planté dans la peau de plusieurs femme avant elle, mais aussi le torchon, symbole de la douleur atroce qu'on ne peut pas garder en soi et qu'on lâche sous la forme de cris si insupportables qu'on doit en mettre un dans sa bouche pour se retenir de gémir.

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