Mon histoire

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Se sentir mal, chaque jours.
Arrivée du collège, aller directement dans la baignoire avec cette idée en tête, être totalement épuisée, avoir froid, aller dans la baignoire, se faire couler un bain, prendre ses écouteurs dans les oreilles, écouter de la musique horriblement triste.
Prendre une lame de rasoir, avoir peur de se couper pour la première fois, avoir cette immense peur que notre mère ou notre adorable petite soeur toute innocente rentre dans la salle de bain, si elle rentrerait, elle serait choquée et elle ne comprendrais rien.
Commencer a se mutiler, avec l'eau avoir mal car l'eau rentre dans les plaies, voir le sang couler, aimer ça, voir l'eau rouge, croire qu'on est dans un film alors que non, pleurer de tristesse, pleurer car on ne sait pas quand l'on va pouvoir s'arrêter, y aller de plus en plus fort, avoir l'envie d'y rester, de prendre son envole vers la paix, avoir envie de se couper tellement fort, et de mourrir dans ce bain de sang, avoir mal, ça pique.
Entendre sa mère nous dire de se dépêcher de finir de se doucher, en finir, prendre sa douche, ça pique toujours autant. Sortir de la baignoire, s'essuyer doucement sur les coupures y mettre un mouchoir pour essorer le sang, mettre un pantalon que l'on aime pas car on sait que le sang va le tâcher.
Dire a ses parents que l'on a pas faim, ne pas manger, entendre son "père" qui nous fâche tout le temps, avoir cette envie de fuguer car il est "insupportable", savoir qu'il nous déteste mais le supporter pour sa maman. Dormir. Au collège faire comme si rien était devant les professeurs, quand certains nous fais une réflexion sur notre famille, avoir envie de pleurer mais rire nerveusement, avoir envie de partir de se collège, au self ne pas manger non plus. Pour ne pas inquiéter ses amies, dire que l'on a mal au ventre, au final manger un petit bout de pain, seul ceci pour se nourrire. En sport, se changer dans les toilettes seule et raconter a ses amies des bêtises pour qu'elle ne se doute de rien. Quand une amie s'en rend compte, elle nous fâche, l'entendre nous dire des mauvaises choses, l'écouter quand même dire que l'on fait ça pour "se donner un style" ou pour "faire comme les autres" l'écouter dire que l'on est faible de faire ça mais elle ne sait pas ce qu'on ressent. Entendre les mots affreux de ton amie, qui font extrêmement mal.
Rentrer chez soi, entendre papa crier sur maman, fort, très fort, rien pouvoir faire, rien pouvoir dire, aller dans sa chalbre , se déshabiller, notre petite soeur entre sans frapper, elle voit toutes ces traces, elle nous pose des questions du genre "qu'est ce que c'est ?" lui dire la chose la plus basique; qu'on est tombée dans les ronces, surtout lui dire de faire très attention aux ronces car ça fait très mal, lui dire de surtout rien dire a maman.
Oui cette vie est abominable, rongée par les mensonges, oui j'en souffre.
Cette histoire, mon quotidien.

J'ai commencé a cause de mon père.
"Ne pas savoir qui on est, ne pas Savoir si on vous aimes pour ce que vous n'êtes pas ou si on vous méprise pour ce que vous êtes. Le mensonge tue lentement. Il faut mourrir vite pour cesser de mentir a soi, aux autres, a son père" -Rayane Bensetti-

La mutilation, mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant