La nuit n'est pas si sombre

Chapitre 1

Ma tête cognait la vitre froide du bus qui me trainait vers une destination qui m'étais encore inconnue. Je ne sais pas où je vais, et je ne sais pas si ma destination sera meilleur qu'ici. Cependant je n'ai plus le choix. Ma vie se fera désormais ailleurs, je n'ai pas choisi mon passé mais j'espère pour une fois être maitre de mon futur. Mes yeux fuient lumières blême des lampadaires, la nuit est sombre, le bus presque vide. Le peu de passager me dévisagent froidement, leurs regards sont emplis de jugements. Que fais une jeune fille de 15 ans dans un bus qui va dans un lieu qu'elle-même ne connait pas sans but, sauf celui de fuir son foyer. J'ai fui mon foyer pour gouter à la liberté, même si le prix à payer sont ces regards soit remplis de honte, soit remplis de compassion. Chaque nouvelle personne qui entre me regarde, moi, seule accompagnée d'un sac à dos qui contient le peu d'affaires que j'ai pu emmener. Ces affaires-là sont la seule chose qui aujourd'hui peut me raccrocher à ma vie d'avant. Je veux que dès ce soir, ma nouvelle vie commence.

Le bus annonce son terminus, et je n'ai pas le choix que de descendre, toujours livrée à moi-même. Je n'ai pas d'endroit où dormir, pas d'argent pour payer ne serait-ce qu'une bouteille d'eau, je suis libre oui c'est vrai, mais pour le moment cette liberté a une saveur triste. Je dévale les rues, cherchant un endroit pour m'abriter pour la nuit, ou bien une âme vagabondant qui veuille bien m'accepter juste pour quelques heures.

Je décide finalement de m'assoir, pas loin de l'angle d'une rue sombre, seule. Je ne connais personne ici, je ne sais même pas où je suis, et je ne suis pas assez extravertie pour oser demander de l'aide à un passant. La solitude n'est pas un sentiment qui m'effraie, cependant la solitude dans un lieu inconnu, rempli de visage eux aussi inconnus qui encore une fois, regardent avec mépris ou tristesse rendent ce sentiment quelque peu désagréable. Visiblement, je dois être la seule ado à vouloir une vie meilleure que celle qu'on a pu lui offrir. Je commence à comprendre ce que peuvent recevoir les S.D.F alors qu'eux n'ont pas choisi leur destin, mais sont eux aussi empli de regards assaillants. J'espère que demain je pourrai trouver un toit, de quoi me nourrir, et de quoi maintenir ce nouveau train de vie, qui je l'espère sera vibrant.