Partie 2

10 6 11
                                    

Comme chaque matin, en allumant la télévision pour écouter les informations, j'apprends le décès d'une nouvelle fille. Mon cœur s'emballe en attendant de savoir son identité. Je me retrouve rassurée en entendant que ce n'est pas Rhéa, ce qui m'étonne.

Un cri provenant du hall de l'immeuble me sort de mes pensées, je sors de mon appartement et regarde par-dessus la rambarde. Quelqu'un a retrouvé le corps de mon pote d'hier soir.

La femme qui l'a découvert regarde dans ma direction, puis dans une autre, elle saisit son téléphone et appelle les secours. Je rentre dans mon appartement, je récupère une tasse de café avant d'aller me caler au même endroit afin de profiter de la scène.

La femme continue de regarder aux alentours, à aucun moment elle ne s'arrête sur moi, pourtant, je suis bien là. Quand les secours arrivent ainsi que la police, ils ne peuvent que constater le décès.

— Sans blague, sourié-je avant de prendre une gorgée de café.

La police lui demande si d'autres personnes habitent dans cet immeuble, je me mords les lèvres quand elle annonce que sur cinq appartements, seul celui du dernier étage n'est pas habité. Le mien.

Je décide de rentrer dans mon appartement en prenant soin de claquer la porte. Aussitôt, j'entends des pas dans les escaliers qui se dirigent jusqu'ici.

On frappe à la porte, je m'assois tranquillement sur mon canapé.

— Police, ouvrez ! fait une voix grave

— C'est ouvert, lâché-je.

La porte s'ouvre brusquement, les policiers entrent et regardent autour d'eux.

— On a bien entendu cette porte se fermer non ? demande son collègue.

— Mais bien sûr ! s'agace t-il

— Comment ça se peut, regarde l'état de cet appartement ! Ça doit faire des siècles que personne n'y vit !

Ils passent devant moi afin de vérifier qu'il n'y pas âme qui vive. Je les vois monter les escaliers tout en buvant mon café.

— Qu'ils sont cons, m'amusé-je.

Ils redescendent quelques minutes après, totalement déconcertés.

— Cette porte a claqué ! s'assure le chef, il y avait forcément quelqu'un.

Je me place face à lui et l'observe. Je souffle sur son visage, il a un mouvement de recul.

— Putain c'était quoi ça ! dit-il

— Qu'est-ce qu'il y a ? questionne son collègue.

— J'ai senti un souffle sur mon visage !

— Ressaisis-toi, les fantômes n'existent pas ! rit-il

Je regarde dans sa direction, un rictus se dessine sur mon visage. Je récupère un coussin sur mon canapé pendant que les deux policiers commencent à paniquer en le voyant léviter.

— Putain mais c'est quoi ce bordel ? s'inquiète l'un d'eux.

— On se casse, on la ferme ok ! On a rien vu ! On va nous prendre pour des fous !

Aussitôt sa phrase achevée, ils sortent rapidement de mon appartement.

— Bande de fragiles, rié-je.

Une heure plus tard, alors que la police est encore sur place pour continuer l'enquête, je quitte l'immeuble sans qu'ils s'en aperçoivent.

Une fois assez éloigné, je ferme les yeux puis quand je les ouvre de nouveau, les passants font attention à ne pas me bousculer tout comme moi j'évite tout contact avec eux.

Être une âme errante a un côté pratique : je peux être invisible aux yeux des gens quand je le souhaite. C'est une des raisons pour laquelle je ne serai jamais relié aux affaires de meurtres. Un fantôme ne tue pas. Du moins, pas dans l'esprit des vivants.

Je me dirige dans le bar où j'ai rencontré Rhéa et demande à l'un des serveurs si elle est présente. Celui-ci me répond qu'elle n'est pas venue travailler ce matin.

— Elle habite où ? demandé-je, je viens d'arriver en ville, je suis censée la rejoindre chez elle mais elle a oublié de me donner son adresse !

— Comment savez-vous qu'elle travaille ici ?

— Parce qu'elle me l'a dit !

Il prend un post-it et un stylo et note son adresse avant de me le confier. Je lui souhaite une bonne journée avant de sortir du bar. Je lis les instructions, mon cœur rate un battement en voyant l'adresse. Elle vit chez Rozenn.

— C'est quoi encore ce bordel...

J'évite de me mettre à réfléchir maintenant et me dirige de ce pas chez elle. Arrivé à une intersection, quelques mètres avant l'immeuble, une main m'attrape par le bras et me tire sur le côté. Au moment où je compte rétorquer, je baisse mon bras en voyant Rhéa devant moi. Elle a des entailles de partout. Sur les bras, les hanches, le cou.

— Ils ont tenté Noah, chuchote-t-elle

— Pourquoi tu n'es pas restée à l'appartement bon sang !? demandé-je

— J'ai pris peur ! Je m'étais dit que si ça se trouve, tu m'aurais tué dans mon sommeil !

— T'es conne ou quoi ? Je ne tue pas !

— Et le mec d'hier, tu ne l'as pas tué peut-être ? grince-t-elle

— Ça ne compte pas ça, me défendé-je.

Je regarde l'état de chacune de ses blessures, certaines sont légères, notamment celles sur les hanches mais par contre, celles des bras et du cou, sont un peu plus profondes, le sang continue légèrement de couler par endroit.

— Rentrons, tu dois être soignée ! dis-je en la prenant par le poignet.

— Ils ne sont pas loin, panique-t-elle.

— Et donc ?

— Ils sont plusieurs ! Tu es seul !

— Et donc , répété-je en arquant un sourcil.

Je secoue mon bras afin de faire apparaître une carte entre mes doigts : As de carreaux. Parfait !

— C'est quoi ? me demande t-elle en regardant

— Leur arrêt de mort.

Kingdom of CardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant