THE WAY - LE DILEMME

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

  « Lâche cet ordinateur et va faire un tour. ».

Tu parles ! Comme si je n'avais que ça à faire.

Ma mère a de la chance d'être malade. Je serai prête à lui obéir au doigt et à l'œil pour lui faire plaisir. Sans ça, je l'aurai envoyé balader et j'aurai continuer de travailler jusqu'à pas d'heure. J'ai tellement de choses à gérer que je ne peux pas me permettre de décrocher ainsi du jour au lendemain. Beaucoup de gens comptent sur moi et si ma mère n'avait pas la bonne excuse d'avoir un cancer, j'aurai refusé catégoriquement de sortie de la maison.

Si j'ai finalement abdiqué, c'est simplement parce qu'elle m'a ordonné de le faire. J'étais bien décidée à remplir des contrats, passer des coups de fils et faire tout un tas de paperasse une bonne partie de la journée. Pourtant, j'ai tout abandonné quand elle m'a demandé de faire une pause et d'aller me balader une heure ou deux. Elle n'arrêtait pas de dire qu'elle n'en pouvait plus de me voir travailler et que je devais sortir prendre l'air. Elle m'a tout de même arracher l'ordinateur des mains mais j'ai fini par me laisser convaincre.

Depuis que je suis arrivée à Seattle, je n'ai pas pris le temps de redécouvrir la ville alors que j'aurai très bien pu le faire si j'avais accepté de mettre mon travail de côté le temps de quelques heures. Je ne suis pas habituée au répit, ce qui explique pourquoi je ne l'avais pas encore fait jusqu'à maintenant. Ce n'est pas naturel chez moi de lâcher du lest. Je ne me repose jamais sur mes lauriers.

Mais cette fois-ci, je l'ai fait. Pour Maman. Pour la soulager et lui éviter du soucie. Je ferai n'importe quoi pour qu'elle se sente bien.

Alors j'ai pris la voiture qu'elle a loué il y a quelques jours et je suis partie vers le centre. Je n'avais pas vraiment envie de sortir sans raison alors j'ai décidé d'aller faire quelques courses. Après une bonne heure passée dans le supermarché, j'ai rempli le coffre de provision et je me suis laissée une heure avant de rentrer à la maison.

A présent, je me balade dans un quartier que j'ai connu il y a quelques années. Je me souviens avoir adoré ces rues piétonnes bordées de boutiques sympas, de restaurants où des odeurs alléchantes s'élèvent et de quelques galeries d'arts devant lesquelles je m'arrête un instant. Nous nous étions promenés, Cameron et moi, dans ces ruelles lors de notre séjour ici il y a six ans.

L'endroit me semble familier et en même temps nouveau. Des éléments du décor ont changé et d'autres sont toujours là, identiques à cette époque qui me paraît appartenir à une autre vie. En revanche, le sentiment de bien-être que je ressentais en me baladant dans ce quartier est toujours le même.

Aujourd'hui, il fait bon et beau. L'air se rafraîchit progressivement avec l'arrivée de l'automne mais il est assez agréable pour que je puisse porter une petite robe fleurie et une simple veste en jean. Une paire de collant transparent protège mes jambes des quelques brises froides qui balaient la rue de temps à autre.

Heureusement, le soleil est encore là malgré la fin de journée qui s'annonce. Il tape encore assez fort pour réchauffer mon visage. Aucun nuage à l'horizon. Un temps parfait pour se balader.

Tranquillement, je suis le mouvement des gens qui s'affairent autour de moi. Certains courent presque, pressées et trop occupés pour s'intéresser à autre chose que leur téléphone ou leurs pieds qui martèlent le sol, tandis que d'autres se promènent comme moi.

Je m'arrête devant une autre galerie, prends un instant pour détailler la vitrine et m'intéresser aux œuvres qui y sont présentées. Puis je reprends mon chemin, passant devant un restaurant italien qui me rappelle celui dans lequel nous avions mangé, Cam et moi, lors de notre visite à Seattle. Je dépasse ensuite une friperie et une boutique de bijoux artisanaux.