summer night | noceda siblings [os]

summer night.

La première nuit, peut-être que la fatigue et la douleur avait eu raison de lui, car il ne se souvenait pas s'être réveillé à un quelconque moment. Il se souvenait seulement de la douce voix de Camila qui était venu les réveiller, en pleine après-midi, pour leur demander s'ils voulaient manger, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

Pourtant, la deuxième nuit ne s'était pas aussi bien passée. Hunter se souvenait d'un cauchemar, de ses yeux, de ses mains, de lui tout entier. Et surtout, du moment où il s'était précipité dans la salle de bain, et où il s'était mis à vomir. Il n'avait plus mangé depuis des jours, et pourtant cela ne s'arrêtait pas, se mêlant à ses larmes et à ses cris étouffés.

Hunter se trouvait pitoyable. Du haut de ses 16 ans, il devrait pourtant être capable de faire la différence entre les rêves et la réalité.

Il détestait se sentir aussi sale, et faible. Tellement faible. Mais le pire était ce sentiment affreux qui lui broyait le ventre ; celui de la peur.

Toute sa vie il avait su qui il était. Comme si se cacher sous ce masque d'or avait été la chose la plus naturelle du monde. La reconnaissance dans le timbre de voix de Belos avait remplacé l'air dans ses poumons pour ce qui lui avait semblé être toute sa vie. Et savoir que chacune de ses actions n'étaient dédiées qu'au bien-être de son cher oncle et de celui de son royaume lui suffisait amplement. Ou bien s'en était-il convaincu ? Avait-il réellement été un jour satisfait de son rôle et sa vie ? Plus il se forçait à se souvenir des années passées à servir l'empereur, plus il réalisait que sa loyauté aveugle avait été teintée de peur.

Hunter se souvenait parfaitement de la fois où son bras décomposé lui avait mutilé la joue, le laissant marqué à jamais.

Non, Belos l'avait décidément toujours effrayé. Et pourtant, malgré tout cela, il n'arrivait au fond toujours pas à accepter qu'il avait aidé, adoré et respecté la mauvaise personne, alors que cette dernière n'attendait qu'une occasion pour le tuer et le remplacer. Peut-être qu'au fond, cela avait été plus simple de croire en cette image faussée de Belos, qui l'avait accompagné tout au long de son existence, plutôt que de devoir accepter que sa vie entière n'avait été qu'une vaste supercherie.

La réalité était décidément quelque chose qu'Hunter se trouvait en train de détester un peu plus chaque jour.

-Tu... tu veux que j'aille te chercher de l'eau ?

Sa voix avait fait violemment sursauter le blond qui se cogna contre les murs blancs de la salle de bain, lâchant un cri semblable à celui d'un animal apeuré.

-Désolé ! Je voulais pas te faire peur !

-Luz ?

La brunette l'observait à quelques pas de lui, dans le long couloir du premier étage, seulement éclairé par les rayons de la lune.

-Je t'ai entendu et je me suis inquiétée... Je ne voulais pas te faire peur.

Luz était toujours collée à la porte de la salle de bain, comme pétrifiée. Ce n'était pourtant pas de la faute de Hunter, mais dès qu'elle croisait son regard, c'était les toiles fanées de l'esprit de Belos qu'elle revoyait.

Cela faisait pourtant déjà deux semaines qu'ils avaient infiltré par mégarde la mémoire de l'empereur, mais ce qu'elle y avait vu n'avait cessé de lui dévorer l'esprit, jour après jour, nuit après nuit. Elle avait vu, entendu des choses qu'elle préférait oublier à jamais.

-Désolé de t'avoir réveillé.

Sa voix était à peine audible, comme étouffé par ses pleurs. Luz finit par lâcher la porte et s'approcha de lui, lentement, avant de s'agenouiller près du lavabo.