Ces Dernières Vacances

Chapitre 2

Quand Célia et Alexis réussirent à se détacher l'un de l'autre pour manger quelques chips, plusieurs verres s'étaient déjà succédés entre mes mains. Lorlea en profita pour lancer une discussion qui semblait m'être destinée.

— Vous pensez que c'est différent d'embrasser un mec et d'embrasser une meuf ?

Cela ne faisait pas longtemps qu'elle avait appris que j'étais lesbienne, je n'en faisais pas vraiment étalage. Elle semblait en être particulièrement intriguée.

— Clairement, dit Célia.

— J'suis pas d'accord, dit son petit ami.

— Ah oui ?

— Oui, une bouche reste une bouche, argumenta-t-il.

— Mais certaines lèvres sont bien cachées, intervint Brenden avec un rire gras.

— C'est profond, commenta Célia.

— T'as bien raison, ajouta-t-il en riant de plus belles.

— Moi, je pense, dit Oscar en cherchant ses mots, je pense que chaque personne est différente.

— Vive cap'tain obvious !

— C'est bon, lâche-moi, se défendit-il alors que tout le monde riait. Non, mais... que ce soit un mec ou une meuf, c'est pas ça qui compte. C'est la personne en elle-même qui compte.

— Est-ce que tu es en train de nous dire que tu es bi ? demanda Brenden.

— Et si c'était le cas, c'est quoi le problème ? releva Lorlea.

— Il n'y a aucun problème, se défendit-il, je me dis juste que s'il est en train de nous faire son coming-out, je devrais peut-être arrêter mes blagues de beauf.

— Il arrive à être moins insensible parfois notre Brenden, commenta Célia.

— Alors, Oscar ? relança Lorlea.

Il plissa les yeux, se gratta la tête dans une mimique de réflexion. On l'observait, attendant le verdict, se demandant s'il n'était pas trop bourré pour avoir une réponse cohérente.

Lorlea en profita pour s'approcher de moi et murmura à mon oreille :

— Il y a une fille que tu aimerais embrasser ici ?

Je ne répondis rien, espérant qu'elle pense que je ne comprenais pas la question en raison de la musique trop forte et qu'elle ne remarque pas le rouge que je sentais me monter aux joues.

— Quand je dis quelqu'un, je veux dire moi ? continua-t-elle.

Je noyai ma gêne dans mon verre. Oui, je ne dirais pas non à l'idée de pouvoir l'embrasser. Qui pourrait dire non ? qui n'aurait pas envie d'embrasser ses lèvres fines, de mordre cette bouche boudeuse ? Mon supplice en fut d'autant plus grand qu'elle lécha ses lèvres dans un sourire satisfait en constant le rouge de mes joues. Fort heureusement, Oscar avait retrouvé la parole.

— Peut-être. Je me suis jamais posé la question, c'est vrai que je trouve Alexis plutôt séduisant, mais de là à vouloir qu'il me culbute.

— Pas touche, il est à moi, protesta Célia.

— Et moi, je pue ? se plaignit Brenden.

— J'osai pas te le dire, intervint Marius en lui donnant une claque dans le dos.

— Il parait qu'on est tous bi, dit Alexis, qu'on est tous capable de tomber amoureux de n'importe qui.