Il était une fois : Swanqueen [Recueil d'OS SQ]

🦢 - UN - À COUTEAUX TIRÉS - 👑

Regina

♪ J'aimerais - Ornella Tempesta

Dans l'univers de OUAT - À Storybrooke,

La porte de mon bureau s'ouvre à la volée. Une personne entre d'un pas pressé puis s'arrête à quelques mètres de moi. Le silence de plomb qui règne dans la pièce n'est brisé que par l'écho de son souffle court. Mes doigts s'enfoncent dans les touches de mon clavier d'ordinateur malgré moi. Que je le veuille ou non, sa présence ne me laissera jamais indifférente.

— Tu es en retard, constaté-je d'un ton neutre, concentrée sur mon écran.

Elle s'avance, tire la chaise qui lui est destinée et s'y laisse tomber dans un bruit sourd. Je lève les yeux au ciel.

— Quoi ? Ma façon de m'asseoir ne convient pas à sa Majesté ?

Mon cœur loupe un battement. Il y a bien longtemps qu'elle ne m'a pas appelé ainsi. Un soupir m'échappe. Mon estomac se tord. Je chasse les souvenirs qui m'assaillent et secoue la tête. Laissons le passé où il se trouve : derrière nous. Avec les morceaux éparpillés, piétinés et déchirés de notre relation.

— Que tu t'affales sur ton siège m'est égal ; ce n'est qu'un élément de plus sur la longue liste de tes défauts.

— Vraiment ? rétorque-t-elle, une pointe de provocation dans la voix. Je suis curieuse de connaître les autres.

Du coin de l'œil, j'aperçois un rictus étirer ses fines lèvres pâles. Ces lèvres que j'ai si souvent embrassées. Ces lèvres qui hantent mes pensées jours et nuits. Ces lèvres qui ne m'appartiennent plus. Je déglutis. Lorsqu'elle tend le bras pour attraper un crayon, son doux parfum à la cannelle me chatouille les narines. Celui que je lui ai offert pour son dernier anniversaire et qu'elle continue de porter depuis. Comme pour se pavaner sous mon nez, me narguer et me ramener au temps où nous étions unies. Ma gorge se noue. Une époque définitivement révolue.

— Tu manques de professionnalisme, de tact, de bonnes manières, de ponctualité et d'organisation. Tu es insolente, paresseuse, bordélique, impatiente, plaintive, jalouse, caprici...

— Je suis loin d'être la plus jalouse dans cette pièce, Regina. Tu es de mauvaise foi.

— Et impolie, complété-je les dents serrées, tu n'as pas appris à attendre ton tour avant de parler ? Couper la parole à sa patronne est très irrespectueux, Swan.

Emma se redresse puis se penche dans ma direction. Ses iris verts rivés sur moi me déstabilisent. Elle cherche à créer un contact visuel entre nous. Elle cherche à percer mon masque de maire impassible comme seule elle y parvient. Je lutte. L'éviter s'avère de plus en plus difficile. Ma concentration s'effondre. Les chiffres dansent sur mon ordinateur. Mes documents de comptabilité perdent tout leur intérêt en un claquement de doigts. Une bouffée de chaleur me gagne. Ne pas l'observer me demande des efforts colossaux ; ne pas succomber à la tentation de l'approcher relève de l'impossible. Pourtant je n'ai pas le choix. Je ne peux plus me comporter comme nous le faisions avant. Plus maintenant.

— Parce que transformer ta secrétaire en larbin tu crois que c'est mieux ? Depuis que nous sommes séparées, tu ne me confies que des tâches ingrates. Je sais que tu m'inondes de travail pour te venger, que tu as du mal à tourner la page et que tu utilises notre collaboration pour...

— Ne mélange pas le professionnel et le personnel, riposté-je d'un ton cinglant, je ne t'attribue que les missions qui correspondent à ton poste. Si cela ne te satisfait pas, tu n'as qu'à t'en aller, ce ne sera pas une grande perte. Il n'y a pas que toi qui maîtrise l'art de remplacer les gens.