Je pense que maintenant je laisse tout passer au dessus. Après tout ce que j'ai vécu je commence à ignorer. Je pense au futur maintenant. Aie le futur, je me lance dans une nouvelle vie. Nouvelle maison, nouveau travail, nouveaux collègues, ça fait peur de se lancer dans l'inconnu.
Je travail comme dessinatrice de bande dessinée, et on m'a embauchée pour travailler sur un nouveau projet loin de chez moi, il était nécessaire de me déplacer, mais au moins c'est bien payé. La BD parle de super-héros, ce qui n'est pas vraiment dans le cadre que j'apprécie. Moi qui pensait que je travaillerai dans quelque chose qui me plaît, et finalement je suis bien plus intéressée par l'argent.
Franchement, j'aurai bien plus préféré qu'on me propose un job dans le sinistre. Qu'est-ce que j'aime l'horreur, et tout ce qui s'en rapproche. J'avais une histoire en tête mais jamais je ne vais réussir à écrire quoi que ce soit.
Bref, premier jour de travail, mes collègues sont assez marrants et racontent beaucoup de choses, mais je ne me lierai pas d'amitié avec eux. Je ne suis pas venue ici pour me faire des amis après tout.
Je pensais aller me faire tatouer, ça marque un grand changement dans ma vie, un nouvel environnement. Le lieu le plus conseillé est beaucoup trop chère pour mon petit budget, alors je me suis tournée vers un petit salon, j'ai un peu peur mais c'est comme ça et je ne peux faire autrement, au pire je me ferais rattraper plus tard si c'est raté.
Ce soir, en sortant du boulot, je dessinerai mon tatouage, j'essayerai de faire un flash pour que ce ne soit pas trop chère encore.J'ai vécu dans une famille très croyante. Mes parents m'ont appelée Eden, ce prénom me correspond absolument pas, il signifie "le lieu du paradis terrestre", comme si c'est moi j'allais apaiser le monde, ils avaient trop d'espoir. Mon grand frère a été élevés dans cette croyance, mais moi ils m'ont laissée tranquille. Mon frère en avait bavé dans cette famille, alors mes parents m'ont permise de grandir sans toutes ces croyances. A vrai dire ça m'arrangeait, j'étais bien plus tournée vers le triste et le négatif. Quand j'étais petite, j'étais fascinée par la sorcellerie et la mort. Je me suis rapidement tournée vers les esprits. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais depuis je ne suis plus seule. Un esprit me suit. Je ne pense pas que ce soit un décédé, ni un esprit errant, juste un esprit qui me suit. Je l'ai appelé Bob, parce que c'est le premier nom qui m'est venu en tête. Il ne parle pas, mais il est là, et depuis qu'il est là je n'ai plus peur, et on ne m'a plus embêté. Je le vois comme un esprit protecteur. Je ne sais pas vraiment ce qu'il veut, mais souvent je lui laisse une pomme sur une table pas loin de mon lit, et le lendemain elle est consommée. Bob grandit, à l'origine, ce n'était qu'une petite étoile toute mignonne, je l'ai dessiné des centaines de fois. Chaque fois que ma tristesse ou ma colère m'envahissaient, il grandissait, et je me calmais. Son premier changement était radical, il avait pris forme humaine, de ma taille environ, donc 175cm. Il avait un grand sourire avec des dents pointues. Il n'avaient pas d'œil, ni de nez, je me sentais absorbée par l'endroit où devaient se trouver des yeux.
Il est relié à moi par une chaîne qui lie son dos au centre de mon torse, dans le trou entre mes côtes. Cette chaîne est spirituelle, et je pense qu'on l'a créé ensemble, en se liant d'amitié peut-être. Pourtant je ne sais pas réellement comme communiquer avec lui. Je lui donne des pommes comme pour Ryuk. J'avais essayer d'autres aliments comme une poire ou encore des fraises, mais la poire s'est retrouvée par terre et les fraises avaient été recouvertes par un mouchoir. Je ne lui donne plus que des pommes maintenant.
J'avais été seule pendant plusieurs années de ma vie, avec un harcèlement considérable. Bob m'a sortie de ça, et quand il est arrivé, les autres enfants commençaient à avoir peur. Après chaque coup qu'ils m'infligeaient, ils se faisaient mal en tombant par terre, ou ils se faisaient gronder par la maîtresse, alors ils se sont éloignés. Bob m'a beaucoup aidé, et au lieu d'avoir peur de lui, je lui ai fais très vite confiance.
Très récemment, il a eu des ailes. Deux grandes ailes bleus. Il les a eues quand je pleurais par peur de déménager. Finalement le voir comme ça m'a rassuré, je l'ai vu comme une preuve de liberté. Je prenais mon envol grâce à lui.En venant ici, je ne pensais absolument pas à me faire des amis ou même me trouver un partenaire. Bob l'était, même si ce n'était pas une relation amoureuse entre nous. Il me suffisait, je n'avais guère besoin de plus. Quand je dessinais je voyais bien qu'il m'observait. Il faisait attention à chaque trais. Et même s'il ne me donnait son avis, le sentir observer ce que je faisais me faisait rire et me rassurait, c'était suffisant.
