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Evy

J'ai besoin d'air et vite!

Je cours presque entre les tables pour atteindre la sortie. Je tuerais pour un peu de fraîcheur, mais évidemment qu'au Brésil, c'est canicule. Je m'adosse au muret de béton, à la recherche d'une certaine stabilité. Le portier s'informe de mon bien-être. Je ne parle pas Portugais mais je lui fais signe que ça va. Je commence déjà à reprendre mes esprits. D'un coup, je me suis senti de trop dans cette foule aisée. Je n'ai pas ma place dans des endroits aussi luxueux. Encore moins, vêtue de cette façon. Je commençais à peine à accepter mon look quand Charlotte s'est pointée. Bien entendue, elle est a coupé le souffle. Chose que mon voisin de table a immédiatement remarqué. Le désir dans ses yeux n'était même pas subtil. Enfin, qui peut lui en vouloir. C'est la plus belle femme que j'ai vu de ma vie. La porte s'ouvre brusquement et mon amie apparait.

-Evy, ça va? Demande-t-elle en se penchant vers moi.

Je balance ma tête de droite à gauche pour lui faire comprendre que non. Je sais que si j'ouvre la bouche, je vais pleurer. Elle me tire vers elle et m'aide à me lever. Je repose ma tête sur son épaule et renifle sans grâce.

-C'est Charlotte qui t'a mise dans cet état?

-Oui...

Elle s'éloigne de moi et me flatte la joue.

-Ma belle, ne te laisse pas abattre par cette fille. De plus, ce n'est pas comme si tu étais amoureuse de Charles, non?

-Non, ce n'est pas ça. Tu m'as vu? Dans cette robe stupide... Ça m'a toute pris pour sortir de la chambre et quand elle est apparue, j'ai compris que je n'étais pas à ma place. Je n'ai pas vos corps parfaitement sculptés.

-Arrête-moi ça immédiatement. Tu es parfaite comme tu es. J'aimerais tellement que tu te vois tel que tu es réellement.

-Ne t'inquiète pas, je vois très bien mes poignées d'amour qui dépassent de ma tenue.

- Evy...Tu as vu comment Charles a été déstabilisé par toi, quand ils sont venus nous prendre. Si tu étais si moche, tu ne lui aurais pas fait autant d'effet.

-Mais as-tu vu comment il la regardait, elle ?

Elle passe sa main dans mon dos en guise de réconfort et au même moment, Charles apparait sous l'auvent du restaurant. Son regard croise celui d'Audrey et sans échanger la moindre parole, elle comprend qu'il prendra la relève. Instinctivement, je rentre mon ventre. Je croise mes jambes, car c'est un truc qu'on m'a donné pour apparaitre plus élancée. Charles se place face à moi et je remarque qu'il joue avec son alliance.

Il est nerveux.

Il lève les yeux vers moi et son sourire de compassion me détend tout de suite.

-Je m'excuse Evy. J'ai vraiment merdé...

Je maintiens son regard et j'attrape sa main. Le mouvement de l'anneau, qui tourne sans cesse autour de son annuaire, va me rendre folle.

-Tu ne me dois rien, Charles. Je ne t'en veux pas. Dis-je avec le peu de conviction que je réussi à trouver à l'intérieur de moi.

-Je te dois au minimum du respect. Je dine avec toi, je n'ai pas à porter attention à une autre femme. Peu importe qui elle est. Alors, pour cette raison je m'excuse.

Si seulement j'avais la force de lui expliquer les vraies raisons de mon malaise. Je pourrais lui dire que j'ai souffert d'un très gros trouble alimentaire.

Un jour, peut-être...

Pour aujourd'hui, j'aime mieux passer pour la femme jalouse.

-J'accepte tes excuses. Je sais qu'il y a encore quelque chose entre Charlotte et toi. C'est normal, vous avez formé un couple pendant plusieurs années.

-Je te promets qu'il n'y a plus rien! Dit-il en effleurant ma joue du revers de la main.

Involontairement, je ferme les yeux pour mieux absorber la tendresse de son geste.

-Si on retournait finir nos assiettes. Si je ne me trompe pas, le dessert est arrivé.

Je force un sourire en sachant très bien que je ne mangerais qu'une petite bouchée. Charles m'attire à lui et m'escorte jusqu'à notre table.

Charles et moi sommes à l'opposé de la cabine d'ascenseur. Au centre, Pierre et Audrey sont en grande séance de pelotage. J'essaie de détourner les yeux, mais c'est plus fort que moi. Les drôles de lamentations qui sortent de la bouche à Pierre, sont hilarantes. Je vois mon époux qui se mort les joues également. Il contourne les tourtereaux pour se rendre à moi.

-J'ai bien l'impression que Pierre va me chasser de notre chambre pour la nuit...

-Ah oui? C'est dommage. Après tout, ce n'est pas comme si tu n'avais pas les moyens de t'en louer une autre. Dis-je d'un ton d'amusement.

Il humecte ses lèvres et sourit sensuellement.

-Elles sont toutes occupées...On est quand même le week-end du grand-prix.

Pourquoi a-t-il les facultés de ramollir mes jambes sur commande. Chaque fois qu'il avance d'un millimètre, mon cœur s'emballe. Je jurerai qu'il peut l'entendre résonner dans toute la cabine. J'essaie de garder la tête froide et lui répondre avec indifférence, mais c'est raté. Je ne suis même pas certaine d'avoir formulé des vraies paroles. Son visage est si près du mien, je n'ai plus les idées claires. Son souffle flatte la peau de mon cou et sa lèvre vient chatouiller mon lobe d'oreille.

-Est-ce que tu hébergerais un sans-abri? Demande-t-il juste avant de mordiller mon oreille. Sans m'en rendre compte, je gémis bruyamment.

J'ouvre immédiatement les yeux et il s'est reculé de quelques centimètres seulement.

-Je vais prendre sa pour un oui! Ajoute-t-il, fier de son coup.

Sacré Charles!

Bienvenue à VegasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant