Changlix : Witchy

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Ses doigts effleurèrent les premières pâquerettes et il ferma les yeux pour les entendre lui parler. Elles se plaignaient de l'averse de la nuit. Felix rouvrit les yeux, dévoilant ses prunelles devenues violettes alors qu'il laissait son énergie envelopper les fleurs, glisser le long de leurs tiges jusqu'à s'enfouir dans la terre. Là, il absorba le trop-plein d'eau de pluie qui alourdissait leurs racines et le fit s'évaporer telle une bruine légère. Les pâquerettes le remercièrent aussitôt dans un doux chuchotis qui effleura sa peau, et il laissa une dernière caresse sur leurs pétales avant de se détourner, l'esprit léger.

Sa routine matinale était toujours la même, et il appréciait ce cadre immuable. Saluer les fleurs, en commençant par celles qui bordaient sa porte pour finir par celles du bosquet de l'étang. Puis sonder l'énergie de la forêt afin de détecter un quelconque animal blessé ou mal en point. Ensuite, après un rapide et frugal repas, s'occuper pendant une majeure partie de l'après-midi de son potager, ou garder le nez plongé dans ses grimoires pour réaliser les potions nécessaires. Enfin, terminer par un bain de minuit, profiter du calme de la nuit, et se coucher après avoir une dernière fois sondé la forêt.

Felix ne se sentait pas seul. Il avait la nature, les fleurs, les plantes, les quelques animaux qui appréciaient sa présence, il avait l'essence même de la terre, mais aussi ses grimoires, ses potions et filtres et son chaudron. Quand il se tenait, comme à présent, assis au bord de l'étang, ses cheveux blonds réchauffés par le soleil, il se sentait même entier. Toute la forêt qui l'entourait bruissait de murmures, ceux de la végétation qui s'épanouissait grâce à sa présence. Il aurait pu, plusieurs fois, tout abandonner et partir pour les différentes villes qui demandaient sa présence, il aurait pu s'enrichir en vendant ses potions à prix d'or, il aurait pu se mettre au service d'une communauté, mais il avait toujours refusé. Il aimait sa solitude, il aimait vivre au plus près de la nature, il aimait n'avoir pour amis que les animaux et les plantes. Il aimait sa vie. Et il n'aimait pas les humains.

Un son de branche qui craque lui fit tourner la tête et un sourire rayonnant s'épanouit sur son visage quand il vit l'un de ses petits protégés, un jeune faon abandonné par ses parents, s'avancer vers lui sans aucune hésitation pour se blottir tout contre son corps, ses fines pattes repliées. Felix caressa sa tête du bout des doigts avec un son de contentement, utilisant son énergie pour le sonder rapidement. Mais l'animal ne souffrait plus de sa vilaine blessure au flanc, il reprenait des forces. Satisfait, la sorcière reporta son attention sur l'eau claire de l'étang. Pourquoi quitter ce paradis enchanteur pour s'enterrer en ville, loin de la nature ?

***************

Quelque chose avait changé. L'air était différent. Felix frictionna ses cheveux humides avec le drap qui faisait office de serviette, aux aguets. La nuit qui l'enveloppait ne l'effrayait pas, il savait que la nature ne lui ferait aucun mal, mais il sentait confusément un changement d'atmosphère. C'était presque comme si... Il n'était plus seul. Et s'il avait cette impression depuis deux jours, elle s'était accentuée depuis qu'il était sorti de l'étang après son bain rituel du soir. Ses sourcils se froncèrent et il accéléra le pas en direction de sa cabane. Lorsqu'il l'aperçut enfin, au centre de sa clairière, il sentit une montée d'angoisse le gagner. Il y avait quelqu'un.

L'homme qui admirait sa maison se tourna en l'entendant arriver, et Felix agita ses doigts pour faire s'enflammer les mèches des bougies qui encadraient le chemin jusqu'à la porte. L'inconnu ne cilla pas, laissant penser à la sorcière qu'il n'était pas humain lui non plus. S'il l'avait été, il aurait sûrement hurlé de frayeur avant de s'enfuir. Quand il laissa son énergie affleurer pour pouvoir sonder celui qui lui faisait face, il eut la surprise de le sentir lié de manière profonde à la terre. Et pourtant, il n'était pas comme lui, il ne semblait pas maîtriser la magie et les enchantements. Qui était-il ? Devant ses prunelles devenues violettes comme à chaque fois qu'il utilisait sa magie ou son énergie, l'inconnu se fendit d'un sourire qui laissa apparaître des fossettes :

Pêle-Mêle d'OS SKZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant