La Dona
Quartier Stroguino - Moscou. 19 Octobre, 22H00.
Les derniers immeubles s'éteignent, plongeant le quartier des affaires dans une obscurité totale. Les derniers directeurs et employés s'affairent pour rentrer dans leur voiture et partir retrouver leurs femmes et enfants pour le week-end.
La nuit est calme en comparaison des trois dernières. Les tempêtes ont baissé d'intensité, ne laissant qu'une légère brise faire trembler les arbres en contrebas. Seul un étage reste allumé, celui de Feodor. Situé de l'autre côté de la rue, il a toujours l'esprit plongé dans un dossier. Il ne quitte son bureau que tard dans la nuit, partant toujours après tous ses employés.
Ses cheveux bruns lui tombent sur le visage. Il est obligé de les remettre souvent derrière son oreille pour ne pas être dérangée. En dépit de la distance, je peux percevoir qu'un nouveau cadre a été accroché au-dessus de son bureau.
Un léger tintement retentit derrière moi. Je lâche un instant l'homme du regard pour écraser ma cigarette à peine allumée dans le cendrier du guéridon avant jeter un dernier regard au directeur de la société informatique. L'ascenseur s'ouvre et des talons aiguilles se mettent à frapper le parquet. Son reflet est discret dans la vitre, pourtant j'aperçois ses signes de peur et de nervosité. J'avais expressément demandé à ce que je puisse passer la soirée tranquillement dans le bureau - il faut croire qu'elle n'a pas pris en compte l'avertissement.
– Arrête de bouger et dis moi ce qu'il se passe, je lui ordonne en me retournant.
– Il ne va plus tenir longtemps, les gardes ne vont plus réussir à le maintenir en vie.
Dans le bureau éclairé d'une simple lampe, ses cheveux blonds deviennent plus blancs et son costard noir devient plus sombre. Elle passerait presque pour une figure importante du réseau.
Je souffle fortement, décidant enfin de fermer l'ordinateur qui affichait le profil presque parfait de Feodor. Il aurait pu continuer sa vie comme tout citoyen typique, mais il a choisi de mettre à disposition ses quelques employés les plus compétents au service de la Bratva.
D'un geste net de la main, je lui ordonne de m'attendre dans l'ascenseur le temps que je puisse rassembler les dernières affaires qui occupaient le bureau du chef de cette compagnie gazière. J'avais besoin de voir de mes propres yeux le producteur de pépites qu'Ambrosyis arrive à avoir. Et rentrer dans le siège de cette entreprise a été un vrai jeu d'enfant, je n'en ai presque tiré aucun plaisir.
Les portes de l'ascenseur se ferment au moment où Feodor lève le regard vers la porte de son bureau. La sonnerie d'un message reçu sonne simultanément. Il n'a pas encore réussi à nettoyer le dossier du Bolchoï et il m'envoie un message pour me le dire. Il faudrait que je tente d'aller voir Feodor, je veux des hommes plus compétents que celui-là. Ce n'est pourtant pas compliqué de supprimer un rapport de police, surtout qu'il a l'habitude de le faire quand Elle est la source de ce rapport.
Son nom est encore et toujours sur la première page des rapports. La Souveraine. Quel genre de personne est-elle pour avoir un égo aussi développé? C'est assez fort comme nom. Bien que je dois quand même la féliciter. C'est bien la première fois que je peine à trouver la personne qui s'en prend à mon réseau - à mes hommes.
L'ascenseur s'ouvre sur le hall paisible et sur Sasha qui apparaît en courant. Une clé usb dans la main, il me tend les vidéos des différentes caméras de surveillance avec un petit sourire.
– Le veilleur de nuit supprimera notre passage dans le hall dès que nous serons sur le parvis.
L'homme en question se dirige déjà vers la salle de surveillance. Je me retrouve seule avec les deux gardes missionnées pour surveiller les environs, les nerfs à rude épreuve puisque la soirée ne s'est pas déroulée comme je l'aurais souhaité.
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Killing Spree
RomanceAu milieu d'une ville gangrenée par les mafias, une figure domine: la Souveraine. Maîtresse dans l'art du subterfuge et de la manipulation, elle manie ses compétences avec une aisance terrifiante, son nom résonnant dans les rues de Moscou telle une...