Cela fait plusieurs années depuis mon périple jusqu'à Narbonne. J’avais décidé de ne plus voyager mais une envie d’aventure que je ne pouvais réprimer à fini par se faire sentir. J’ai donc décidé de retourner à Narbonne (le voyage s'est bien passé cette fois) afin de prendre le bateau jusqu’au port d’Alexandrie. Le trajet durera une vingtaine de jours si tout se passe bien, mais rien ne pourrait être pire que ce qui c’est passé il y a quelques années.
Je monte sur le pont avec une étrange appréhension, mais je la balaye immédiatement. Ce n’est pas le moment d’angoisser je dois vérifier que ma cargaison de vin soit correctement acheminée jusqu’à la cale du bateau. Je ne voyagerais pas seul cette fois, il y a avec moi deux autres marchands, un grand costaud à l'allure joviale prénommé Frigus, et un jeune homme discret aux traits fins disant s’appeler Padus. Ce dernier avait tout de suite attiré mon attention de part son attitude étrangement calme et par l’aura inexplicable qu’il dégageait. Mais je ne dois pas me laisser distraire par cet homme, mon frère m’a suffisamment prévenu sur le danger des voyages maritimes. Cette fois-ci ce sera différent et j’arriverais sain et sauf à destination, avec l’entièreté de ma marchandise.
Après une vingtaine de minutes, le capitaine nous annonce que tout est près et que nous allons partir. Il ordonne à son équipage de larguer les amarres et nous quittons le port. Je n’avais jamais pris le bateau avant et le roulis des vagues, bien que faible, me donne déjà la nausée. Je me dirige vers la proue afin d'appliquer les conseils que mon frère, Julius, m'avait donnés en cas de mal de mer. Je me mis alors à regarder l’horizon, scrutant l’étendue bleutée qui se tenait devant moi à perte de vue. Une fois le port de Narbonne presque indistinguable, Padus me rejoint.
-Tout va bien? me demande-t-il.
Je tourne ma tête dans sa direction afin de lui répondre mais la seule chose que je vois sont ses yeux vert émeraude aux reflets azur. Je me perd un instant dans son regard avant de détourner les yeux et de répondre:
-Ou… oui, je vais bien merci, j’ai juste le mal de mer.
-Ne tant fais pas, j’ai aussi eu le mal de mer la première fois, mais on finit par s'habituer. me répond t-il avec un grand sourire, un magnifique sourire.
Il penche légèrement sa tête l’air interloqué et je me rends compte que je le fixais, sans doute depuis plusieurs minutes. Je me décide donc à retourner à ma contemplation tout en le questionnant sur sa présence à bord. On discute ainsi toute l’après-midi en apprenant beaucoup l’un sur l’autre. Moi qui ai toujours eu du mal avec les interactions sociales, cette soudaine sérénité avec un inconnu m’a surpris de prime abord, mais ses sourires et ses mimiques m’ont vite fait penser à autre chose.
Nous ferons une halte au port de Tunis, que nous devrions atteindre d’ici 10 jours, afin de refaire le plein de provisions et d’eau et de vendre la moitié de la marchandise de Frigus. Mais, au bout de trois jours seulement, quand je vais à mon emplacement habituel sur le pont, je vois au loin une étrange voile, avec un crâne dessiné dessus, signe distinctif des pirates. Je m'empresse alors de prévenir le capitaine qui ordonne à son équipage toutes sortes de manœuvres afin de, je suppose, les éviter. Malheureusement pour nous, le bateau se rapproche de plus en plus, et à une vitesse considérable, nous empêchant de fuir. Une fois à proximité de nous, une jeune femme rousse nous hurle:
-Vous avez de l’alcool à nous donner?
On se regarde, tout autant surpris de voir une femme sur un bateau que par son étrange requête. Le capitaine s’avance alors et dis:
-Si on vous donne de l’alcool, vous laisserez nous partir?
Un petit garçon s'avance alors à son tour, et ordonne à la femme:
-Ne leurs fait pas de mal, je suis trop fatigué pour combattre.
Elle souffle et répond:
-Bien capitaine.
