1 - Conquête qui embête

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Sanji n'était pas quelqu'un de spécialement maniaque. En revanche, il portait un soin tout particulier à l'hygiène dans sa cuisine. Aucun de ses plats n'étaient préparés sans qu'il ne se soit au préalable minutieusement lavé les mains. De plus, il faisait attention à bien nettoyer chaque ustensile à la fin de sa tâche. Et chaque soir, quand le repas était clos et que sa vaisselle n'était plus qu'une histoire ancienne, il attendait d'être seul pour laver en grand sa cuisine, son lieu, son antre.

Il sortait éponges, torchons, produits d'entretien, et le voilà qui astiquait, détachait, faisait briller chaque recoin possible et inimaginable, afin de ne laisser aucune chance à des microbes de se développer. Il se surprenait à chaque fois d'être si fier du travail qu'il menait sur ce bateau.

Ce soir, après ce dur labeur accompli, il monta dans la vigie. Il était de garde. L'équipage avait accosté il y a quelques jours sur une petite île de quelques centaines de kilomètres carrés. Rien d'extravagant, mais il leur fallait attendre plusieurs jours que le log pose se recharge.

Et cette nuit, alors que tout monde était sorti s'amuser de façon diverse et variée, c'était à lui de s'occuper du Sunny. Il s'était installé confortablement sur une des banquettes rouges de la pièce, qui servait également de salle d'entraînement, et avait ouvert une des fenêtres afin de s'allumer une nouvelle cigarette. La fumée s'évanouissait tranquillement dans la nature et ses pensées se portaient sur les diverses occupations auxquelles devaient vaquer ses camarades. Exploration de l'île pour l'un, soirée à des heures indues au bar pour d'autre.

Il n'aimait pas l'idée de savoir ses mellorines seules sans sa protection à l'extérieur mais la rousse avait été intransigeante sur son rôle pendant cette première nuit d'accostage. Il s'y était d'abord fortement opposé, mais il était difficile pour lui de résister aux yeux brillants de ses beautés.

Soudain, alors que tout semblait calme et qu'il remuait ses pensées, il vit une ombre se faufiler discrètement sur le navire, accompagné à son bras par une autre, plus svelte. Cette fois, son attention était à son paroxysme. Ses méninges jouaient au loto pour deviner lequel de ses compagnons avait ramené quelqu'un sur le bateau ce soir, un poil jaloux.

Il fronça les sourcils, déçu, quand des boucles dorées étincelèrent à la lueur de la lune. Fuck. Il était étrangement surpris. Même s'il était un homme comme lui et bien d'autre, il n'avait jamais pensé que son compagnon et ennemi pouvait avoir une vie sexuelle active. Il mâchouilla frénétiquement sa cigarette, piqué au vif par une curiosité incontrôlable. Il se coltinait une nuit de garde pendant que le sabreur s'envoyait en l'air, ça lui était inadmissible et il hésita à sauver à la rescousse la pauvre demoiselle qu'il imaginait aux griffes d'un brusque.

Les deux personnes plus bas entrèrent dans le navire, là où se trouvaient les dortoirs actuellement vides. Il n'était pas assez stupide pour ignorer de quoi allait s'accompagner leur nuit.

Une inconnue sur le navire, Zoro qui avait une vie sexuelle... Une prostitué peut-être ? Peu probable, Zoro n'avait pas de sous, à cause de Nami en soit. Et l'argent de poche qu'elle distribuait pour l'escale ne suffisait très certainement pas.

Il préféra éviter des images indécentes de venir hanter son esprit et divagua plutôt sur les courses qu'il devait faire pendant qu'ils étaient amarrés. Ils manquaient cruellement de viande et de produits frais. Il devait s'occuper de ça une fois le jour levé, à l'heure du marché qui s'étalait joliment dans des effluves de tout genre sur le port commerçant. Il griffonnait sur son carnet différentes recettes qu'il voulait essayer, et des desserts à inventer.

Quelques heures s'étaient écoulées et quand la nuit devint plus claire dans les heures encore froides du matin, et que l'esprit du cuistot fut embué par la fatigue, une silhouette se glissa discrètement en dehors du navire. Le cuisinier n'eût pas le temps de regarder à quoi ressemblait la jeune femme que celle-ci avait disparu dans les rues adjacentes au port. Peu après son éclipse, le Marimo sortit de la chambre, habillé comme il l'était la veille au soir, ne laissant rien paraître.

Mais il semblait alcoolisé et lança un regard vers la vigie.

Le vert savait qu'il serait vu et le blond en était conscient lui aussi. Néanmoins il avait été d'une discrétion absolue. Encore heureux, pensa-t-il, qu'il n'ait rien entendu de ce qui s'était tramé là-dessous.

Les heures avancèrent, et chaque membre de l'équipage revint au furet à mesure de la matinée, dans un plus ou moins bon état. Certains allèrent se coucher pendant que d'autre partaient vaquer à leurs occupations habituelles.

Seul le blond, accompagné de sa liste, descendit du navire afin de faire son ravitaillement. Il s'extasiait, sourire étalé largement sur ses joues, en se faufilant entre les étales et en comparant la qualité des nombreux fruits, épices et poissons qui étaient exposés devant ses yeux.

Alors qu'il choisissait, tel un expert, les langoustines les plus fraîches, il fut absorbé par un doux parfum d'agrume. Il se retourna, et une beauté sans nom, aux longs cheveux blonds, passa près de lui. Il frissonna comme toujours devant une telle merveille de la nature, mais la carrure un peu élancée de la demoiselle raviva en lui le souvenir de la nuit qu'il venait de passer.

Il tentait de s'imaginer qui avait pu accompagner le Marimo dans son lit. Il soupçonnait chaque femme qui passait, se la représentait brune, grande, puis rousse, à forte poitrine, avec des formes à en faire frémir un damné... Son imagination était sans limite dans ce genre d'affaire. Mais une fois encore une pointe de jalousie piquait sa fierté. Lui, le dandy, qui prenait soin de lui et courtisait ces demoiselles, repartait toujours bredouille de ses conquêtes. Il se démenait comme un diable pour parfaire ses tenues, sa coiffure, et il arrivait pourtant rarement à séduire, même lui s'en était bien rendu compte avec le temps.

La seule chose à laquelle il semblait se raccrocher était que le Marimo avait eu de la chance, le coup d'un soir, une conquête inespérée qui ne risquait pas de recommencer. Il se félicitait de ce raisonnement qui tenait la route et repartait plutôt, le panier plein, remplir les cales du navire.


Quand ceci fût fait, que les denrées furent correctement enfermées dans leurs bocaux, à l'abris de leur capitaine affamé, il se permit un petit somme. La sieste finie et de nouveau clinquant, il s'était préparé un café bien mérité. Il s'assit sur une des chaises de la pièce, et soupira d'aise lorsque la tasse chaude atteignit ses lèvres. Alors qu'il avait espéré ce moment pour lui, seul et au calme, un élément perturbateur vint le déranger.



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Merci d'avoir lu ce premier chapitre de mon premier écrit sur ce site. On se retrouve très bientôt, n'hésitez pas à me laisser vos avis.

Behind the door [ZoSan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant