Tout commence par un sourire, le sien. C'est un souvenir qui perdure en mon âme comme écrasé sous les ruines de celle-ci. À vrai dire, je ne pourrais le décrire. On ne décrit pas un sourire. Il est en moi pour la vie, que je le veuille ou non. D'ailleurs, personne ne choisit réellement ses souvenirs. Si on ne pouvait garder que les bons, ça se saurait. Moi, j'ai tout gardé d'elle. Enfin, tout ce qui me reste d'elle. Avec le temps, on finit toujours par oublier certains détails, certains événements qui prennent moins de place dans notre esprit. C'est le propre de l'homme, après tout. Mais elle, elle ne s'oublie pas et ce qui a été oublié ne fait plus parti d'elle. Voilà pourquoi j'ai tout gardé d'elle. Et si demain, il ne me restait que la première lettre de son prénom, j'aurai encore tout d'elle, tout au fond de moi. Quant à ce souvenir, ce sourire, il demeure entier. Il est tout d'elle si bien qu'elle même est un sourire à elle seule. Sa mère aurait dû l'appeler ainsi, Sourire. Je songe aux regards interloqués du personnel de l'hôpital. Sourire ? Mais, voyons, ce n'est pas un prénom ? Ah ! Si seulement ils savaient, ces pauvres idiots. Il en est toujours ainsi en amour, les autres ne savent jamais rien. Personne ne sait. Cela dit, ça n'aurait pas été facile de porter ce nom tous les jours, je l'admets. À l'école, le premier jour de la rentrée des classes est une horreur pour beaucoup mais vous imaginez ? La maîtresse qui fait l'appel et qui soudainement s'arrête. Elle, elle ne comprendrait pas pourquoi. C'est son premier jour. Après les rires et les blagues de mauvais goûts des enfants résonnant dans toute la classe, elle attendra avec hâte la sonnerie annonçant la fin des cours pour se ruer vers sa maman et pleurer à chaudes larmes. Au collège aussi, on passerait rapidement du rire aux larmes. Puis, au lycée, les premières tentatives de suicide, les cicatrices d'auto-mutilation sur les bras. Et pour finir, quelques mois avant le baccalauréat, une tentative pas comme les autres. Quelques jours, plus tard, l'enterrement. Heureusement ou malheureusement, je ne sais pas, aujourd'hui, elle est toujours en vie et son prénom n'est pas sourire. Non, elle, elle s'appelle Yousra. Nous nous sommes quittés il y a des années, un soir d'été. Depuis ce jour là, j'ai perdu mon sourire.
J'avais de bonnes raisons de mettre fin à cette relation. D'abord, la première et la plus importante, je l'aimais. J'aimais Yousra d'un amour plus fort que celui des grands écrivains et leurs belles histoires d'amour. Mais l'amour ne suffit pas. Oui, moi qui pensais naïvement qu'il n'y avait que les autres pour faire face à cette stupide phrase. Dans mon plus grand malheur, j'y ai également été confronté. L'amour ne suffit pas. Comme je hais ces mots ! Quelle bêtise ! Si l'amour ne suffit pas, quoi donc alors ? Qu'y a-t-il de plus grand sinon l'amour ? Pourtant, hélas, cette fois-ci, en effet, oui, c'est vrai, je l'admets, pardonnez-moi, l'amour ne suffisait pas. Je l'aimais et elle m'aimait mais... Voilà, c'est ici que prend fin cette phrase. Personne ne me forcera à la terminer de toute manière. Un soir d'été donc, notre amour a pris fin. Yousra pleurait. Elle pleurait beaucoup. Des mois sont passés et rapidement, sans grandes surprises, elle s'est mise à me détester. Pourtant, moi, je l'aimais toujours. Toujours. Bien que le temps soit passé, j'aimais toujours Yousra. Oui, j'insiste, toujours. Encore aujourd'hui. Je n'ai jamais regretté ma décision. Seulement, je n'y peux rien, elle est en moi, dans chaque débris de mon âme. Elle s'infiltre et se propage dans tout mon corps, dans mes organes vitaux. Comme un cancer. Le cancer Yousra. C'est nouveau ? Oui, je viens de l'inventer.
Définition :
Le cancer Yousra est une maladie dévastatrice qui se manifeste chez les individus qui ont vécu une rupture amoureuse traumatisante. Les cellules cancéreuses Yousra se propagent rapidement et de manière incontrôlable, causant une douleur émotionnelle chronique et des dommages psychologiques et physiologiques irréversibles. Cette maladie est caractérisée par une profonde obsession pour l'ex-partenaire, une incapacité à passer à autre chose et une perte totale de motivation pour les activités quotidiennes. Les patients atteints de cette maladie sont confrontés à un avenir incertain, avec peu d'espoir de rémission. Les traitements conventionnels ont peu d'effet sur les cellules cancéreuses Yousra et la guérison est rarement possible. Les personnes touchées par cette maladie doivent faire face à des cicatrices émotionnelles permanentes et doivent bénéficier d'un suivi à vie pour prévenir toute rechute. Il est important de chercher une aide professionnelle si vous ressentez des symptômes similaires à ceux décrits pour éviter une détérioration de la santé émotionnelle et psychologique.
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Tout commence par un sourire
Short StoryExtrait de la prochaine nouvelle en cours, c'est le début du récit.