Partie 3

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Sans en dire plus, j'enlève mon sweat afin de cacher ses blessures puis je la tire hors de la ruelle et on se dirige vers mon appartement. Je sens des regards se poser sur nous.

— Quand tu disais plusieurs, combien à peu près ? questionné-je sans m'arrêter de marcher.

— Six ou sept.

A peine a-t-elle répondu que trois d'entre eux viennent se mettre devant nous. Trois autres se placent dans notre dos.

— T'es au courant que tu tente de te barrer avec notre jouet ? dit l'un d'eux qui semble être le chef.

— Un jouet ? répété-je

— Tu vas nous la rendre et te barrer gentiment comme un bon garçon, j'ai pas que ça à foutre !

— Un jouet ? répété-je

Il se mord les lèvres, la colère se lit dans ses yeux. Il fait signe à ses hommes qui se rapprochent de nous. Malgré moi, je colle Rhéa contre moi.

— Tu as peur ? chuchoté-je tout en regardant les gars s'avancer.

— Oui.

— Alors ferme-les yeux.

Une fois qu'elle m'a obéi, je ressors la carte de l'As et la jete au sol. Le contact de celle-ci avec le béton crée une onde de choc qui les propulse contre les barres d'immeubles violemment. Les éclats de pierres en décapitent certains, d'autres finissent avec des membres sectionnés avant d'être enseveli.

— On se casse, dis-je en reprenant la route.

Je m'arrête quelques mètres avant l'entrée de mon immeuble et me mets face à Rhéa.

— Dans quelques secondes, je ne serai plus là jusqu'à ce qu'on soit chez moi, dis-je, donc ne me parles pas.

A peine ai-je fini ma phrase que je deviens invisible à ses yeux.

— Je t'expliquerai pourquoi quand on y sera ! dis-je.

Elle regarde dans ma direction, stupéfaite mais joue le jeu. On entre dans l'immeuble, elle est interpellée par un homme des forces de l'ordre.

— Mademoiselle ! Seuls les résidents peuvent entrer ici jusqu'à nouvel ordre.

— J'habite ici, assure Rhéa.

— Quel appartement ? Avez-vous vos papiers ?

Elle sort mon portefeuille de ma poche, je me mets à sourire quand elle présente la carte d'identité.

— Bien, vous pouvez y aller.

Elle le regarde étonnée puis jette un rapide coup d'œil sur le document. Elle remercie l'homme puis on monte jusqu'à chez moi.

Une fois à l'intérieur, je redeviens visible. Elle me regarde étonnée en montrant la carte d'identité.

— Oui, c'est la mienne, dis-je amusé

— Non y a marqué mon...

Elle se rend compte que les informations ont changés.

— Je ne comprends plus rien, dit-elle en remettant le portefeuille dans mon sweat avant de le rendre.

— C'est ça qui est marrant.

Je sors une trousse de soin du placard mural puis la jette sur Rhéa.

— Soigne-toi.

— T'es d'une douceur toi ! lâche-t-elle en l'ouvrant.

— On me l'a souvent dit.

— Je peux t'emprunter la salle de bain ? demande t-elle.

Partager ma salle de bain. Avec une fille. MA salle de bain. Elle se met devant moi et me fixe de ses yeux émeraudes.

— Me désinfecter alors que je ne suis pas lavée ne sert à rien, dit-elle.

— Fais... Fais ce que tu veux, bafouillé-je.

Avant de monter, elle soupire et se tourne de nouveau vers moi.

— Je n'ai pas d'habits de rechange.

Je sens mes joues flamber à une vitesse, je bégaie deux fois plus en lui disant que je n'ai rien de féminin pour elle.

— Pour me dépanner !

— Et quoi ? lâché-je, tu comptes t'habiller avec un boxer, un jogging et un t-shirt qui fera deux fois ta taille ?

— En attendant de pouvoir récupérer quelques affaires ? Oui !

Je déclare forfait en lui disant de se servir dans mon placard, elle me sourit en me remerciant puis monte à l'étage. Je me laisse tomber sur mon canapé puis me passe une main sur le visage en soupirant.

Quelques minutes après, je la vois descendre en jogging et avec ma veste "Bad Omens". Elle se passe les mains dans ses cheveux mouillés puis les attache avec sa pince. A ce moment, on tape à la porte.

— Le flic de tout à l'heure, lâché-je

— Hein ?

Je me mets derrière elle et lui mets la main devant la bouche en lui demande de se taire jusqu'à nouvel ordre.

— Mademoiselle, pouvez-vous ouvrir je vous prie ! C'est la police !

Voyant qu'il n'obtient aucune réponse, il prévient qu'il va défoncer la porte. Comme il n'a toujours pas de retour, la porte finit par s'ouvrir brutalement.

Rhéa sursaute, je sens son coeur battre rapidement.

— C'est quoi ce bordel, lâche le policier complètement désorienté.

Un de ses collègues arrive et réagit de la même façon.

— Mais une fille vit ici, je l'ai vu bordel ! J'ai pas rêvé ! continue t-il

— Cet appartement n'a plus été reloué depuis le meurtre d'une mère et de son fils ! assure son collègue.

Je me mords les lèvres après qu'il est raconté cela, je sais que Rhéa risque de me poser des questions.

— Mais je lui ai parlé ! Je l'ai vu monté ! se défend le gendarme.

— Tu vois bien que c'est inhabité ! T'as vu l'état de l'appartement ?! C'est quoi ton problème sérieux ? T'as picolé encore ?

— Mais non !

— Partons d'ici ! Tu nous fais perdre du temps sur l'enquête avec tes conneries !

Ils quittèrent l'appartement énervé et confus de leur découverte. Avec ma main de libre, je remets la porte en état et la referme. Je libère ensuite Rhéa qui se tourne aussitôt face à moi, l'air perdue.

— Je suppose que tu veux que je t'expliques ? Si c'est le cas, pose tes fesses sur le canapé, et je vais faire du café.

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