L'Amour en héritage.

Chapitre 31

- Sasha -

Lundi 16 mai 2022

Après une nouvelle nuit très courte et hachée par de nombreux réveils, je suis étonnée de constater que le réveil indique malgré tout plus de huit heures du matin. Un record ces temps-ci. Pour une adepte de la grasse-matinée ... cela en dit long sur l'état de mon sommeil.

Épuisée, vidée et n'ayant aucunement l'envie ni la force de me lever, je décide de rester trainer dans mon lit. Pour m'installer plus confortablement et pourquoi pas on ne sait jamais éventuellement me rendormir je roule un peu mieux le pull d'Arthur avant de caler ma tête dessus. Il ne sent pas son parfum, mais à défaut de mieux, c'est tout ce qu'il me reste.

Et ce n'est clairement pas suffisant. Pourtant, je me force à ne pas ouvrir le volet et à essayer de me rendormir en espérant gagner ne serait-ce que quelques minutes qui pourraient atténuer les cernes violacées qui défigurent mon visage.

Mais il n'y a rien à faire. Je suis bel et bien réveillée, et pour finir de me forcer à sortir du lit, voilà que j'ai envie de faire pipi. Et ça impossible de l'ignorer.

Incapable de mettre la main sur mes chaussons, c'est à pieds nus que je traverse le couloir de l'étage pour me rendre jusqu'aux toilettes du haut. Et si trop obnubilée par cette envie pressante je n'y ai pas prêté attention à l'aller, en revenant sur mes pas j'entends des voix me parvenir d'en bas signe que mes parents sont déjà levés.

Arrivant à la conclusion que de toute façon je ne dormirais plus, je repasse donc rapidement par ma chambre pour enfiler un bas de jogging avec de descendre. Ma culotte à petits poids a beau être très jolie, je ne risque pas de prendre le petit déjeuner avec mes parents avec les fesses à moitié à l'air. Je sais que je ne suis pas au mieux en ce moment, mais mon cerveau fonctionne encore.

Pendant que je descends les escaliers en baillant et en me frottant les yeux, la voix de ma mère me parvient de plus en plus distinctement ce qui me permet de réaliser qu'elle est train de vouvoyer son interlocuteur. Cela me fait naturellement ralentir le pas comprenant que quelqu'un d'autre que mes parents se trouve ici - raison de plus d'avoir enfilé un pantalon tiens.

Tout de suite j'imagine le pire, à une heure si matinale et vu la situation actuelle, ça ne peut être que le médecin de papa. Et s'il a fait lui-même le déplacement j'imagine que ça ne doit pas être une bonne nouvelle. J'accélère donc le pas, souhaitant savoir ce qu'il est en est, mais je crois que rien ne m'avait vraiment préparé à ce qui m'attend une fois que je débarque au milieu du salon.

Aussi je m'arrête net dans mon élan tandis que mon coeur connait plusieurs ratés. Le silence se fait dans la pièce à mon entrée, et tous les regards se braquent soudain sur moi. Sauf que je ne les vois pas, la seule chose que je vois ce sont les deux yeux bleus-grisés qui plongent dans les miens qui commencent immédiatement à se remplir de larmes.

« Arthur ? »

Ma voix n'est qu'un souffle à peine audible et je doute que qui que ce soit l'ait entendu à part moi. Ou peut être ai-je parlé plus fort que je ne l'imagine mais que le bourdonnement dans mes oreilles de mon coeur qui bat plus fort et plus rapidement qu'il ne l'a jamais fait m'empêche de le réaliser. Je ne sais pas. En même temps à cet instant je ne sais plus rien, ni où je suis, ni comment je m'appelle.

Tout ce que je sais c'est qu'Arthur est ici, face à moi. Ou en tout cas, il en a l'air car si c'est un jeu vicieux de mon esprit, l'illusion est parfaite.

« Sasha, je ... je suis ... »

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase, ou alors je ne l'entends pas. Peu importe. En trois enjambées je comble la distance qui existe entre nous, et ne pensant qu'à ce vide, qu'à ce manque qui me dévore depuis des semaines sans lui je viens simplement me blottir contre lui. J'enroule mes bras autour de lui et  les noue ensemble dans son dos, la tête plaquée contre son torse j'hume pleinement son odeur et je savoure chaque seconde de cette étreinte.