Break the chains

Chapitre 5

Andy venait tout juste de changer de livre dans son casier, assommé par la cacophonie ambiante qui lui fit perdre sa curieuse euphorie, quand Billie l'aborda seule. À son air contrarié, et comme il était rare que les deux personnes s'adressent la parole dans l'enceinte du lycée, il sut qu'elle n'allait pas entamer une conversation charmante.

— Je peux te parler une seconde ?

Prévisible. Andy grimaça.

— Ça ne peut pas attendre qu'on soit à la maison ?

— Non. J'en n'ai pas pour longtemps.

— Bon. Vas-y.

Billie se racla la gorge, prit quelques secondes pour vérifier que personne ne les écoutait, ou que Derreck ne se trouvait pas dans les parages, supposa Andy.

— Pourquoi t'as pas réagi ce matin ?

— De quoi ?

— Quand Chris s'est moqué de moi. Je sais que tu l'as vu. Ça ne t'a rien fait ?

Andy haussa les épaules.

— Chris est un con. Et j'aime pas me mêler des conflits.

Cette réponse ressembla à un coup de poignard pour Billie. Elle lui jeta un regard acerbe, blessé.

— Je suis ta sœur merde ! Tu t'en fous en fait ?

— Non, mais... faut pas prêter attention à ces débiles. Ça ne servirait à rien.

— Andy, je ne te demande pas de jouer aux chevaliers servants, mais tu pourrais au moins me soutenir !

— Tu ne me dis même pas ce qu'il s'est passé entre Derreck et toi ! De toute façon tu ne veux jamais de mon aide, tu m'envoies balader en permanence, comme hier soir !

Billie leva les yeux au ciel, excédée, et cracha d'un ton rancunier :

— C'est parce que tu ne m'assumes pas c'est ça ? Je sais comment les autres me perçoivent, Billie la débraillée hein ? Ne nie pas, je vois bien la façon dont tu me fuis quand on est dans le même secteur. T'as honte de ta sœur et tu ne veux pas y être assimilé.

Andy eut un soupir exaspéré, retint un rire sarcastique devant l'expression furieuse de Billie. Sérieusement ?

— N'importe quoi. Tu exagères.

— Ah ouais ? Pourtant ça ne te dérange pas qu'on se moque de moi sous tes yeux. Tu t'en bats les couilles même.

— Bon écoute, je dois aller en cours, je suis en retard.

— C'est ça, barre-toi ! Faux frère !

Billie tourna les talons et partit à l'opposé d'une démarche furibonde, en marmonnant une insulte qu'elle seule put entendre.

Peut-être que l'indifférence d'Andy se résumait simplement à ça : de l'indifférence. Elle pensait qu'en dévoilant son ressenti, il aurait reconnu une faute, son impuissance devant la situation, ses craintes, mais non : il s'en fichait complètement de son sort, que Derreck l'humilie n'avait aucune importance pour lui.

Quelle journée de merde !

— Même si Athéna n'a jamais accouché, allaité, ou aidé les jeunes femmes dans ce sens, la façon dont elle guide Ulysse dans son périple lui donne une certaine figure maternelle. Elle le conseille et le met en garde contre ses ennemis. Tu comprends ?

Eli acquiesça, fit glisser la feuille de cours jusqu'à lui et consulta brièvement les notes d'Andy. Ils venaient tout juste d'arriver à la bibliothèque et s'étaient posés sur une table entre deux étagères gavées de livres, au fond de la salle pour ne pas importuner les autres, bien que la plupart des élèves soient rentrés chez eux dès la fin de la journée. Un silence studieux s'installa entre les deux garçons un court instant, puis le nouveau répondit :