Partie 2

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15 mars 2009

Une femme et son enfant ont été retrouvés morts chez eux. D'après les premières constatations, la mère aurait reçu un coup de couteau en plein cœur alors que son enfant en aurait reçu une cinquantaine. D'après la police, cette famille était composée de la mère et de deux enfants. Elle est donc à la recherche du deuxième enfant.

Je ne lui ai jamais parlé de mon frère jumeau, ni même de mon passé en fait. Face à mon mutisme soudain, Teru se lève et se met devant moi.

— Où as-tu trouvé ça ? demandé-je

— C'était dans la boîte aux lettres.

J'ai toujours aimé tout contrôler dans ma vie, que tout se passe comme je veux. Mais là, c'est tout le contraire, tout m'échappe. Je ne contrôle rien.

— Tu connaissais cette famille ? demande t-il

— Pas du tout, dis-je en allant jeter l'article à la poubelle, sûrement un con qui a voulu faire une blague.

— Bon, je rentre, je dois aider la famille de Léa à...

Il s'arrête de parler soudainement, les émotions viennent l'envahir et je vois des larmes couler sur ses joues. Je ne sais jamais quoi dire dans ce genre de moments alors je préfère rester silencieux. Il racle sa gorge pour tenter de retenir les prochaines larmes puis me souhaite une bonne journée.

Une fois partit, j'attrape mon ordinateur portable qui est sur le bar et je pars m'asseoir sur le canapé.

— Si tu comptes jouer, on va jouer, chuchoté-je.

Je secoue sèchement ma main afin qu'une carte apparaisse entre mes doigts : Roi de Trèfles. Je la regarde attentivement en calculant toutes les possibilités que m'offre cette carte. Le trèfle est connu pour être le symbole de la chance s'il est composé de quatres feuilles. Mais il peut également rompre un sortilège ou le renvoyer à son envoyeur.

— C'est pas un sortilège que j'ai sur le dos, c'est une putain de malédiction ! soufflé-je.


Le soir venu, je décide de sortir prendre l'air, je n'ai pas pris la peine de prendre des nouvelles de Teru dans la journée pensant que s'il veut parler, il m'appellera. J'entres dans un bar peu fréquenté et m'installe à une table en retrait. On vient prendre ma commande pendant que je jongle avec la carte du roi de trèfles entre mes doigts.

Même mort, cet enfoiré est une putain de menace. Il peut agir quand et où il veut.

Le truc qui me dérange c'est comment a-t-il pu s'y prendre ? Est-ce qu'il contrôle le corps des gens ? S'est-il manifesté face à eux ?

Mon téléphone se met à vibrer, je le sors de ma poche et regarde la notification qui s'affiche à l'écran. Je soupire avant de le poser sur la table. Je ne risque pas de revoir Teru de si tôt avec cette histoire.

— Tu joues aux cartes ? demande une petite voix derrière mon dos.

Je me retourne rapidement et je me retrouve face à un visage angélique. C'est le mot. Je secoue la tête puis je me mets à détailler la personne en face de moi. Une jeune fille d'une vingtaine d'années, les cheveux longs et noirs attachés en queue de cheval haute, elle porte la tenue vestimentaire des employés du bar. Ses yeux me transpercent littéralement par leur couleur verte, ses lèvres sont finement rosées.

— Allô y' a quelqu'un ? dit-elle en secouant la main devant moi.

— Je t'entends, dis-je en me remettant face à ma table.

— Désolée de t'avoir surpris !

— J'ai pas été surpris.

— Le patron m'a demandé de prévenir les clients que l'on doit fermer plus tôt ce soir.

— Pas de soucis, dis-je en me levant.

Je sors un billet et le pose sur la table sans croiser son regard. Au moment où va me rendre la monnaie, je l'arrête.

— Ça te paiera un jeu de cartes, narguer-je avant de quitter les lieux.

Une fois dehors, j'entends la porte du bar s'ouvrir et des pas s'approchent de moi assez rapidement. Je me retourne tout de suite et me retrouve de nouveau nez à nez avec ce gnome.

Elle a deux têtes de moins que moi.

— C'est gentil pour les pourboires, mais j'ai déjà un jeu en vérité, dit-elle en souriant.

— Cool, bonne soirée.

Elle attrape mon poignet, je ferme les yeux quelques secondes pour garder mon calme puis je me tourne encore une fois face à elle.

— La seule particularité de ton jeu, c'est qu'il provient des Ténèbres, affirme t-elle.

Comment peut-elle le savoir, aucun humain n'est capable de détecter l'aura de ces cartes ! Elle sort d'où ? Sur quoi suis-je encore tombé ?

— Je m'appelle Rhéa ! dit-elle en me tendant sa main.

— Oh putain... Bonne soirée ! dis-je en reprenant le chemin de mon appartement.

J'entends ses petits pieds trotter derrière moi, elle arrive à mon niveau puis accélère légèrement pour se mettre devant moi.

— Vire, dis-je calmement.

— Écoutes, je sais que ça peut te paraître étrange mais il faut que tu me crois !

— Bonne nuit ! renchéris-je en reprenant la marche.

— Attends ! dit-elle en se cramponnant à mon bras.

Je continue de marcher pendant qu'elle ne lâche pas prise, ses pieds glissent sur le sol. Je l'entends jurer comme un charretier.

Je m'arrête subitement ce qui lui fait perdre l'équilibre. Je pose mes mains sur ses épaules afin qu'elle ne tombe pas en avant.

— Je peux t'aider à arrêter tout ça, annonce-t-elle. 

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