Capitaine? Une aussi jeune personne ne peut être le capitaine d’un groupe de pirates! Et, au vu de la tête de mes compagnons, je ne suis pas le seul à penser ça.
On a donc accepté de leurs donner deux de mes tonneaux de vin, à contre-cœur pour ma part, mais c’est sûrement mieux que de perdre de la vie. Mes compagnons de voyage m'ont alors promis de me donner une compensation pour les pertes.
Le reste du parcours se déroule sans encombre et, mis à part quelques navires militaires qui naviguent ici et là, il ne se passe rien. On arrive tout de même au port de Tunis en un seul morceau et débarquons. Frigus part alors vendre ses amphores. On peut alors explorer un peu la ville. Je pars donc aux côtés de Padus visiter cette cité. Les bâtiments sont les mêmes que ceux d'où je viens mais l’architecture est bien différente. Leur maisons ont des toits entièrement plats et leurs sont faits dans un matériau qui m’est inconnu. Leurs routes ne sont pas non plus pavées mais recouvertes de quelque chose qui ressemble à du sable. Avec Padus, nous goûtons même des spécialités du pays. Contraint par le temps, nous retournons au bateau, tristes de ne pas pouvoir en voir plus.
Nous partons du port, direction Alexandrie. Je regarde la ville s’éloigner petit à petit afin de marquer son aspect dans mon esprit. Comme nous en avons pris l’habitude avec Padus, nous discutons dans la joie et la bonne humeur. Mais le bonheur n’est pas éternel. La mer n’est pas toujours calme, il arrive qu’il y ai des tempêtes pour tout faire basculer, pour tout chambouler. Cependant quand j’ai pensé ça il y a quelques jours, je ne parlais pas au sens littéral du terme mais apparemment, Neptune ne l'entend pas de cette oreille. Il doit tout de même mieux entendre que moi, car je distingue à peine ce que Frigus essaie de me dire dans le bruit infernal et incessant du remous des vagues et de la pluie torrentielle. Voyant mon incapacité à comprendre ce qu’il me hurle, il décide de tendre sa main afin que je l’attrappe et qu’il m’aide à me réfugier dans un endroit moins dangereux. Je peux enfin respirer à peu près normalement mais constate que l’équipage à de grandes difficultés à maintenir la barre. Avec les nuages, impossible de se repérer, et avec ce vent, nous risquons à tout moment de nous échouer contre des rochers. La situation est plus que critique. Le capitaine -j’ai d’ailleur appris qu’il s’appelle Platus, tante une maneuvre pour essayer de nous sortir de là et… ça marche! Le navire vire de bord et poussés par le vent, nous arrivons finalement à sortir de la tempête. Honnêtement, je pensais que c'était terminé pour nous et n'avais aucun espoir de m’en sortir. Nous sautons tous de joie, heureux d’avoir survécu. Je sers Padus dans mes bras et mon cœur s'emballe. C’est tellement jouissif d’être en vie, j’ai l’impression que mon coeur va lacher. Mais notre joie est de courte durée, Sopus, un membre de l’équipage est introuvable. Nous déduisons donc qu’il à dû passer par-dessus bord, et une ambiance pesante se fait alors ressentir.
La fin du voyage se passe dans un calme presque religieux. Frigus, d’habitude souriant semble absent et, j'apprends par le capitaine que Sopus et lui se connaissaient depuis leur enfance. Sans lui pour faire des blagues à tout bout de champ, l'atmosphère est plus que morose. Je passe toujours beaucoup de temps avec Padus, un des seuls moment où l’ambiance n’est pas trop pesante. Arrivés au port d'Alexandrie, Frigus marmonne un “au revoir” et s’éclipse rapidement. Quant à moi, j’amène mes tonneaux de vin à mon client et raccourcit notre conversation au plus court afin de retourner voir Padus. Quand j’arrive au point de rendez-vous que l’on s'était fixé, je le vois dans les bras d’une jeune femme, et puis je le vois l’embrasser. Je ne sais pourquoi, mais à cette vue mon cœur se serre et les larmes me montent aux yeux. Je me détourne alors et pars en courant dans une direction que seuls les dieux connaissent.
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Rédactions
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