𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏

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˚ Les voeux qui se réalisent par le simple fait d'y croire très fort, ne valent pas grand-chose.˚





Atlantic Terminal (Flatbush Avenue Station) , Brooklyn ,
NY 10010, États-Unis
29 Août 2005.







Assise sur ce banc, je scrute avec attention les portes qui s'ouvrent et se referment en face de moi. Mon regard se perd dans le vide, mais de temps en temps, je distingue les ombres fugaces des voyageurs qui passent, tirant leurs valises derrière eux.

Une heure s'est déjà écoulée depuis mon arrivée. Les annonces diffusées par les haut-parleurs se sont tues depuis un moment.

Mes mains serrent mon billet, le froissant nerveusement. Le froid nocturne de Brooklyn s'insinue en moi, me faisant frissonner. Je tire doucement sur les manches de ma veste pour recouvrir mes mitaines.

J'espère qu'il arrive bientôt, parce que je sens mon corps se glacer à une vitesse fulgurante.

Il y a maintenant 11 ans que mes parents se sont séparés... pour adultère !

Alors qu'il rentrait de son service de nuit, mon père a surpris ma mère dans leur lit conjugal avec un autre homme.

Ce soir-là, dans une ambiance tendue, entre hurlements et larmes, il a quitté la maison. Même si elle était entièrement en tort, ma mère a jeté ses affaires par la fenêtre en l'insultant de tous les noms.

Le bruit des objets qui s'écrasaient au sol a résonné dans le quartier, attirant l'attention des voisins qui se sont précipités sur leurs terrasses pour voir ce qui se passait.

Curieux et avides de potins, ils ont choisi de rester là, observant la scène avec intérêt. Ils chuchotaient entre eux, échangeant des regards complices, prêts à commenter chaque détail. Les ragots se propageaient rapidement, alimentant leur besoin insatiable de connaître les moindres détails de la vie des autres.

Pour leurs plus grands bonheurs, ils étaient devenus les spectateurs privilégiés d'un drame familial, prêts à en discuter longuement une fois la nuit tombée.

« Encore les Hemming's »

« C'est toujours eux. »

Étant la seule famille afro-américaine de ce petit quartier perdu à Staten Island, tout le monde nous connaissait, parfois pas pour de bonnes raisons.

Faut l'avouer, la situation à la maison a toujours été compliquée. Chaque conflit se soldait par une visite à l'hôpital pour coups et blessures, qui étaient rapidement déclarées comme accidents du travail dès que les infirmiers commençaient à poser des questions intrusives.

Trop sympas, les soirées chez les Hemming's.

Bien que des cicatrices profondes marquent sa peau, mon père a toujours refusé de reconnaître qu'il était victime de violences. C'était comme si une sorte de barrière invisible l'empêchait d'accepter la réalité de sa situation.

Je n'ai jamais su si c'était son orgueil, une fierté démesurée, ou bien l'amour aveugle qu'il portait à ma mère qui l'aveugler.

Tout a commencé par des insultes, elle le rabaissait sans cesse, trouvant jamais rien de bon dans ce qu'il faisait, le comparant sans cesse à son entourage. Au fil du temps, ces remarques corrosives ont évolué en menaces. Elle commençait à lui dire, qu'elle lui ferait du mal ou qu'elle s'en ferait si jamais il ne cédait pas à ses caprices.

CARELESS | 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant