Le ciel gris, j'avance pas à pas sous les lourdes et rapides goutes me tombant sur la tête jusqu'à glisser, se laisser couler dans ma fine chevelure. Je constate que le sol granuleux est fortement glissant, je manque donc de tomber.
D'une main, je tire ma valise ; de l'autre, je tiens mon charleston, petit couvre-chef noir, que je ne voulais du tout voir à l'eau.Alors que je ne fais pas attention, je traverse en direction de cet énorme édifice... À peine poser le pied sur la route que je suis saisie par ce poids lourd qui m'esquive de justesse. Je trébuche à en tomber en arrière. La vue trouble, j'aperçois tout de même mon chapeau noir s'envoler.
— C'est bon, je l'ai ! Exclame un jeune garçon en attrapant mon charleston en plein vol.
Je pouvais le voir accourir auprès de moi.
Il me tend sa main droite. Alors qu'un moment d'hésitation me submerge. J'ignore comment réagir.
A la place, ma curiosité me permet de poser mon regard sur celui-ci et de le balayer de haut en bas à plusieurs reprise afin de répondre à ma question de « qui oserait venir en aide à une pauvre adolescente ? Qui aurait autant de pitié, sincèrement ? »Il est plus grand que moi, d'une tête ou un peu moins qu'une tête. Il est de morphologie fine et son haut noir à manches courtes fait apparaître ses bras légèrement musclés ; il porte un short faisant ainsi voir ses mollets donc à nus et bien tracés. Le garçon possède de courts cheveux noirs, légèrement bouclés et sur ceux-ci, est posée une casquette gavroche grisée. Pour finir, il est chaussé par de magnifiques mocassins de couleurs ternes.
Craintivement, j'attrape en retour sa main, celui-ci m'aide alors à me relever. C'est alors que je remarque un numéro tatoué à son poignet, le numéro 4. Je décide tout de même de ne pas y prêter attention. Pas tout de suite.
— Merci.
— Ne me remerciez pas, je vous en prie... Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ?Le garçon m'adresse un joli sourire après son questionnement. Il relève ma valise que j'avais laissée tomber lors de ma chute et me tend mon couvre-chef.Je trouve qu'il parle bien, est respectueux et attentif. Moi, au contraire, je ressens une anxiété m'envahir se rajoutant à ma maladresse et ma timidité.
— Vous voyez juste... Mais vous pouvez me tutoyer, savez-vous ?
Je marmonne à l'idée qu'on se tutoie, mais une raison inconnue me faisait comprendre que c'est mieux comme ça.
Il ne me répond pas tout de suite, il préfére me donner son manteau qu'il tenait en main et le poser sur mes épaules afin de me réchauffer de cette pluie d'hivers. Celui-ci attrape ma valise et m'adresse un petit coup de tête en direction du grand édifice que j'avais aperçu plus tôt. Je comprend alors que je devais le suivre, c'est ce que je fais d'aussitôt.
— Ça me va, mais alors toi de même. Je me nomme Clearing Ayden, et toi ? Puis-je connaître ton joli nom ?
— Je me présente, Dupont Émilie. Enchanté Ayden.Gênée face à son aménité, je sais garder un ton serein en lui répondant... Mais bon, j'avoue être assez ennuyée par cela. On ne se connaît pas.
— J'avais donc bien raison, tu as un joli nom.
Sa phrase arrive à mon écoute ce qui débloque un sentiment de dérangement au fond de moi. Garder le silence me semble la meilleure solution bien que je ne peux m'empêcher de lui débloquer un sourire. Un vrai et affectueux. Effectivement, sans l'aide de ce jeune inconnu, je serais probablement toujours affalée au sol comme une pauvre bête à bout de courage n'ayant déjà pas assez de confiance que pour m'assurer une place dans cet éventuel avenir. C'est alors qu'un vide prend place dans l'atmosphère...
VOUS LISEZ
Le ballet des Reines déchues
Teen FictionNous ne sommes qu'en 2001, les lois sont sévères, l'école est stricte, les droits de chacun sont limités. Je suis une jeune adolescente, une jeune fille du nom d'Émilie. J'ai été inscrite ici par ma tante pour passer les auditions de cette célèbre...