Chapitre 1

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Ses doigts glissaient nerveusement le long de l'accoudoir. Son dos se cambrait un peu, par pulsions, puis revenait rapidement à sa position initiale. Son corps entier se crispait, changeant son orientation ou la configuration des membres qui le composaient sans aucune véritable raison. Ce jeune homme bien mal à l'aise cherchait simplement à évacuer le stress qui l'avait soudainement envahi, et qui lui faisait ressentir comme une barre de fer chaude en plein milieu de ses entrailles.

- Mec, ça va ? T'as pas aimé ? C'était grave bien, j'trouve !

Il tourna son regard vers l'interlocuteur : Un petit rouquin dont les paumes étaient rouges à force d'applaudir. Vu la faible constitution du bonhomme, ce n'était pas vraiment dur de marquer sa peau, mais c'était toujours impressionnant de la voir changer de couleur pour trois fois rien.

- Si, c'était bien... C'est juste que tous ces gens qui applaudissent d'un coup, ça me stresse.

- Ah ouais. T'inquiètes, j'ai regardé sur internet tout à l'heure, y'a pas de scène après le générique. On peut se barrer maintenant, si tu veux.

- Ouais... Laisse-moi cinq secondes pour souffler, Théodore.

Pour tenter de se détendre, il prit une grande inspiration par le nez, qu'il expira lentement par la bouche, fermant les yeux par la même occasion pour s'imaginer au milieu du sable fin d'une chaude plage. Il connaissait de nombreuses techniques pour se relaxer, tout comme il avait ingéré un tas de pilules pour guérir ses maux, mais il n'y avait jamais eu de solution miracle... Ça marchait toujours... un peu. Trop peu.

- Hé Adam. T'es sûr que tu veux pas un doliprane ?

- Nan. Je t'ai déjà dit que ça me faisais rien.

- Bah... Ça peut pas être pire que maintenant, mec.

- Ça partira bien assez vite quand on se sera tirés d'ici.

Adam s'appuya sur l'accoudoir pour se relever, et son ami fit de même. Côte à côte, on aurait juré que c'était le rouquin qui était en souffrance : C'était un petit être bien mince, le teint extrêmement pâle et les yeux fatigués comme s'il n'avait pas dormi depuis un siècle. S'il avait été seul dans une rue, ça n'aurait pas été étonnant qu'un passant tente de lui donner un peu de sucre pour éviter la crise d'anémie...

Adam, lui, semblait être un jeune homme bien en forme : Certes, ses yeux semblaient fatigués, mais il se portait plus ou moins vigoureusement -Si on ignore ces mouvements maladroits de jambes qui trahissait son inconfort- et il possédait une bonne carrure. Pas non plus un modèle de musculature, mais on pouvait voir assez nettement qu'il était plutôt sportif. Par contre, ses cheveux sombres en désordre faisait clairement tâche dans le tableau qu'était son visage harmonieux. D'un geste pressé, il saisit son sac et sa veste qu'il enfila, puis se mit à monter les marches pour sortir de la sombre salle de cinéma, suivit par son compère.

Théodore eût tout de même quelques difficultés à le suivre. Lorsqu'il était sous l'emprise de son anxiété sociale, le brun avait tendance à marcher d'un pas très rapide, comme s'il tentait de fuir discrètement un monstre qui le poursuivait, et qu'il essayait de camoufler le fait qu'il s'était rendu compte de sa présence.

Adam se faufilait entre les banquettes, s'excusant en bafouillant lorsqu'il passait devant les spectateurs, malgré qu'il eût du mal à croire que des gens portaient vraiment de l'importance aux crédits d'un film. Apparemment, certains en portaient bien, puisqu'à la fin de la rangée, un grand blond se leva pour le saisir par la manche, empêchant son escapade.

- Hé, le débile. T'as bousculé ma jambe.

L'asocial reconnut la voix qui s'adressait à lui. Un type bourré qui avait hurlé pendant toute la séance. Franchement, il n'avait aucune envie de gérer ce genre de discussion, il ne pensait qu'à sortir de cette pièce au plus vite.

Du feu dans mes entraillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant