Unstable

Chapitre 28

"Est-ce que tes parents te manquent ?"

Harry me posa soudainement la question. J'étais tranquillement allongée sur sa poitrine avec un livre devant moi, je l'avais trouvé sur le meuble de Gemma, et il était silencieux, passant ses doigts à travers mes cheveux avec son bras mollement enroulé autour de ma taille. Nous étions supposés aller nous coucher jusqu'à ce que le son de la pluie frappant le toit se fasse entendre, un autre orage se préparait. Les nouvelles disaient que cette intempérie allait durer toute la nuit. Je trouvais que s'endormir avec le bruit de la pluie était apaisant mais que s'endormir avec le bruit de l'orage ne l'était pas du tout.

"Bien-sûr que mes parents me manquent." Marmonnai-je, fermant le livre. "Pourquoi tu me demandes ça ?"

"Tu n'as jamais pensé à aller les voir ?"

Je regardais Harry par-dessus mon épaule, ses yeux étaient fermés dans la relaxation, et sa bouche était légèrement ouverte pour lui permettre de respirer. Il avait l'air vraiment épuisé quand il était rentré à la maison avant le repas, Dieu seul savait ce qu'il avait fait aujourd'hui.

"Non, je n'y ai pas pensé." Murmurai-je, me sentant soudainement après à ce sujet.

"Pourquoi pas ?"

"Parce qu'ils m'ont dit que si je partais, alors il ne fallait pas que je revienne." Ma gorge se rétrécit en me rappelant de ça, et je sentis le bras d'Harry se resserrer autour de ma taille pour me rapprocher de lui. Ses lèvres brossaient ma joue dans un geste affectueux.

"Ils ont l'air d'être des trous du cul." Il marmonna.

"Je n'ai plus jamais entendu parler d'eux depuis." Dis-je doucement. "Ils n'ont jamais fait un effort pour savoir si j'allais bien, ou même si j'étais en vie. Ils ne m'ont jamais envoyé de mail, ils ne m'ont jamais appelé... C'est comme si je n'avais jamais fait partie de la famille, juste comme ils l'avaient dit. Pendant un moment, j'ai honnêtement cru que c'était juste comme ça. Tu sais, des phrases qu'ils ne pensaient pas forcément. Mais je pense que si, finalement."

"Ils n'ont pas l'air d'être de vrais parents." Grommela Harry. "Jeter leur enfant dans la rue avec rien d'autre que quelques billets ?" Se moqua-t-il.

"Parfois je me demande si ce n'était pas une erreur." Murmurai-je. "Parfois je me demande ce que je serais maintenant, si je n'étais jamais parti. J'aurais probablement mon propre appartement avec un job bien payé. Mes parents seraient tellement fiers de moi."

Je pouvais me voir, portant ces modestes robes d'avocat ou porter ces blouses de médecin. Je pouvais me voir avoir mon propre appartement avec mon copain, un petit-ami qui se soucierait vraiment de moi. Nous aurions une vie normale, nous serions mariés, et mes parents seraient toujours là.

Mais maintenant ils étaient uniquement un souvenir long et perdu.

"Je pense que tu as fait la bonne chose." Murmura Harry. "Tu as fait ce que tu voulais faire, Claire. Tes parents avaient l'air de vouloir te contrôler, c'est bien que tu ais voulu construire ta propre vie."
"Tu le penses vraiment ?" Je me retournai pour être face à lui, posant le livre sur la table à côté du lit pour me rapprocher d'Harry. Il retira ses doigts de mes cheveux pour les enrouler autour de ma taille maintenant.

Nos fronts étaient pressés l'un contre l'autre, et je regardai profondément dans ses océans d'émeraude.

"Absolument." Il répondit avec une voix rauque, ses yeux regardant mes lèvres. "Dans un autre sens, ça t'a mené à Londres. C'est définitivement la meilleure idée que tu ais eu."