Vingt-quatre

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Paris,
juin 2022

𝗗𝗲𝗻𝗶𝘇

Le bar se vide petit à petit et je quitte le comptoir pour aller nettoyer les tables et ranger les chaises, je prend un chiffon et commence à nettoyer quand soudainement la voix de Mathieu sort des enceintes, je tourne ma tête vers Pedro en arquant un sourcil et il m'offre seulement un clin d'œil.

- Fais pas cette tête mija, c'est Quentin qui me l'a fait connaître et je dois dire que j'aime beaucoup. Me dit Pedro.

- Oui bah faut pas écouter Quentin et tu devrais le savoir depuis le temps. Je rétorque et il hausse simplement les épaules en souriant discrètement.

Je soupire et termine de nettoyer les tables vides puis je passe un coup de balais avant de revenir derrière le comptoir pour y passer un coup de chiffon. Je finis par m'arrêter et m'assoir sur un tabouret devant le bar avec un verre de Coca Cherry.

- Qu'est-ce qui ne va pas maintenant ? Me demande mon patron et je fronce les sourcils.

- Maintenant ? À croire y'a toujours un truc qui va pas avec moi. Je maronne.

- C'est toi qui le dit pas moi. Souffle t-il et je souris.

- Comment t'as su que t'étais amoureux de Florence ? Je lui demande et il sourit avant de toucher son alliance accrochée à une chaîne autour de son cou.

- Florence est la première et la seule femme dont je suis tombé amoureux alors je l'ai su assez rapidement, c'était nouveau comme sentiment, j'étais nerveux avec elle, j'avais peur qu'elle ne m'aime pas en retour. M'explique t-il avec nostalgie.

- Mais tu savais au début que vous vous parliez parce que vous vous plaisiez mutuellement non ? Je demande et il secoue négativement la tête.

- Absolument pas, j'ai faillit la renverser avec ma voiture, c'est comme ça qu'on s'est rencontré. M'explique t-il et j'ouvre grand la bouche.

- Pedro ! Tu m'étonne que t'étais nerveux qu'elle ne t'aime pas, t'as quand même faillis la tuer. Je lui dis et il rigole.

- Je l'ai même pas frôlé, quand je l'ai vu traverser sans regarder j'ai freiné aussitôt, au pire j'ai frôlé son sac.

- Et comment vous êtes passé d'un accident à une relarion amoureuse alors ? Je demande en posant mon visage dans mes mains.

- À cette époque je parlais très peu français alors quand je l'ai entendu parler cette langue j'ai essayé du mieux que je pouvais de m'excuser comme il se doit et elle a juste rigoler.

- Juste rigoler ? Elle a même pas dit que t'avais un accent tout mignon ? Je demande et il secoue négativement sa tête un sourire en coin.

- Durant notre court échange j'ai compris qu'elle est était en vacances ici à Alvarado pendant deux semaines alors je lui ai proposé un marché.

- Quel marché ? Je demande plus que curieuse.

- Qu'elle m'aide avec mon français et moi je lui fais visiter les meilleurs endroits de la ville, ceux qu'un guide ne montrera jamais. M'explique t-il en souriant.

- Et elle a accepté ?

- Bien sûr qu'elle a accepté, alors on a passé deux semaines à se voir tout les jours et deux jours avant son départ j'ai eu la boule au ventre, la boule au ventre parce qu'elle allait rentrer en France et peut-être rencontrer un homme.

- C'est comme ça que t'as su que tu l'aimais ? Je demande en me redressant.

- Oui alors je lui ai dis tout simplement et elle m'a proposé de venir vivre en France mais seulement si je le voulais vraiment, elle ne voulait pas m'arracher à mon pays, mon Mexique, mais pour moi ce n'était pas un choix difficile puisque le soir même ma valise était faite.

Je souris les larmes au yeux de le voir aussi émue et toujours autant amoureux d'elle comme il y a trente ans.

- Et le premier bisou ? Je demande et il rigole de bon cœur.

- La veille de notre départ elle est venu toquer chez moi tôt le matin, j'ouvre la porte et c'est elle qui fait le premier pas et qui m'embrasse et depuis ce soir j'ai su que c'était définitivement la femme de ma vie.

- J'aurais aimé la rencontrer, elle avait l'air extraordinaire. Je lui dis en posant mon regard sur le cadre derrière lui, Florence et Pedro le jour de leur mariage.

- Elle t'aurait beaucoup aimé et sûrement beaucoup mieux aidé que moi question histoire d'amour. Souffle t-il et je pose ma main sur la sienne.

- Tu m'a aidé Pedro, je ressens une boule au ventre depuis quelques jours quand je pense à après le mariage et j'ai peur de ne pas réussir à me remettre de notre fausse relation avec Mathieu. Je lui avoue en sentant un léger poids s'enlever de mes épaules.

- Dis lui alors Deniz. Me dit Pedro en posant une main réconfortante dans mon dos.

- J'ai pas le même courage que toi Pedro et j'ose pas faire le premier pas comme Florence. Je lui avoue timidement.

- Je comprend mija mais si tu ne fais rien alors tu regretta un jour, surtout quand tu le verra heureux avec une autre femme que toi.

- Pas besoin remuer le couteau dans la plaie en y versant de la sauce piquante Pedro. Je râle et il rigole.

- Je te montre seulement ce que tu aura si tu n'ose pas Deniz. Me dit-il avec plus de douceur. Aller prend tes affaires et rentre réfléchir à tout ça.

- T'es sûr ? Je lui demande. Tu veux pas que je reste pour t'aider ?

- Mais non, Gérard est là pour m'aider. Me dit-il en rigolant.

Je tourne la tête vers Gérard, notre client fidèle endormi sur sa table, sa bière toujours tenue précieusement dans sa main.

- Une grande aide. Je rigole.

- Bonne nuit Deniz. Je souris et fais le tour du bar pour venir le prendre dans mes bras. Rentre bien.

- Bonne nuit à toi aussi Pedro.

Il embrasse le sommet de ma tête et je récupère mon sac avant de quitter le bar, je sors mes clés et débrouille ma voiture avant de m'assoir derrière le volant avant de démarrer pour rentrer chez moi.

Sur le chemin je repense aux mots de Pedro et j'ai vraiment pas envie de voir Mathieu avec une autre femme même si je suis pas encore totalement sûr de mes sentiments.

Je me gare en bas de chez et quitte la voiture avant de m'engouffrer dans mon immeuble, je monte les escaliers et déverrouille ma porte avant de la claquer et de la verrouiller de nouveau. Esquimaux arrive et je lâche mon sac pour prendre mon fils dans mes bras.

- Tu m'a manqué Esquimaux. Je lui dis en lui faisant un bisou sur la tête. J'ai besoin de toi, tu crois que je devrais parler à Mathieu de ce que je ressens ou pas ?

Pour seule réponse, il m'offre un ronronnement, je soupire avant de rigoler, suis-je désespérée au point de demander des conseils à mon chat ? Sûrement oui. Je le laisse repartir et je pars dans la salle de bain pour me mettre en pyjama et me brosser les dents avant d'aller me glisser dans mon lit vite rejoins par Esquimaux qui se cale contre moi.

- Bonne nuit Esquimaux.

nous deux c'est mieux | plkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant