chapitre 84 : les mots de ton regard

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— Donne moi ça, tu veux !

Se laissant tomber à ses côtés, à genoux sur le sable blanc, Lissandro lui arracha son livre des mains. Un sourire fiché au coin des lèvres, Giana se redressa en position assise et ne pût s'empêcher de lever les yeux au ciel, amusée par le gamin qu'elle découvrait en cet homme dangereux.

— Ça y est ? T'as fini de m'emmerder ?

Taquin, il se mordit la lèvre inférieure avant de se pencher au dessus d'elle.

— Non ! répliqua-t-il en agitant la tête de droite à gauche.

Giana le gratifia d'un sourire tendre, un poil timide, conquise par la lueur qui passa dans le regard de braise avec lequel il couvrait sa silhouette. Elle s'empourpra. C'était inévitable, presque instinctif, voire viscéral. Comme les vagues au loin, qu'elle pouvait entendre se jeter à corps perdu dans la mer pour venir s'écraser sur le sable, elle mit ses mains sur ses joues et ferma les yeux, prête à le laisser écraser ses lèvres sur sa bouche qu'il malmènerait certainement avec fougue. Elle n'avait aucun doute là dessus.

— Je meurs d'envie de t'embrasser Princesse. souffla-t-il à voix basse.

— T'attends quoi ? Une invitation ?

— Peut-être bien.

Giana rouvrit ses yeux. Sans trop s'y attendre elle se retrouva confronter à ce vert intense, immensément profond qui la happa sur le champ. Capturée par ses yeux inquisiteurs qui la fouillèrent de fond en comble ; Giana déglutit. La boule au ventre, elle fronça les sourcils quand il prit place en face d'elle. Assis en tailleur sur sa serviette de bain, il mit fin à cette petite extrospection lorsqu'elle baissa la tête.

— À quoi tu joues ? s'enquit-elle d'une petite voix.

Lissandro prit son menton entre son pouce et son index et la força à relever la tête. Elle obtempéra sans opposer de résistance.

— Lissandro...

— Je ne veux pas te brusquer. D'abord Santiago ensuite Tito... Je le vois que t'es pas bien.

— Ça va, je gère. lâcha-t-elle d'une traite en détournant le regard.

Son attitude fuyarde ainsi que l'agressivité présente dans son timbre de voix assombrirent son regard. Il eut l'impression de sentir son cœur chuter au fond d'un gouffre sans fin. Si il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était la voir au prise avec ses cauchemars, piégée dans cet amas de ressentiments qui déchirait sans cesse son cœur, tourmentaient son esprit en proie à des traumatismes qui lui ôtaient toute envie de se dévoiler de nouveau à lui.

Avec candeur, Lissandro déposa un baiser sur son nez. Giana lui offrit un autre sourire, amusé par son attitude qu'elle aurait pu qualifier de mignon s'il n'était pas en train de la bouffer méchamment des yeux comme une bête assoiffée de sang. Dans son cas, c'était une bête assoiffée de sexe. Elle n'osait pas imaginer de quelle façon il la prendrait quand enfin elle se remettrait de ses blessures. Quand il la jugerait apte à recevoir ses coups de bassin impérieux. S'il la privait elle autant que lui, ce n'était pas par pur plaisir ni même pour la torturer mais plutôt parce qu'il savait à quel point il était déchaîné au lit, voire trop violent même. Rouvrir ses sutures ne faisait pas partie de ses plans pour la faire grimper aux rideaux.

Lissandro prit Giana la main dans le sac à se mordre la lèvre, les paumettes plus rouge que des tomates et les yeux brillants comme deux petites étoiles en train de scintiller dans le ciel. Sans grande surprise, il devina le fond de ses pensées. Mais histoire de ne pas attiser le feu de leur désir forcé de demeurer en sommeil, il éluda volontairement les signaux qu'elle lui envoyait, remballant sa trique par la même occasion. Focus sur la douleur qui tapissait encore ses prunelles en dépit de leurs envies qui ne passaient pas inaperçu, il laissa reposer son front contre le sien puis susurra, terriblement tendre :

Gia et Le SoldatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant