Terre des loups Tome 3 - Le remède

Chapitre 9

Flocon sourit en voyait son amie trottiner devant lui. Ouragan était parti chassé de son côté et les avait laissés tous les deux. Ce petit moment d'insouciance avait été particulièrement agréable. Ne plus penser au Mal Noir et à Abysse, juste pendant quelques instants mener une vie banale, c'était une sensation que le loup blanc avait oublié.

- Allez dépêche toi Flocon !

L'intéressé leva les yeux vers Anémone.

- Ouragan va finir par arriver avant nous si ça continue.

Flocon soupira et se mit à courir pour la rattraper. La marmotte qu'ils avaient chassé, était une belle proie. Il en était assez fier. Cela lui avait manqué la chasse dans les collines...

- Tu aurais du me laisser la prendre, lui fit remarquer la louve grise en voyant qu'il boitait et qu'il avait du mal à suivre le rythme.

Flocon fronça le museau et secoua la tête. Il pouvait le faire, ce n'était pas une patte qui allait l'en empêcher.

- Tu es sur ? insista son amie, l'air inquiète. Parce que sinon je...

Anémone s'interrompît dans sa phrase. Le loup blanc allait lui demander de continuer quand elle s'effondra sur le sol. Flocon resta un instant tétanisé avant de lâcher son gibier et de se précipiter vers son amie.

- Anémone !! Qu'est ce qu'il se passe ?!

La louve gris leva les yeux vers elle et articula difficilement :

- J'ai... mal aux... pattes...

Flocon jeta un coup d'œil à ses pattes mais il n'y avait aucunes blessures visibles.

- Il n'y a rien...

Anémone ferma les yeux un instant.

- J'ai... vraiment mal, souffla-t-elle, le regard fiévreux.

Le loup blanc eut un élan de panique. Que lui arrivait-elle ? Il se sentait impuissant.

- Ça t'a prit comme ça ? s'enquit-il.

Anémone secoua la tête.

- J'avais déjà mal depuis plusieurs lunes... mais pas autant...

Alors que Flocon réfléchissait rapidement à une solution, Anémone essaya de se relever. Elle vacilla et faillit tomber à nouveau, si le loup blanc ne s'était pas interposé entre le sol et elle.

- Anémone !!

Cette dernière cligna des yeux avant de se redresser à nouveau.

- Rentrons au camp... je vais mieux... grimaça-t-elle en faisant quelques pas.

- Tu es sure ? insista Flocon inquiet.

Anémone acquiesça et se mit à trottiner. Toujours inquiet pour son amie, le loup blanc reprit la marmotte dans sa gueule. Il arriva à la hauteur de la louve grise. Anémone avait le souffle saccadé et semblait avoir du mal à respirer.

Il fut cependant rassuré lorsqu'il aperçut le camp un peu plus loin.

- Allez Anémone on y est presque, marmonna-t-il malgré la marmotte dans sa gueule.

Seul le vent lui répondit. Flocon se retourna paniqué. Anémone gisait sur le sol, inconsciente.

- Anémone !!

Flocon s'approcha d'elle en courant. Son cœur battait la chamade. Il ne voulait pas la perdre, pas elle. Au même moment Ouragan arriva. Celui-ci devint blême en les apercevant et se précipita aussitôt dans leur direction.

- Que se passe-t-il ?

Flocon ignora la question d'Ouragan. Il venait d'apercevoir ce qu'il redoutait le plus. Une tache noire nettement visible était apparue dans le cou d'Anémone.

***

Le loup blanc était plus que nerveux, il angoissait. Cela faisait un moment qu'il tournait en rond devant l'entrée des Guérisseurs. Il avait peur, terriblement peur.

Brume surgit tout à coup de la tanière. Son regard rencontra celui de son frère.

- Alors ?

La Guérisseuse baissa le museau, attristée.

- Je suis vraiment désolée Flocon. C'est bien le Mal Noir.

Le loup blanc resta figé. Le Mal Noir. Ces trois mots tournèrent en boucle dans sa tête. Il n'arrivait pas à croire ce que sa sœur venait de lui annoncer. Anémone allait mourir ?!

- Pitié, dis moi que c'est une blague, l'implora-t-il, les larmes aux yeux.

Brume détourna la tête.

- Je suis désolée, répéta-t-elle. La seule façon de la sauver est de trouver le remède.

- Mais il n'y a pas de remède !! explosa Flocon, les larmes dévalant son visage.

D'abord Rivière et maintenant Anémone... Pourquoi leur volait-on leurs seules sources de bonheur ? Le loup blanc se figea brusquement. Et si ses visions s'avéraient vraies ? Non, il ne voulait pas y penser.

- Il y a bien un remède, annonça tout à coup une voix rauque derrière lui.

Flocon de retourna hébété par ce qu'il venait d'entendre. Comment pouvait-il être si sûr de lui ?

- Il y a un remède, répéta Topaze. Derrière les glaciers, au fin fond des neiges éternelles, il y a une fleur. Elle permettra de sauver ton amie.

Flocon cligna des yeux, abasourdi.

- Comment savez vous ça ?

- Ekhi, lâcha-t-il comme si cela suffisait.

Le Sorcier le lui aurait dit ? Mais pourquoi maintenant et pas avant ? Flocon était perdu.

- Typhon va faire une annonce ce soir, reprit Topaze. Il va envoyer un groupe aller le chercher.

- Je veux en faire partie alors, lança Flocon d'une voix ferme.

Topaze le dévisagea un instant.

- Je n'en doute pas une seule seconde. Mais ce n'est pas à moi de choisir.

Le loup blanc gronda de mécontentement.

-Je peux aller la voir ? demanda-t-il en se tournant vers Brume.

Cette dernière lui lança un regard désolé avant de secouer négativement la tête.

- Pour l'instant elle se repose, il est préférable qu'elle ne soit pas dérangée.

-Oui évidemment, soupira Flocon, en tentant de maîtriser le sentiment de désespoir qui l'envahissait.

Il salua rapidement les Guérisseurs et se précipita hors du camp. Il descendit dans le vallon. Il avait besoin de se confier et une seule personne pouvait le comprendre. Il aperçut son ami, toujours au même endroit depuis des lunes, toujours dans le deuil de la perte de Rivière... Mais Flocon refusait de vivre cela. Le sort d'Anémone n'était pas encore joué, il pouvait encore la sauver.