Je ne fais pas très attention à mon physique. Les cheveux courts teints en bleu pastel en pétards, je n'ai pas le temps, je suis une artiste alors généralement je ne fais pas attention. L'air toujours fatiguée, je travail presque tout le temps, je n'ai pas vraiment le temps de me reposer. Je vernis mes ongles en noirs, et avec ma peau blanche on dirait littéralement un cadavre.
Du côté vestimentaire, je m'habille du côté streetwear, avec des pantalons cargos avec des sangles, un sweat à capuche noir, avec un t-shirt blanc et des chaines par dessus. Je traine toujours avec mes écouteurs dans les oreilles, pour rester tranquille en toutes circonstances. J'ai quelques piercings, un anneau à la lèvre, sur le côté, et beaucoup aux oreilles.
Je ne fume pas contrairement aux apparences. La cigarette ne m'attire pas plus que ça, et l'odeur ne me dérange pas. Je trouve ça pas spécialement utile, à part pour m'attirer des maladies.Première semaine de travail terminée et enfin l'accès au tatouage. Un petit poulpe tout mignon, il a peut être beaucoup de détails mais bon, ça devrait aller.
J'y vais le soir, dès la sortie du travail, plus tôt j'y vais, mieux je me sentirai. Je me retrouve dans une ruelle sombre, pile le style d'ambiance qui me plaît. Un homme se balade dans cette ruelle, complètement défoncé par l'alcool et les drogues, mais je l'ignore et trace ma route.
Quelques mètres plus loin j'arrive devant le salon. Il est plutôt petit, mais chaleureux. Enfin, chaleureux à mes yeux, mais dedans il y a pleins de dessins, de boucs, de dragons, et même certains avec des pentagrammes. L'endroit idéal pour moi, d'incroyables crânes recouvraient les meubles, certains avec un couteau, d'autres unis.
A l'intérieur la tatoueuse venait d'encaisser un client. Elle est clairement le style de personne que j'évite car dans la plupart des histoires que je lis, ce sont ce genres de personnes qui sont dangereuses. Je suis clairement illogique, mais je prend quand même des précautions pour survivre, même si finalement on est pas si différente. Tout de même, elle m'intrigue. Bizarrement, je veux en apprendre plus d'elle.
Elle est plus petite que moi, elle a les cheveux longs semi attachés, des piercings un peu partout, des tatouages super beaux et complets. J'en ai vite déduis que c'était une bonne tatoueuse.
Je m'approche d'elle pour lui parler, mais mes qualités d'oratrice était tellement basse que j'ai laissé un vide de plusieurs secondes. Elle l'a rapidement coupé pour m'interroger.
Sa voix cassée par la consommation de cigarette me demande si je suis une cliente. Question légèrement stupide d'après moi. Je lui répond souriante, et s'en suit une conversation banale entre vendeur et client. Malgré ma timidité, je rassemble le peu de courage en moi et essaie de créer un lien.
Ma première question, que je trouve débile à pauser, est "Où vous-êtes vous fait percer ?". Franchement, ça se voit que je ne sait pas vraiment faire la causette. Elle répond tranquillement à cette question mais n'en dit pas plus. Elle n'est pas vraiment ouverte à la conversation on dirait. J'essaie une dernière fois, avec un peu de chance on aura une conversation intéressante au lieu d'un long vide. Je commence à parler de mes centres d'intérêts : les morts.
Quelle idée stupide quand on y réfléchi, mais cette fois-ci elle y a répondu avec beaucoup plus d'entrain. Pendant que moi je souffre le martyre, on se raconte nos histoires paranormales respectives, sans jamais dire un mot sur Bob. Enfin "on se raconte", c'est plus elle qui me raconte tout. Mais après tout j'aime beaucoup trop les histoires dans ce sujet, alors j'écoute, ignorant la souffrance.
Vers la fin de la "séance", juste avant de payer, elle me propose d'aller boire un verre dans un bar pas très loin parce qu'elle a fini sa journée. Dis comme ça j'ai commencé à avoir à faire à quelqu'un qui cherche juste un plan cul, mais elle m'a rassurée en me disant qu'elle faisait ça avec chaque dernier client. Je ne trouve pas ça très rassurant mais j'ai suivi. J'en avais bien besoin. Surtout qu'elle a utilisé l'argument parfait : "je payerai ne t'inquiète pas", bon, si tu payes je suis d'accord.
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Butterflies
SpiritualLes esprits n'ont pas l'air d'apprécier certaines liaisons, surtout du côté des troubles mentaux. On ne sait pas vraiment s'ils mentent n'est-ce pas ? De notre côté on ne le voit pas, mais peut-être que le monde invisible existe vraiment. Moi je pen...