2| Il est sorti

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Elisabeth

Je me dirige vers le studio pour mon cours de danse. Je suis déjà en retard et je sais que ma mère va me tirer les oreilles pour ne pas m'être levée.

Je suis rentrée chez mes parents deux jours après la visite d'Adalynn. Cette dernière est retournée à Naples parce que je cite : "Logan me manque trop".

J'ai repris ma vie habituelle. Me lever, aller marcher quelques kilomètres dans la forêt derrière la maison, rentrer, me laver, manger, préparer mes cours de ballet que je donne à un groupe de petites filles de huit ans, me préparer et me rendre à mon entrainement de danse.

La danse est quelque chose qui coule dans les veines des Jones. Ma mère est une grande danseuse internationale. Sa sœur Blaire et sa fille Ellie sont aussi dans le milieu. Mes sœurs et moi avons été bercés par les histoires de grand danseur. Alors, c'était normal que nous soyons aussi danseuses. Adalynn a abandonné quand elle avait 18 ans et Penelope a rendu ses chaussons il y a quelques années pour aller suivre des cours dans une grande école de musique à New York.

Il ne reste plus que moi. J'ai été élue Miss Nationale il y a trois ans et cette année, je dois céder ma couronne à la prochaine Miss. J'ai vécu trois années de folie. Voyages dans le monde, rencontrant les plus grands danseurs, participant à des spectacles incroyables. Je dois avouer que je suis un peu triste de me retirer, mais je ne regrette pas du tout. L'aventure continuera pour une autre étoile montante de la danse et je n'en suis que fière.

Je vois au bout de la rue le studio de danse quand soudainement, je sens mon estomac se contracter, mon corps pris de spasme. Je me gare sur le côté de la route, descend de ma moto, retire mon casque et déverse le petit déjeuner que je me suis forcé à avaler ce matin.

Mon corps me fait mal.

Je n'ai plus autant d'énergie qu'avant et je sais que c'est à cause du cancer. J'ai fait l'autruche. J'ai jeté la brochure que le médecin m'avait donnée dans le feu de notre cheminé.

Si je fais comme si ça n'existait pas, peut-être que ça partira ?

C'est ce que je me répète en boucle depuis presque une semaine maintenant. Je repousse le moment fatidique. Je sais que je vais devoir retourner à l'hôpital pour voir mon médecin et lui demander plus d'informations, mais j'ai l'impression que je n'y arrive pas.

Quand mon estomac se décide de se calmer, je me redresse et essuie ma bouche, reprenant mon souffle. Je savais que ça allait commencer. Je pense que je n'ai plus d'autre choix que de commencer un traitement si je ne veux pas mourir.

– Tout va bien ma petite dame ?

Je tourne la tête vers ma droite, un homme est assis par terre, entouré de vêtements et d'affaires. Devant lui, un gobelet qui doit avoir, je ne sais combien de temps, est posé. L'homme porte une longue barbe, ses cheveux son sale et ses vêtements aussi, mais il a un sourire qui me réchauffe instantanément le cœur. Il me tend une bouteille d'eau neuve et fermée.

– Merci, ça va aller.

– J'insiste, prenez la, vous en avez plus besoin que moi, dit-il en souriant, découvrant ses dents jaunes.

Je finis par accepter. Par réflexe, je vérifie que la bouteille est bien neuve. On ne sait jamais qu'il est versé quelque chose pour me droguer. Une fois sûre, je l'ouvre et me lave la bouche avant de boire quelques gorgées.

Le goût amer du vomi est encore présent.

– Merci monsieur, dis-je en me retournant vers l'homme qui m'est venu en aide.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant