2-L'odeur de la liberté

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—𝓘𝓷𝓮𝓼—

-Inès ! La vue, les orangers en fleur, le chant des oiseaux, l'odeur de la mer et le soleil ! J'exerce plusieurs tours sur moi-même pour contempler et ressentir encore mieux toutes ses merveilles du monde. Je me sens telle une gamine de trois ans à qui on vient de mettre une fontaine de chocolat avec des fraises en face d'elle. Alors que mes yeux scrutent le magnifique pied d'oranger, je manque de sursauter quand le visage de mon frère apparaît devant moi.

-Tu es devenu sourde ma parole ? Sentant comme une odeur de mauvaise humeur envahir mon frère, je décide de l'ignorer et de le contourner avant de lui répondre.

-Cesse un peu de jacasser et respire, ont est en vacances dans une super maison, avec une excellente vue, il fait beau et puis regarde-moi ce beau pied d'oranger ! Je me retourne vers lui, mais ses sourcils froncés me déboussole. Avant, il se serait émerveillé tout comme moi devant la merveille de la nature, mais depuis ELLE, il n'est plus le même, il n'y a qu'à voir ses cheveux pour comprendre qu'il a changé pour une fille qui ne le mérite pas.

-Ce n'est qu'un vieil arbre. Je soupire, mais ne prend pas la peine de lui répondre et me dirige vers ma mère, chargée de sac jusqu'au cou. J'en prends quelques-uns afin de libérer totalement son bras droit.

-Merci ma chérie, dit moi, il est de mauvaise humeur, j'imagine ? Me demande-t-elle, je la réponds par un hochement de tête après l'avoir jeté un bref coup d'œil. J'espère que les vacances le changera.

-Ne fait pas cette tête, et puis je te parie que dès demain, il aura retrouvé le sourire et la bonne humeur qui va avec. Je suis tenté de lui demander ce qui lui faisait dire une chose pareille avec une telle sûreté, mais mon père nous interrompt. Il pose ses bras musclés d'ancien athlète, sur nos épaules et nous invite à entrer dans la maison. Une fois qu'il nous devance, je vois qu'il a les bras vides. Il pourrait quand même nous aider ! Niveau galanterie, on en reparlera.

-Dis donc papa, tu pourrais nous aider quand même ! Bryan entre à son tour les bras chargés, en disant tout haut ce que j'étais en train de penser il y a à peine deux secondes.

-Je laisse la nouvelle génération s'occuper de ça et puis je ne suis plus tout jeune, tu sais ! S'esclaffe mon père voyant le visage de Bryan prendre une teinte qu'on connaît tous bien depuis ses deux dernières années. Il est en colère.

-Ça te fait rire ? Il y a des gens qui sont vraiment dans le besoin et toi, tu te moques royalement en nous disant des conneries ! Ma mère et moi échangions un regard. Ce même regard que l'on s'échange à chaque fois que mon père et mon frère sont sur le point de se disputer. Ce regard qui dit qu'on n'a plus rien à faire ici. Alors que nous nous éloignons lentement, des éclats de rire surgissent. Et je dois bien l'avouer, je ne m'attendais pas à ça.

Je regarde dans la direction des deux hommes et voie qu'ils se prennent dans les bras et rit au éclat. Bryan rire ?

Au lieu de piquer une crise ?

Finalement maman a peut-être raison après tout, il semble déjà retrouver de sa bonne humeur et son sourire.

-Viens, on va aller ranger nos affaires et puis nous irons faire à manger tous les deux, laissons les entre hommes. Me souffle ma mère, j'acquiesce et nous nous éclipsons.

°°°°

Après avoir fini de préparer le repas, une salade de pâtes aux brocolis et aux saumons, j'annonce à ma mère que je vais prendre ma douche avant le dîner. Durant les dix minutes que je passe sous le jet d'eau brûlant, je pense à ce que je pourrais faire demain. En me séchant, j'opte pour aller me promener un peu et me remémorer les chemins et les paysages d'autres fois. J'en profiterai pour emmener Hoku avec moi.

Je regagne ma chambre, enfile un short et un débardeur assortit. Je m'apprête à sortir de ma chambre quand mon regard se pose sur mon carnet que j'ai posé sur mon bureau un peu plus tôt. Je sens qu'il m'appelle, mais je résiste à son appel et sort de la pièce. Je ne comprends pas pourquoi Bryan déteste le fait que j'aime autant écrire dans un cahier.

Ne cherche pas, c'est un garçon perturbé par sa copine me souffle ma conscience.

C'est vrai...

J'espère que son séjour ici va le remettre les idées aux claires et puis qui sait, on redeviendra peut-êtres plus proches comme on l'était avant. Arriver à la cuisine, je découvre tout le monde déjà installé à table. Mon père rigole avec ma mère et j'ai une fois de plus la surprise de découvrir que Bryan aussi échange et rit avec eux, pour une fois, il n'est pas aigri. Ma mère m'invite à m'asseoir près d'elle dès qu'elle m'aperçoit. Je m'exécute sans me faire prier. Elle commence à tous nous servir puis, une fois notre plat rempli et devant nous, nous mangeons.

-Tu n'as pas ton vieux cahier avec toi ce soir. Me lance mon frère, il a la fâcheuse habitude de me faire chier depuis ce matin. Songeais-je.

-Tu n'as pas ton horrible petit rectangle connecté pour parler à ta pouf. Répliquais-je d'un ton neutre, et l'expression de colère sur son visage m'indique qu'il ne s'attendait pas à ça. Mais il indique aussi qu'il va me cracher son venin dans pas longtemps pour, je ne sais quelle raison.

-Primo ça s'appelle un portable débile, et tu...

-On se calme ! je voudrais qu'on mange dans la bonne humeur pour notre première soirée ici. Intervient ma mère, mon frère soupir et me lance un regard noir avant de se concentrer sur ses pattes.

Bon.

Au moins je ne vais pas être dérangé par mon frère le reste du repas.

Le dîner s'achève sur une petite cantonade que ma mère adore et n'arrêtez pas de nous la chanter quand nous étions enfant, ainsi qu'à chaque fois que nous partons en vacances, ou n'importe tout d'ailleurs.

La fameuse chanson de Charles Aznavour "For Me Formidable" je la connais par cœur depuis des années, et même si avant, je ne l'aimais pas particulièrement, j'ai fini par l'adorer au cours des dernières années.

-"You are the one, for me, for me, for me, formidable, You are my love very, very, very, véritable, Et je voudrais pouvoir un jour enfin te le dire, Te l'écrire, Dans la langue de Shakespeare, My daisy, daisy, daisy, désirable"

Nous chantons tous en chœur avant de quitter la table. Mon père et mon frère partent vers le salon, tant qu'à moi, j'aide ma mère à débarrasser la table. Ce soir ce sont les filles et demain, ce sera autour des garçons d'êtres de corvée. Je dépose les assiettes et les couverts dans le lavabo et ma mère me fait signe que je peux en disposer. Étant donné qu'on vient juste d'arriver à part la vaisselle, rien d'autre n'est à faire, alors j'en profite pour aller nourrir Hoku avant de m'éclipser dans ma chambre et de laisser ma mère s'occuper de la vaisselle.

J'ai hâte d'être à demain et de commencer à écrire quelque chose d'incroyable dans mon cahier. Je n'écrirai rien dedans ce soir, les seules choses que j'ai à dire sont que mon grand frère adorait n'as cessé de me pomper l'air toute la journée !

Et ce cahier est fait pour que je puisse me rappeler l'incroyable été que j'ai vécu ici et non des sauts d'humeur de mon frère.

....

Dear summerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant