Jour 1 | Est-ce que tu m'entends ?

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18 juin 2012, 18h46

Je poussai la porte de la chambre, les larmes perlant encore aux coins de mes yeux. Je m'étais promise de ne plus pleurer pourtant je ne pouvais m'empêcher de la briser à chaque fois que je posais mon pied sur ce sol carrelé et blanc, si froid et fade.

Il était là, dans la même position qu'hier, avant-hier, avant avant-hier.. cette même position qu'il avait depuis plus d'une semaine. Les yeux fermés, les bras le long du corps, une jambe dans un plâtre tenue au dessus de lui et tous ces câbles immondes qui le maintenaient en vie.

-"Bonjour Ten- Satori.. j'espère que tu es heureux de me revoir.. ça fait une semaine et trois jours que.. que ça s'est produit."

Mes joues étaient si humides que même la pluie qui rongeait l'extérieur n'aurait pu camoufler mes pleurs.

-"Aujourd'hui était une journée basique, elles sont devenues fades sans toi, je n'ai plus vraiment la force de me lever désormais. Je ne sais même pas comment je fais pour continuer à bouger, le moindre effort est si douloureux.. Je ne parle plus à Mira, si tu te le demandais, il était évident qu'après.. qu'après ce qu'elle avait fait je ne pouvais continuer à, ne serait-ce que la regarder. J'espère que tu ne m'en veux pas, et je sais que là, si tu le pouvais, tu me dirais sûrement quelque chose du style 'c'est de sa faute, pas de la tienne' mais je m'en veux tellement, je suis désolée.."

J'attrapai sa main, dans un élan d'espoir, même s'il ne pouvait pas la serrer en retour et m'assis à côté du lit.

-"Elle.. Mira, elle a réussi.. tout le monde pense que c'est de ma faute, les élèves, les professeurs et.. et je ne sais plus quoi faire Satori.. je n'ai plus la force de me battre contre elle. Seule ton équipe de volley me croit, du moins ils croient surtout en toi.. ils te font aveuglément confiance et pensent que tu ne serais pas ami avec une personne susceptible de te faire autant de mal. Je ne sais pas s'ils ont raison mais je leur suis reconnaissante de me croire."

Je sortis de mon sac une marguerite et la déposai sur la petite table de chevet.

-"C'est mes préférées, tu le savais éperdument et tu aimais m'en acheter lorsque j'étais triste, je trouvais ça adorable et même si je t'ai toujours dit que ça ne marchait pas au fond j'allais toujours beaucoup mieux. Ta maman refuse toujours de m'adresser la parole lorsqu'on se croise, je suppose qu'elle pense que c'est de ma faute, je ne lui en veux pas car je sais qu'elle ne fait que croire ce qui se raconte. Ushijima veut venir te voir demain, il n'osera jamais l'avouer mais je sais qu'il tient à toi plus qu'il ne le montre, il m'accompagnera."

Je posai ma tête contre le matelas, mes larmes le mouillaient mais je n'y faisais plus attention.

-"Tu me manques tellement, les médecins disent qu'il y a des chances que tu ne te réveilles jamais.. j'y pense tout le temps, qu'est-ce que je ferais sans toi ? Je n'arrive plus à rire ni même à sourire, tu étais le seul qui m'aidait à le faire si naturellement."

Ma tête se tourna vers la fenêtre, la vitre était parsemée de petites gouttelettes qui m'empêchaient de voir l'extérieur.

-"Tu te rappelles lorsqu'on s'était retrouvé tous les deux sous la pluie ? Nous courions comme des idiots avec nos vestes sur la tête pour y échapper mais lorsque nous sommes rentrés, nous pouvions essorer nos vêtements tant ils étaient trempés ! Tu étais adorable avec tes cheveux mouillés que tu essayais tout de même de redresser !"

Un faible sourire s'esquissa au coin de mes lèvres.

-"Je te promets que lorsque tu te réveilleras, nous irons en France, tu me parlais toujours d'à quel point tu voulais toujours y aller ! J'économise pour les billets d'avion mais.. mais c'est compliqué.. Demain l'équipe de volley a son premier match sans toi, tu leur manques beaucoup aussi.. je n'ai même plus envie d'aller les encourager, sans toi tout est plus fade et triste."

Une infirmière entra dans la chambre, la même que les autres fois, nous nous échangions un regard puis elle vint faire des examens journaliers à Tendō, je ne pus m'empêcher de sangloter ce qui l'a fit réagir, elle ne posa qu'une simple main sur mon épaule en signe de réconfort mais ça me suffisait amplement.

-"Les heures de visite sont bientôt terminées mademoiselle." dit-elle doucement en terminant sa prise de sang.

-"Je.. je ne vais pas m'éterniser.. ce n'est pas comme s'il pouvait m'entendre de toute manière.."

Elle me sourit, ce n'était pas sincère et purement par politesse pourtant cela me réchauffa le cœur.

-"Certains médecins disent que les comateux peuvent toujours nous entendre, peut être que c'est son cas ? Ne perdez pas espoir, je suis sûre qu'il serait heureux de savoir que vous venez le voir tous les jours." répondit-elle en sortant de la chambre.

Ce n'étaient que de simples paroles pourtant je voulais y croire, je voulais croire qu'il pouvait entendre et comprendre tout ce que je lui disais, qu'il savait à quel point je voulais qu'il se réveille et que je puisse lui donner assez de force pour qu'il y parvienne.

J'attrapai une nouvelle fois sa main, la serrant dans les miennes en le regardant tendrement puis déposa un faible baiser sur son front avant de quitter la pièce.

-"Bonne nuit Satori, à demain."

Et demain sera un autre jour.

(PS: En multimédia j'aime mettre la musique que j'écoutais en écrivant, cela vous permet de vous mettre (si vous en avez envie) dans la même ambiance que moi :))

Tomorrow is another day | Tendō Satori x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant