Chapitre 1

63 10 2
                                    

« Alors que tu combats tes démons, je me détends avec les miens »

Lisa

L'effervescence matinale de New-York s'abat comme un torrent sur mes paupières encore mi-closes. Les klaxonnes incessants viennent se mêler au song de pas qui crépitent sur le bitume. L'agacement de ces chauffeurs aux nefs à vif qui pestent cramponnés à leur siège se marie à merveille avec la loquacité matinale de nos chers new-yorkais pour créer une cacophonie assourdissante.

Je ne vais pas faire de grasse matinée aujourd'hui. Je ne peux pas en faire, ce plaisir m'est interdit. J'émets un bâillement avant de m'étirer dans un soupire.

Je me suis endormie sur un vieux canapé à l'angle d'une ruelle hier nuit. Mes membres courbaturés me le font bien payer.

Songer à avoir un appartement devient primordial mais il persiste un obstacle : je suis encore mineure.

À moins que je veuille me faire repérer par les services sociaux, je vais devoir dormir dans la rue pendant encore cinq ans.

Fais chier.

Je me lève difficilement. La première pensée qui me traverse l'esprit est de prendre une douche. J'ai l'impression d'être si crasseuse. L'idéal serait même de prendre un bain.

Je souris amèrement en me réalisant la bêtise qui vient de me traverser l'esprit.

Cette idée est presque utopique pour moi. Je ne me rappelle même pas de la dernière fois que j'ai pris un bon bain chaud, ça me fait hélas remonter trop loin dans mes souvenirs.

Heureusement pour moi il y'a une piscine publique deux rues plus loin. Les vestiaires sont crades mais au point où j'en suis je ne pense pas être en mesure de faire la difficile.


★**************★


Un quart d'heure plus tard je marche nonchalamment dans les rues de Brookline avec l'espoir de trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Ça fait bientôt trois jours que je n'ai rien avalé. Okay je suis un monstre mais ce n'est pas une raison pour vivre comme un animal.

Je regarde fébrilement autour moi. Comme une personne cheaté à la méthamphétamine. La faim rend mes pas irréguliers et me donne l'impression que le monde autour zigzag.

— Putain il faut vraiment que je mange quelque chose, dis-je pour moi-même en me massant les tempes

La rue perd peu à peu son agitation. Autour quelques retardataires s'affolent pour rattraper le métro. Je titube volontairement et me cogne contre un homme d'une quarantaine d'années à vue d'œil.

— Pardon, marmonné-je

— Regardez un peu où vous aller !, s'agace t'il en tapotant la crasse invisible que j'aurai sois disant mis sur son costume

Je m'éloigne de lui avec un sourire victorieux en coin, j'ai réussi à lui piquer son porte feuille à cet abruti. C'est dingue à quel point ça devient facile avec le temps.

Je jette un coup d'œil rapide à mon butin: une carte de crédit, une pièce d'identité, la photo d'une femme et deux enfants sûrement sa famille. Et là jackpot 100$ en liquide, j'espérais un peu plus mais ça fera l'affaire. Je mets l'argent dans la poche de mon sweat-shirt et balance le reste dans la première poubelle que je vois.

L'académie des kaijins Où les histoires vivent. Découvrez maintenant