OS : Espèce de poète fragile

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-PUTAIN OREL!

Le Orel en question fut réveillé en sursaut. Il se frotta doucement les yeux, dans une tentative vaine de revenir dans le monde réel. Il avait passé une nuit blanche à jouer en ligne, et ne demandait maintenant qu'à s'endormir paisiblement sur le vieux canapé. Mais c'était sans compter son colocataire agressif, le seul mec au monde pouvant gueuler aussi fort dès 10 heures. Une véritable tornade d'énervement. Le rappeur grogna, puis réussit à lâcher quelques mots :

-Ta gueule Gringe, tu vois pas que j'essaie de dormir?

-Je te laisserai dormir quand tu m'auras dit ce que t'a foutu dans le bac à légumes, dit il du tac au tac.

-Hein? Le quoi?

Gringe soupira bruyamment. Son ami n'était pas vraiment connu pour sa perspicacité. Quel enfer de vivre avec lui au quotidien. Entre son hyper-activité, ses déprimes, son côté tactile et ses questions cheloues (et pas toujours très hétéros, rappelons-le), le mode de pensée d'Aurélien était un mélange entre un grand philosophe et un gamin de 4 ans. Il reformula donc sa phrase en s'adaptant à ce que le brun était en mesure de comprendre avec son manque de sommeil.

-Je. Te. Parle. Du. Bac. À. Bière.

-Hm, ok... Et ben c'est quoi le problème?

-Viens voir. Y'a un truc bizarre dedans.

Orel râla puis s'étira avant de se lever péniblement. Son pote était peut être drôle et sexy au possible, mais il pouvait être vraiment relou le matin. Il prit donc tout son temps, évidemment dans le but de le faire chier encore plus.

Guillaume agita un haltère devant ses yeux.

-Tu sais, ça me dérange pas que tu sois devenu dep, mais t'aurais pu m'en parler.

-PARDON?!

-Mec, je viens de trouver ça dans le frigo, et t'a jamais fait de sport de ta vie. Et quand tu ramènes des meufs à la baraque, elles oublient plus souvent leur maquillage que ce truc. Conclusion : t'a changé de bord, baisé un mec ici, et en partant, il a oublié un de ses outils de muscu.

Aurélien restait bouche bée, dubitatif. Son cerveau analysa peu à peu toutes les informations données.

« Bordel. »

C'était incroyable cette intuition que Gringe pouvait avoir dans certains moments.

Bien sûr qu'Orel n'avait ramené aucun garçon ici, c'était bien trop risqué. Et les haltères étaient un colis du voisin qu'il avait récupéré. Mais si Gringe arrivait à deviner par hasard une orientation sexuelle inconnue de tous juste à partir d'un objet, même si il n'avait aucune preuve, il pourrait deviner d'autres secrets. Et ça, c'était hors de question. Heureusement, Orel savait exactement quoi faire dans ce genre de situations. Il remercia intérieurement ses cours de théâtre. Grâce à eux, il savait parfaitement bien jouer la comédie.

Il fit donc semblant d'éclater de rire, se moquant de la démonstration « absurde » de son compère.

Face à cette réaction, Gringe fut vexé. Puis un sourire s'installa sur son visage. Quelle erreur le plus jeune avait fait en l'énervant avant sa dose de caféine du matin. Une petite punition s'imposait en guise de vengeance...

Orel reprit son souffle et répondit du ton le plus détaché possible :

-T'inquiète, j'suis pas dep et je le serais jamais. Les filles au lit c'est beaucoup trop bien, je vois pas pourquoi je changerais. Et pour le sport, j'aurais eu trop la flemme, c'est juste un truc du voisin.

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