Seattle est une ville splendide mais elle l'est encore plus quand on s'en éloigne. Les montagnes et les collines qui la bordent regorgent de vallées, de sentiers et de coins perdus au beau milieu de la nature. Si on s'amuse à s'y aventurer, on peut découvrir des endroits féeriques telles que des cascades cachées dans la forêt, de larges prairies dissimulées entre les sapins immenses et majestueux ou des lieux hauts perchés offrant une vue panoramique sur la ville au loin.
Ici, l'air est pur, bourré d'oxygène et sans pollution. En d'autres termes, différent de celui de la ville en contrebas. Il n'y a pas de grands gratte-ciels à vous couper le souffle, de boutiques huppées ou de monuments historiques dignes des plus belles cartes postales. Mais le paysage n'en est pas moins beau.
Quand je regarde le décor autour de moi, j'ai l'impression d'être au coeur d'un autre monde. La nature s'étend à perte de vue, au sol comme en hauteur, les animaux de la forêt comblent le silence environnant par de petits bruits qui leur sont propres et l'atmosphère est incroyablement reposante et paisible. Tout paraît sans défaut. On a du mal à croire qu'une ville aux milliers d'habitants et aux rues faites de goudron domine l'espace à quelques kilomètres de là.
Devant moi, Cameron marche tranquillement, tenant les bretelles de son sac à dos, levant le nez de temps à autre pour admirer les divers spécimens qui planent au dessus de nos têtes. Sa chienne Buffy galope joyeusement autour de nous. Elle est suffisamment obéissante pour que Cam lui permette de gambader sans laisser. La boule de poils gris trottine tranquillement à côté ou devant nous, monte sur les talus, renifle des points précis ici et là et jappe après quelques oiseaux volant trop près de nous. Elle est parfaitement dans son élément.
Nous sommes partis depuis quelques heure et Cameron et moi n'avons échangé que quelques mots. Il est venu me chercher ce matin à dix heures et nous avons roulé une bonne demi-heure avant de nous arrêter sur un parking de fortune près de la forêt. Cam a l'air de bien connaître les environs. Il n'a pas hésité à choisir entre les trois sentiers de randonnée qui se présentaient à nous. J'ai cru comprendre qu'il faisait ce genre de sortie au moins deux à trois fois par mois. On sent à sa façon de marcher, confiant et déterminé, que c'est un habitué.
Qui l'aurait cru ?
J'ai partagé sa vie pendant deux ans et je n'aurai jamais pensé que la randonnée puisse l'intéresser. Cameron n'a jamais été un grand sportif et les seules véritables balades que nous ayons faites c'était ici à Seattle pendant nos premières et uniques vacances à deux. Je suis donc surprise qu'il en ait fait un passe-temps régulier. Même après tant d'années, il continue de m'étonner.
-Tu tiens la route, Carlson ? me lance-t-il en jetant un œil dans ma direction.
-Je m'en sors très bien.
-Heureusement. On en est qu'au début.
-Je ne fais peut-être pas des randonnées tous les week-ends comme toi mais à Denver je passe mes journées à courir partout alors je pense pouvoir tenir la distance. J'ai une certaine endurance, ne t'inquiète pas pour moi.
Je l'entends rire plus loin devant moi et un sourire se dessine lentement sur mes lèvres.
Hier encore, je m'inquiétais à propos de cette sortie. Je me demandais pourquoi il avait accepté de m'emmener avec lui et j'ai fini par me dire qu'il l'avait fait par simple bonté d'âme, pour être le soutien dont je lui semblais avoir besoin. J'avoue que sortir me fait du bien et me permet de garder la tête sur les épaules mais j'aurai jamais imaginé me retrouvé là avec Cameron. Surtout pas après ce que j'ai osé faire l'autre soir. Il faut croire qu'au moins l'un de nous est apte à faire la part des choses.
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THE WAY - LE DILEMME
RomanceSUITE DE THE WAY - L'INCERTITUDE Dans ce dernier tome de la série "The Way", cinq ans ont passé depuis la rupture d'Emery et Cameron. Ils ne sont plus tout à fait les mêmes et leurs vies aussi. Emery a obtenu son diplôme quelques années auparavant e...