Untitled Part 1

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Ciel orageux

C'était par beau, froid, magnifique jour d'hiver.

Le matin venait à peine de se lever, blanc et éclatant, en apportant avec lui une mare de personnes habillées en noir, une mare de personnes larmoyantes, lamentables avec leurs mouchoirs et leurs souffrance si artificielle. Tous habillés avec des beaux costumes, avec des belles robes, les femmes parfaitement bien maquillées et coiffées et les hommes tout à fait présentables, strictes, regardaient les lieux d'un air grave et désappointé, le visage froid et impassible, comme s'ils allaient à un entretient d'embauche ou à leur travail respectifs. Ils étaient tous là, grands, beaux, forts, fiers, mais tellement, tellement affreux. Semblables à des monstres, semblables à des hyènes ou à une meute de chiens, ils nous fixaient, moi et mon père, à travers leurs yeux larmoyants, attendaient le meilleur moment pour nous sauter dessus et nous déchiqueter, nous détruire.

Ils étaient les amis de ma mère.

Et ils tous étaient venus assister à ses funérailles.

Un groupe de jeunes femmes s'approchèrent de moi, me sourirent de cet air gentil, désolé. Hypocrite. Elles me parlèrent, me rassurèrent, s'inquiétèrent de ne pas me voir fondre en larmes et laisser ma peine me dévorer.

Mais je n'allais pas les laisser faire. Je n'allais pas pleurer, je n'allais pas crier et me mettre en colère, je n'allais pas leur donner la satisfaction malsaine de voir à quel point la mort de ma mère m'avait déchiré, nous avait déchiré. Je me devais d'être forte, je me devais d'être stable, je me devais d'être froide. Après tout, c'était ça, c'était sa faiblesse, la faiblesse de ma mère et du monde entier pour ne pas avoir pu la sauver qui lui avaient été fatale. Et je ne voulais pas faire la même erreur, je ne ferais pas la même erreur.

Parce que moi, je vais être forte, me dis-je encore une fois en levant mes yeux impassibles sur le ciel morne et gris, d'argent qui nous couvrait. Puis, soudainement, alors que je fixais encore les nuages qui couvraient nos têtes et que je profitais du peu de tranquillité qu'on venait de me laisser, un garçon apparut, un petit garçon, de mon âge, sans doute, s'assit à mes côtés, s'allongea sur la neige en souriant.

-Comme s'est beau !, me dit-il, heureux, les joues rouges, meurtries par le froid et son souffle blanc se rependant devant nous.

Je décidais de l'ignorer, mais il continua de me parler, de sa petite voix légère, aigue, et dans l'insouciance et la naïveté étrange qu'exprimait son regard brillant :

-J'aime l'hiver, parce que je le trouve beau, avec la neige. Et j'aime Noël, parce que j'ai droit à tellement de cadeaux ! Et toi, est-ce que t'aimes l'hiver ? C'est quoi ta saison préférée ?

-Comment tu peux t'adresser aussi facilement à quelqu'un que tu ne connais même pas ?,demandais-je brusquement en fronçant les sourcils, en me crispant et en m'écartant lentement.

Ce type de personnes, je ne les aimais vraiment pas. Je les trouvais stupides, idiotes, beaucoup trop impulsives et irréfléchies. Et pourtant, c'était ce type de personnes que le monde préférait, que le monde vénérait en les montants sur un piédestal. C'était ce type de personnes qui étaient populaires, qui avaient le plus d'amis, le plus de famille, qui étaient le plus heureux dans leur vie.

Le garçon aux cheveux roses rit, la bouche grande ouverte, perdu face à une euphorie incompréhensible.

-J'y crois pas ! J'essaye d'être sympa avec toi, tu sais ? Je veux dire, tu viens de perdre ta mère, ça doit être dur...

Ciel nuageuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant