Unstable

Chapitre 1

La fourgonnette avait l'air suspecte.

Je la remarquai immédiatement en descendant la rue. Les arbres qui bordaient le trottoir étaient hauts et larges, laissant juste passer quelques rayons de soleil. Le ciel s'était progressivement assombrie, un petit orage approchait grandement, c'est pourquoi je devais rentrer à l'appartement assez rapidement.

Il y avait une camionnette blanche qui roulait lentement, juste à une allure un peu plus rapide que la vitesse à laquelle je me promenais. Je ne savais pas s'il n'y avait pas que moi et mon esprit parano qui avait remarqué la vitesse suspecte de la fourgonnette. Je venais d'envoyer un message à Francine pour lui faire savoir que mon entretien d'embauche s'était mal passé. J'avais essayé d'obtenir un emploi en tant que serveuse dans un restaurant Italien et Américain, et comme je suis américaine, je pensais que ce travail était parfait pour moi.

Mais après avoir essayé pendant une journée, je m'étais faite virée.

Qui savait que le travail de serveuse était si difficile ?

Je renonçai finalement à lui envoyer le message, j'allais simplement le dire à Fran en personne quand je rentrerai à l'appartement. Je me sentais terriblement coupable parce que j'étais la seule de nous trois qui n'avait pas encore obtenu d'emploi. Perrie travaillait à la Couch House, un restaurant traditionnel qui avait une bonne paye, et Fran travaillait comme femme de chambre dans une auberge locale, elle travaillait surtout le matin et revenait avant l'heure du dîner. Mais j'étais là, la seule fille vivant dans cet appartement qui n'avait pas d'emploi. Bien sûr il me restait encore de l'argent pour payer le loyer, mais j'avais besoin de faire quelque chose de plus.

Et j'avais passé entretien d'embauche après entretien d'embauche, en vain.Il était évident que je n'étais pas faite pour mémoriser les commandes et transporter beaucoup de choses sans les faire tomber.

Je frissonnais en repensant à la catastrophe qui avait eut lieu aujourd'hui.

Mais mes yeux se posèrent à nouveau sur la camionnette, et je rangeai mon téléphone dans mon sac. Un étrange sentiment habitait mon estomac, un sentiment d'effroi qui m'était familier. Même si je vivais dans un quartier sûr, avec des voisins proches qui s'aidaient les uns les autres, je savais ce qui se cachait dans les rues maintenant.

J'avais déjà vécu ça.

Ne pense pas à ça, je me châtiais dans ma tête, me forçant à marcher plus vite.

Mais j'avais beau essayer, je continuai à fixer le van. Il y avait un gars, quelques mètres derrière moi, avec de larges écouteurs dans ses oreilles, c'était un grand type avec une tenue simple, les mains enfoncées dans ses poches, les yeux baissés. Mais juste devant moi, il y avait une petite fille sur une bicyclette rose vif, c'était le genre de vélo avec des petites roues de sûretés et des petits rubans sur les extrémités des poignées. Ses cheveux blonds brillaient presque à la lumière du soleil.

La fourgonnette commença à ralentir, et je remarquai qu'elle était étrangement près de la petite fille.

Immédiatement, tout mon corps se raidit de peur, le pire me venant à l'esprit.

La petite fille laissa soudainement échapper un petit cri quand l'une des roues de stabilisation se desserra, la bicyclette s'ébranlant sur le côté. Son petit corps s'éjecta hors du vélo, la tête en direction de l'herbe à côté du trottoir. Je ne perdis pas de temps à courir, spécialement quand je vis le van se stopper soudainement, dans un crissement de pneus.

Non.

Je respirais déjà lourdement au moment où j'arrivai près de la jeune fille. Deux hommes se précipitèrent hors du fourgon. Non, ils ne portaient pas de masques sombres, ils semblaient porter des tee-shirts imprimés. Mais je ne perdis pas de temps à courir en face de la petite fille, qui tentait de soulever le vélo de son corps.