Chapitre 2

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Cardigan

Louis Fowler

Je m'ennuie.

Je fais tourner ma chaise à roulette et voit mon bureau défiler à toute vitesse sous mes yeux.

- Est ce que tu peux arrêter de faire l'enfant une minute s'il te plait ?

La voix de Timothé résonne dans l'air et je me tourne vers l'entrée de mon bureau. Debout dans l'embrasure de la porte, il me fixe du regard sans sourire.

- Ti, dis-je en guise de salut.

- Hum, il entre et dépose un dossier rempli, tiens.

- Qu'est ce que c'est ?

- Ton prochain dossier, tous les détails sont écrits à l'intérieur.

- Sérieusement ? Tu ne peux pas me le donner demain ? On est lundi, je n'ai aucune envie d'ouvrir un nouveau dossier aujourd'hui.

- Alors quoi ? Tu comptes tourner sur toi-même jusqu'à 18h ?

- Hum oui. Ca me parait bien

Soyons clairs. J'aime travailler. Mais pas un lundi. 

- Et bien je me ferais un plaisir de le dire à Lukas dans ce cas là.

- Va chier ! Je vais le faire ton dossier !

Est ce que j'ai peur de Lukas ? Le grand frère de Tim ? Mon patron en quelque sorte ? Bien sûr. Il est flippant punaise.

- Ton langage.

- "Ton langage", tu n'es pas mon père. 

- Encore heureux, je t'aurai déjà tué il y a bien longtemps.

- Pourquoi est ce que tu mens ? Tu m'aimes trop.

Il grimace et secoue la tête.

- Oui oui, ça doit être ça.

Je ricane et ouvre le dossier prêt à l'étudier avant que mon téléphone sonne. Je me penche et regarde qui peut bien m'appeler un lundi matin à 9h du matin. Le prénom de ma mère s'affiche à l'écran et je grimace. Je ne refuse pas l'appel. Mais je ne l'accepte pas. Je le laisse sonner jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Suis-je dans le déni et ne veux pas affronter mes problèmes ? Bien sûr.

- C'était qui ?

Je ne suis pas surpris d'entendre Timothé me demander.

- Ma mère, encore et toujours.

- Tu devrais lui répondre, dit-il avec un léger reproche qu'il ne parvient pas à dissimuler.

Je grimace sans rien répondre. Timothé et moi avons des visions assez opposées en ce qui concerne les parents. Sûrement car les siens sont morts alors qu'il n'avait que 16 ans.

Il pense que je devrais leur apporter plus d'importance tant qu'ils sont encore là. Et moi je ne sais même pas ce que j'en pense réellement. Ce que je sais c'est que je ne suis pas proche d'eux. Ils ne m'ont jamais réellement aider à quoi que ce soit, mais s'occupaient quand même de moi. Ils ne m'ont jamais dit qu'ils étaient fières de moi, ou qu'ils m'aimaient. Mais j'ai toujours eu un toit, à manger, une bonne situation.

Je n'étais et je ne serai sûrement jamais proche d'eux.

Même si j'essaye encore et encore.

J'entends les pas de Timothé s'éloigner et je pousse un soupir en l'entendant quitter mon bureau. Le sujet "parents" est toujours sensible. Même 6 ans après. Nous n'en discutons jamais et je crois qu'on a jamais eu une rellemnent discussion à ce sujet. C'est Timothé après tout, il garde ses secrets, ses peurs, ses peines au fond de lui jusqu'à ce que ça explose. Même si quelquefois j'ai le droit à des confessions. C'est rare.

Les ombres du lendemainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant