AMALIYA T°2

8

J'essaye tant bien que mal de me calmer. Impossible.

C'est pour ça que je déteste aller chez les gens. On ne fait rien et les souvenirs reviennent, je ne pense plus à rien donc je ne vois que le négatif.

L'harcèlement, le viol, les crises. Rien d'autres ne me vient en tête.

J'ai envie de m'arracher la peau. De tailler chaque partie de mon corps où ils ont posés leurs mains dans ces vestiaires.

Pourquoi ils m'ont touché sans mon accord ? C'était mon corps. Mon choix.

Les larmes dévalent sur mes joues, elles deviennent aussitôt incontrôlables.

Je m'assois dans un coin, j'ai l'impression d'étouffer. Je ne vais pas y arriver, jamais je n'y arriverais...

Même s'il n'est plus là. Sa présence est constante, sa présence vit sur mon corps. Je ne pourrais jamais m'en débarrasser.

Je fouille dans les tiroirs à la recherche d'une lame. Je vais m'arracher la peau si je ne le fais pas.

Je trouve une fine lame de rasoir. Je remonte la veste de ma manche et trace un premier trait qui me fait un bien fou.

Une première goutte de sang tombe dans le lavabo.

Je souffle doucement pour reprendre mon calme.

Ça-va aller... ça-va passer.

Je balance la lame à la poubelle et prend quelque chose pour mettre sur la plaie.

Je commence déjà à regretter... je n'aurais jamais dû !

J'essuie mes larmes tout en gardant le sopalin dessus.

Soudain la porte s'ouvre et je vois Hannah. Je cache directement mon bras.

Ils n'ont jamais été témoins de mes crises ou quoique ce soit. Ils sont au courant que je vais mal, mais je ne leur infligerais pas la douleur que j'ai infligé à mes parents.

Celle de me voir complètement en larmes et en train de suffoquer. Dans les yeux de ma mère... j'ai vu que ça l'avait complètement brisé.

Je m'en veux tellement de leur faire tant de mal.

- Qu'est ce qu'il y a hermana ?

- Je peux... te parler à propos de quelque chose ?

- Dis-moi.

Je descends la manche de ma veste.

Elle ferme la porte, à clé.

- Est-ce que tu as déjà...

- Déjà quoi ?

- Bah... tu sais le truc que tu fais avec un garçon...

Pardon ?

Bon, je ne suis pas du tout la meilleure pour ce sujet.

- Non, jamais. Pourquoi ?

- Bah parce qu'on l'a fait avec mon copain.

- Ton copain ?! Mais je croyais que vous aviez rompus ?

- C'était le cas mais il est revenu et... bah je suis plus vierge.

J'essaye de paraître le plus neutre possible face à ses propos.

Elle n'a que quatorze ans bon sang.

- Vous vous êtes protégé ?

- Oui, il a mit un préservatif et j'ai pris la pilule du lendemain au cas où.

- T'en as parlé avec maman ?

- J'ai trop peur qu'elle le dise à papa. Sinon je ne serais pas venu te voir !

- Je n'ai pas d'expérience dans ce Hannah.

- Je sais, mais j'avais envie de partager mon bonheur avec ma grande sœur. Je me sens revivre ! Comme si j'étais en train d'avoir une autre vie.

- Hmm, je vois. Mais fait attention, les garçons sont parfois de vrais salauds. Et surtout n'envoie pas de photos.

- Oui, promis. Mais bref, papa a dit qu'on rentre donc magne-toi.

- J'arrive.

Elle sort.

Je soupire et passe un coup d'eau ce qui me fait bien ressentir la douleur.

Je sors de la salle de bain.

On monte dans la voiture. Arrives à la maison je vais directement dans ma chambre pour appeler Lorenzo.

Il ne décroche pas. Je l'appelle en moins dix fois, mais aucune réponse.

Bon... je supporterais ma nuit seule...