Chapitre 10

3 0 0
                                    


 Le lendemain, les enfants se retrouvèrent tous dans la cour intérieure de l'hôpital comme si de rien n'était. Le soleil brillait dans le ciel. Quelques nuages arrivaient depuis l'Est poussés par de petites brises. Il ne devait pas être loin de midi. Cela était facile à deviner parce que c'était la seule heure où la lumière envahissait toute la cour.

On y entendait une multitude de bavardages avec une discussion à l'article du jour : la punition de deux jeunes filles. Les murmures fusaient sur leur passage.

Manon avait eu du mal à marcher jusqu'à Marine. Elle avançait vers elle en se tordant de douleur. Marine, elle, se tenait un peu bizarrement, les muscles crispés par la douleur. Mais elle parvenait à bouger sans trop de peine. C'était probablement l'habitude. Il lui semblait qu'elle avait beaucoup moins mal que la première fois.

– Comment ça va ? lui demanda Manon.

Elle fit une moue, le visage contracté par la douleur et s'essaya par terre en tentant de prendre une attitude décontractée. Marine eut un sourire en coin.

– Ça va. Et toi ? Pas trop mal ?

Manon eut un rire ironique.

– Ouais, bon. Je vais vivre quoi.

Les deux amies se mirent à rire ensemble.

Elles ne lâcheraient rien. Jamais. Elles ne cesseraient jamais de s'opposer au colonel. Quel qu'en soit le prix. Si elles ne faisaient rien face à tant d'injustices, elles ne seraient plus que des lâches. Réduites au même rang que leurs agresseurs.

Une nouvelle série d'éclats de rires retentit près de deux jeunes filles. C'était Dylan, Jeremy et Paul. Ils arrivaient en courant et étaient littéralement morts de rire.

– V... vous.... vous ne pourrez... ja... jamais nous croire ! déclara Dylan entre deux éclats de rire.

Il s'accoudait sur Paul pour ne pas tomber par terre à force de rigoler. Le second garçon était aussi hilare que lui. Jeremy lui était bien plus calme, comme toujours, il n'affichait qu'un très large sourire et riait doucement de temps à autre.

– Vous allez rire ! fit Jeremy en riant doucement tout en plaçant ses mains devant lui en un geste apaisant. Ce con de Dylan vient de jouer un sale tour à un ami que nous avons en commun...

Dylan éclata d'un rire encore plus fou.

– Attends ! fit Paul en se calmant un peu. Ne leur dis pas tout elles doivent deviner qui !

– Bien sûr ce que je viens de dire est à prendre au second degré. Alors qui est-il ?

Manon fit un petit rire, elle semblait être amusée par la situation.

– Je ne sais pas moi... Ryan ?

Les trois garçons explosèrent de rire une nouvelle fois.

– Second degrés ! répéta Dylan.

Marine cherchait de son côté. Qui mériterait d'avoir un sale tour ? Le bourreau peut-être ? Non. On ne le voyait que pendant les châtiments. Il ne sortait jamais autrement. Les gardiens du couloir ? Le gros peut-être ? Non. Lui jouer un mauvais tour aurait été plus du sadisme qu'une source d'hilarité. Il pleurait déjà régulièrement, pas besoin d'en rajouter. Le mince alors ? Non plus. Ce serait drôle, en effet, mais il était bien trop intelligent pour tomber à coup sûr dans le jeu d'un gamin de douze ans. Dans ce cas, il ne restait plus qu'une seule personne...

Les pensées furent coupées court, stoppées par un cri déchirant la cour toute entière et le ciel avec elle. Un cri d'homme. Il résonna dans tout l'hôpital et retomba sur la cour. Les murmures et les discussions des enfants s'arrêtèrent net. Un second cri éclata, plus fort cette fois et plus proche.

L'Avarielle - La légendeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant