Chapitre 2

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Merlin souffla sur la bougie qui éclairait encore le bureau et les brouillons du prochain traité de paix qu’Arthur s'efforçait de rédiger avec soin et dans lequel, on ne manquerait pas de retrouver le sens de la formule de son très dévoué serviteur. Dans son dos il entendit les draps se froisser et il devina à défaut de le voir, son roi, prendre enfin repos de cette interminable, mais somme toute assez banal, journée de labeur. 

-Vous faut-il autre chose votre majesté ? 

-Non c’est bon Merlin, tu peux disposer. 

Merlin s’inclina à la hâte, bien trop heureux que le soir arriva enfin et rêvant presque de la sensation d’un matelas confortable sous son corps engourdi d’avoir poli l’armure de cérémonie d’Arthur dans son entièreté. 

-Merlin ? 

-Oui messire ? 

-Ne sois pas en retard demain. J’aimerai avoir le temps de savourer mon petit déjeuné pour une fois. Et non de l’engloutir. 

Merlin offrit un sourire crispé et un hochement de tête. Il n’ouvrit pas la bouche car la remarque cinglante qui lui piquait la langue n’aurait pas pû passer pour une simple plaisanterie. Et si il savait qu’Arthur appréciait, bien qu’il ne l’avoua pas, son sens du sarcasme habituel, il avait appris, au fil des années, à savoir quand il fallait se taire. Et c’est sans plus de mots qu’il quitta la pièce. Emportant la dernière bougie, seule source de lumière en ces lieux, avec lui. 

La vaste chambre plongé dans le noir et les yeux d’Arthur clos du sommeil du juste, il ne la vit pas. La couleuvre épaisse et noiratre se glisser habillement par l'entrebâillement de sa fenêtre. Le contact de son corps contre le plancher émit un bruit mat. Des yeux bleu opalin transpercèrent la nuit. Mais dans l’obscurité de cette dernière il ne pû que tendre l’oreille. Le vent. Le sifflement du vent. Voilà ce qui l’avait réveillé. Il maudit Merlin et le tamis qui lui faisait office de cerveau et se résignant à quitter la chaleur de son lit pour fermer cette fichu fenêtre. Mais il ne fit pas un pas. à peine avait-il mit pied à terre qu’une chose s’attaqua à sa cheville. La douleur de la piqûre lui coupa le souffle. Arthur senti le venin prendre possession de son corps à une allure folle. Traversant ses veines jusqu'à embrumer son esprit. Il se sentait partir, comme happé par le sommeil.  Pourtant la seconde d’avant, il n’aurait pû être plus éveillé au vue de la cuisante douleur à sa cheville et en son sang. Et ses paupières se fermaient. Une inéluctable lourdeur les faisaient chuter sur ses iris voilés. Quelque chose en son corps changeait. Un affreux sifflement strident retentit à ses oreilles et puis, ces voix. Deux voix de femmes. Elles parlaient dans une langues dont il ne comprenait mot. Un dialecte ancien. Et ses voix lointaines le terrifiait. Il sentait sa dernière heure venue. Car il ne savait que trop bien à qui appartenait l’une de ses voix. Il avait grandi toute sa vie bercée par sa douceur. Et bien qu’elle n’est plus rien de doux, plus rien de la personne qu’il chérissait alors, il ne pouvait pas ne pas la reconnaître. Sa sœur. Morgane. Le tuait en cet instant. Et il n’avait suffit de rien. D’une fenêtre mal fermée. D’une morsure. Et il voyait à présent sa vie le quitter. La pression dans ses tempes l’assourdissait. Il semblait que le retentissement des battements de son cœur ne fut autre que les tambours de l’enfer. Sa gorge noué, s’est voulant crier mais étant presque inaudible qu’il murmura; 

-à m…moi … Merlin… 

avant de s’écrouler, inerte, sur ses draps défaits. 

Une saison dans le Stupre[Merthur]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant