CHAPITRE DOUZE

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" Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse."

- Christian Bobin

♫ - I Wanted to Leave - SYML - ♫

AARON

Après ma crise d'angoisse, j'ai pu partir chez moi. Mais l'envie n'était pas là. Aller chez moi pour finalement faire une autre crise ou avoir une peur qui me détruit de l'intérieur. Du coup, je squatte le canapé – encore une fois – de mon meilleur ami. Mais je sais au moins que ça ne dérangerait pas ses parents.

Ils ont toujours été là quand j'en avais besoin. Ils gardent ma sœur quand je travaille et ils nous accueillent. J'en suis redevable, mais je ne sais pas comment leur redonner ce qu'ils m'ont déjà donné. J'ai déjà voulu leur offrir un peu d'argent, mais ils ont toujours refusé, alors je fais des tâches ménagères dans leur petit appartement. Mais je n'ai pas l'impression que ce n'est pas assez pour être complètement quitte.

Mon regard est porté vers le plafond du salon de mon meilleur ami. Je me perds petit à petit dans mes pensées. Les yeux bleus de mon père s'incrustent dans ma tête. Son regard furieux et ses yeux rougis à cause de l'alcool. Son odeur d'AXE et d'alcool mélangée me vient dans le nez et la bouche. Ses phrases toutes aussi destructrices les unes que les autres me reviennent en tête et les pensées sombres qui m'abritent reviennent encore et encore.

Mon regard est dans le vide, mais mes pensées, elles, elles sont pleines de m'en faire mal à la tête. Des idées sombres qui courent dans ma tête depuis cinq ans maintenant. Elles ne s'arrêteront jamais. Mon cerveau est pourri et mon cœur est brisé.

Hazel est sur moi et dort paisiblement. Je veux qu'elle continue de sourire, de rire, d'aimer, de ressentir, même dans les moments les plus durs. Je veux qu'elle vive comme une fille de cinq ans. Je ne veux pas qu'elle finisse comme moi, un ado de 17 ans qui n'arrive pas à se défaire des failles de la violence.

Je te protègerais toujours, Hazel. Je te promets.

Mon mal de crâne s'intensifie. J'ai besoin de sortir dehors. Je dois partir là-bas. J'ai besoin de cette vue magnifique et de me libérer. Me libérer de ses pensées négatives.

Je me lève doucement du canapé pour ne pas brusquer ma sœur et la dépose sur le canapé confortablement. Je rabats la couverture jusqu'à son menton et, sans faire trop de bruits, je marche à mon sac et prends mon téléphone et mon casque.

Ce casque me suit partout, je ne pars jamais sans lui. La musique qui se plonge dans mes oreilles fait un écho dans mon cerveau et libère toutes les pensées. Le vide n'y habite pas, non, c'est la musique et ce qu'elle arrive à me faire sentir qui habite mon corps et mon organe qui bat dans ma poitrine.

Je mets mes baskets et sors de l'appartement des parents de Kiotchi. Dans les rues mal fréquentées de Las Vegas, personne n'est présent. Seul le bruit du vent se fait entendre.

Je mets mon casque sur mes oreilles, déclenche ma playlist Nuits de vents et de douleurs, je rabat ma capuche de mon sweet noir sur ma tête et continue mon chemin vers les beaux quartiers de Las Vegas.

Les vieux et abîmés bâtiments se transforment en villa et maison de luxe. La pelouse jaunit et sèche devient verte et humide. Les rues vides changent et deviennent remplies. Des familles sortent de beaux restaurants ou de cinémas. Ils rigolent, parlent, s'amusent.

Les gens me regardent avec un air de dégoût ou de curiosité. Je regarde ce qui m'entoure. Les gens sont tous bien habillés, je me sens encore plus ridicule, je suis vêtue d'un pull à capuche noir avec un pantalon noir également. On dirait un meurtrier qui est en cavale.

Je me reconcentre sur la musique qui parcourt mes oreilles et qui se loge dans ma tête.

Au bout d'une bonne trentaine de minutes à marcher dans les belles rues de Las Vegas, j'atteins enfin mon lieu favori. Je marche les derniers pas et m'assoie au bord du toit d'une maison abandonnée.

Elle est au milieu d'autres maisons toutes aussi grandes les unes que les autres. Seule la lune reflète la ville, aucune autre source de lumière n'est présente. La musique m'accompagne dans ce silence qui plombe le paysage. Les étoiles sont présentes, elles ne laissent pas seule la lune. Elles sont là pour la rendre encore plus unique qu'elle ne l'est déjà.

There's darkness in the distance.
(Il y a l'obscurité au loin.)
From the way I've been livin'.
(De la façon dont j'ai vécu.)
But I know, I can't resist it.
(Mais je sais que je ne peux pas y résister.)

Les paroles de la musique Daylight résonnent dans mes oreilles et me rappellent ma situation dans laquelle je vis actuellement. De simples phrases de chanson peuvent être pertinentes et ses paroles, elles, elles le sont.

Mon échappatoire réussit, lui aussi, à me rappeler de l'horreur que peut me faire vivre mon père. Les cris, les coups, les bleus, les coupures, les brûlures, le sang.

Mais c'est aussi dur mentalement, les crises d'angoisses, la peur du contact, la peur de rentrer chez moi, le stress.

À cause de mon géniteur, ma vie n'est qu'un grand traumatisme, qui n'est pas encore fini. Un traumatisme que je n'arrive pas à combattre.

Les coups ne s'arrêteront jamais...Les mots partiront de sa bouche... Et me blessera encore... Mes cicatrices m'accompagneront tout au long de ma vie. Ses mots me hanteront jusqu'à la fin. Je serais en paix quand je trouverais enfin la mort...


Dyaa ❤️‍🩹

𝐁𝐄𝐀𝐓𝐄𝐍 𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄𝐑 | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant