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Je glissai doucement dans l'eau chaude, me retenant aux rebords de l'immense baignoire en porcelaine pour ne pas tomber. Des collines de mousse flottant à la surface me chatouillèrent le nez quand je m'enfonçai et m'installai au mieux. En souriant, je soufflai dessus; elles dansèrent en s'effilochant dans l'air. La baignoire, profonde, était d'un confort étonnant; je poussai un soupir de soulagement tout en jouant avec mes orteils sur les robinets.

Jeremiah m'avait envoyée dans la chambre, à l'étage, car avant de pouvoir me rejoindre il avait des affaires à régler. J'avais suivi l'employé de l'hôtel. Lorsqu'il avait ouvert la porte, j'étais restée sans voix. La décoration était un chef-d'oeuvre de surcharge: des miroirs et des tableaux aux cadres dorés, des parois blanches rechampies d'or, des lustres et des lampes en cristal, des moulures rococo et des filigranes dans tous les coins et sur tous les panneaux. Des tapisseries étaient tendues aux murs, le moindre centimètre carré respirait l'opulence et provoquait l'admiration, submergeant le visiteur par son élégance exagérée, qui confinait à l'extravagance, et son design ostentatoire.

J'en tombai aussitôt amoureuse.


J'avais à peine écouté l'employé qui m'avait montré le lieux, trop occupée à les découvrir par moi-même. La suite comprenait une enfilade de petits salons, en plus de la chambre proprement dite, équipés de meubles sans doute très onéreux mais inconfortables. De multiples aménagements - certains dont j'ignorais jusqu'à l'existence... - étaient mis gracieusement à ma disposition. Quand j'entrais dans la salle de bains, je crus que j'étais montée au paradis - des plafonds hauts, de gigantesques miroirs, des tablettes et un sol de marbre, au centre une baignoire presque aussi grande qu'un jacuzzi. Mon guide avait juste eu le temps de m'indiquer où se trouvaient les serviettes et les peignoirs avant que je coupe court poliment pour me plonger dans un bain moussant. Ma mère collectionnait d'anciens flacons de parfum, et j'avais été ravie d'avoir les mêmes à l'hôtel. J'avais choisi un flacon de sels à la lavande, je m'étais dévêtue, avais enfilé un peignoir et fermé la porte à clé.


Je m'autorisai à me délasser dans cette merveille émolliente et parfumée. Ajoutant de l'eau chaude à intervalles réguliers, je me lavai avec soin. Après un long moment, la peau fripée de mes doigts me signala qu'il était temps de sortir. D'ailleurs, la mousse légère s'était transformée en un film blanc à la surface de mes cheveux et commençai à fouiller les tablettes et les tiroirs pour découvrir les autres trésors cachés dans cette salle de bains de rêve.

Trois coups secs à la porte me firent sursauter.

- J'aimerais que vous me rejoigniez.

La voix grave de Jeremiah laissait entendre que sa demande était un ordre et qu'il s'attendait à ce que je lui obéisse sans tarder.

Je me pétrifiai. La tension que j'avais réussi à éliminer revint avec une telle force que je la soupçonnait de nourrir des intentions vengeresses. Une inspection rapide de la pièce m'apprit que j'avais laissé mes vêtements à coté, là où était mon patron. Un sentiment d'horreur s'empara de moi.

Avalant ma salive, je jetai un dernier coup d'œil à mon reflet dans la glace. Mon visage, pas maquillé, était propre et luisant, mais sans mon masque quotidien j'avais l'impression d'être toute nue. Sous le drap de bain enroulé à la va-vite, mes cheveux étaient encore trop humides pour que je les coiffe et devaient ressembler à un nid de corbeau.

Il était hors de question que je me montre ainsi à Jeremiah! Il allait me flanquer hors de cet hôtel à coups de pied dans les fesses!

- Un instant! criai-je pour qu'il ne croie pas que je traitais ses demandes à la légère.

tout CE QU'IL VOUDRA        l'intégraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant